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Citations sur L'ange de la tempête (3)

Ce qui demeure énigmatique, c’est qu’il n’y ait eu aucune preuve qu’un crime ait effectivement eu lieu. On ne peut mettre en doute le fait qu’il soit mort, sur le chemin entre la montagne et la mer ; et que le corps retrouvé ait été le sien, bien qu’il n’y ait pas eu d’autopsie, et que l’état dans lequel on l’avait retrouvé n’ait pas permis une reconnaissance très précise de la part de parents qui, de surcroît, n’auraient pas eu grand intérêt, pour des raisons d’héritage en vue, à dire qu’il s’agissait du cadavre d’un autre, chose qui n’eût pas été impossible en une période où il était fréquent qu’on découvre des corps, morts des suites de la faim ou d’agressions comme celle qu’il avait subie, en des endroits isolés de la campagne. Ce qui a semé le doute, c’est la raison pour laquelle un homme de cette expérience avait pu se laisser vaincre par un simple bandit de grand chemin ; et les hypothèses de changement d’identité, ou de simulation de fuite, sont nées de cette absurdité.
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Mais il existe un développement propre à chaque histoire ; et celle-ci me fait approcher de ces limites que même l’imagination ne doit pas dépasser, sous peine de se perdre dans un no man’s land où la réalité et le fantastique se confondent. Un jour, en passant sur un autre quai à l’heure où les bateaux débarquaient leur pêche de la nuit, j’ai jeté un coup d’œil dans un gigantesque filet où s’agitaient les poissons encore vivants ; et j’ai cru voir, surgi au milieu de ce grouillement, le corps de la jeune femme, battant de sa queue de poisson, comme si elle avait fini par se changer en la sirène dont rêvaient tous les pêcheurs, qui ignoraient que, s’ils l’entendaient leur parler à l’oreille, ils perdraient à la fois la tête et la raison, titubant sur le chemin du retour, et s’arrêtant au dernier coin de rue pour vider, d’un trait, la bouteille de vin qu’ils avaient dans la poche.
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Qui sommes-nous, alors ? Un doute plana, un instant, sur ces retrouvailles, jusqu’à ce que je m’habitue à la nouvelle ambiance et, qu’arrivé au comptoir, je demande un café, après avoir attendu que l’employé fût sorti de sa torpeur. Sur le mur du salon déjà vidé de ses tables, il y avait encore une affiche touristique datant d’un demi-siècle, aux couleurs fanées, et la mer, qui avait sans doute été bleue au début de son exposition, était d’un vert aussi irréel que ce moment où j’ai senti, absurdement, son absence, comme si j’avais connu cette femme assez intimement pour qu’elle pût entrer dans ma vie, et s’approprier mon âme. Au fond, je pense, mon attachement de toujours au français aura été un prolongement de cette passion juvénile que je n’ai jamais avouée ; et lorsque je parle cette langue, c’est comme si j’appelais la silhouette qui apparaît à la fenêtre, entre deux morceaux de piano, à venir me rejoindre, et m’emporter avec elle vers les limbes où finissent les amours non consommées.
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