1.La hyène-mère
Elle apparut à l'aube du vingt et unième jour.
Avant que ne commencent le fracas des oiseaux et les jacasseriesdes singes hurleurs. La crinière rousse tout embroussaillée.
Son petit dans la gueule.(Page 13).
Curieuse de tout, Elia avait des attitudes et une bonne mémoire. Elle aimait les mathématiques et la géographie. Aussi voulait-elle devenir avocat ou médecin. Elle n'en dormait pas. Être utile à son pays. Montrer à Violette, Lizi, Bako et Ravaka qu'il y avait d'autres moyens de s'épanouir pour une femme que de s'accomplir dans une opulente maternité en devenant l'esclave de son foyer.
C'était difficile à entendre pour Violette, née pauvre, qui avait dû remplacer sa mère dans le soin du ménage et l'éducation des plus jeunes.
- L'eau chaude ne doit pas oublier qu'elle a été froide, lui avait répliqué violette, un jour où Elia tentait de lui faire entendre son point de vue, avant de la planter au bord du marigot.
Qui désire la pluie doit accepter la boue, disait Maman Sambani.
Yvonne et la vieille feront disparaître ma dépouille. Les rangers n'en sauront rien.Ni le chef Albert qui doit être bien vieux maintenant. Ni Albina qui m'a oublié.
Elles chercheront apres un nouveau Fisi.Vigoureux,docile,nourri au lait des fétiches.
MEKTOUB!
Je n'existais déjà plus beaucoup.Et j'étais mort avant que tu me tues.
Les fétiches m'ont fait l'enfant des orages.
Enfant-sorcier,j'ai touché à la cendre de mes morts.
J'ai mené ma barque par les vents et les courants contraires.
A cause d'une étoile toute pourrie de l'intérieur.....( Page 204).
Il n'y avait pas de devenir pour elle, mais un avenir défini à l'avance.
Bien sûr, je n'ai pas montré ma déception à la femme docteur.
Elle m'a serré la main.Sa poigne était énergique. Du genre qui ne s'en laissera pas conter.Elle allait être servie, je ne suis pas un bavard.Ce qui arrange bien nos affaires,à la vieille et à moi.Elle n'avait d'ailleurs pas manqué de me faire ses recommandations.
--Sois économe de ta parole,fils,ne parle pas du camp,ni des filles.
Parce qu'il'existait ,elle avait poursuivi tout un monde ,comme un fossé, entre les gens des villes et nous.Comme deux planètes séparées par le lac.Le Nord et le Sud.Nous,nous étions d'authentiques sauvages,de pauvres villageois tout pétris de superstitions.Nos pratiques,nos fétiches,nos braconnages faisaient honte à nos frères des villes.Eux,ils s'étaient occidentalisés.Ils étaient,disaient-ils ,les Africains du futur.L'avenir de l'homme et les blancs,les migrants de demain. ( Page 102).