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EAN : 9782913612594
227 pages
Akribeia (01/10/2015)
4/5   1 notes
Résumé :
Cet essai, publié en 1929, est un ouvrage sur le sémitisme, notion qui recouvre les « caractères propres [...] aux peuples sémitiques » (Littré, 1881). Isaac Kadmi-Cohen (1892-1944) est un avocat parisien, Juif natif de Lodz et naturalisé français en 1920, après avoir combattu lors de la Première Guerre mondiale dans la Légion étrangère. Arrêté en 1944, il est malheureusement mort en déportation, dans le grand collapsus allemand.

Pour Kadmi-Cohen, le ... >Voir plus
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Cette négation de l'autorité, à vrai dire, empruntait toute sa force aux protestations de la race elle-même, si souvent renouvelées au cours de son histoire. On la retrouve aisément aux sources de l'Islam antique, notamment à l'époque des Khalifes Abou Bekr et 'Omar Ibn el Khattab, ces vrais créateurs de la morale et de la philosophie islamiques que la piété musulmane vénère d'une pareille affection en les confondant sous le nom des Deux Vieillards. Abou Bekr, quand il fut nommé Khalife, adressa au peuple l'allocution suivante.

« Musulmans, je n'ai accepté le pouvoir que pour empêcher qu'il y eût discussion, lutte et effusion de sang. Je suis aujourd'hui, comme hier, l'égal de vous tous ; je peux faire le bien ou le mal. Si j'agis bien, rendez grâce à Dieu ; mais, si j'agis mal, redressez moi ; si je m'écarte des ordres de Dieu, cessez de m'obéir, vous serez dégagés du serment que vous m'avez prêté. »

Cette allocution peint vraiment l'état d'esprit de l'époque et de la race. Abou Bekr ne conçoit même pas que l'autorité dont il est investi puisse être d'origine divine, et cependant il était en même temps souverain temporel et souverain spirituel et sa puissance, quasi autocratique, était la plus grande de ce temps.

Il ne se reconnaît même pas la souveraineté. Celle-ci réside dans le peuple, qui est institué souverain juge, destinataire et bénéficiaire de ses actes. Son rôle à lui, Abou Bekr, se réduit à n'être que le serviteur de la nation ; l'autorité n'est pas un but en soi-même, un principe intangible, absolu, en dehors de toute discussion, sa destination est purement utilitaire, opportuniste. (pp. 63-64)
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Que le nomadisme soit, par lui seul, conservateur de la race, de la pureté ethnique, cela se conçoit. Qui dit errance d'un groupe humain dit également isolement de ce groupe, et malgré ses déplacements, à raison même de ses déplacements, la tribu demeure identique à elle-même. Et cette identité persiste, lorsque le hasard, ou le choix d'un campement provisoire, aura conduit ces nomades dans une contrée où se trouvent fixées d'autres populations. Qui plus est, si au cours des temps, des événements malheureux ont amené la dispersion de la tribu, la race survit à cette catastrophe dans chacun des membres éparpillés.
(...)
De ce phénomène, les Sémites, et particulièrement les Juifs, ont offert, offrent encore une preuve historique et naturelle. Nulle part le respect du sang n'a été prescrit avec une intransigeance aussi farouche. Déjà le « Livre des Chansons » anté-islamique mentionne la répugnance qu'avaient les Arabes à contracter des liens matrimoniaux avec des étrangers, comme par exemple dans la cas de No'man.

De semblables jalons se retrouvent au cours de leur histoire jusqu'à l'époque où le Khalife législateur 'Omar Ibn el Khattab exprime en dogme doctrinal ce qui n'avait été que coutume, strictement observée.
(...)
Cet orgueil de tribu, ce souci de préserver la race de toute adultération s'observe chez les Juifs d'une façon encore plus remarquable. L'histoire de ce peuple, telle qu'elle est consignée dans la Bible, insiste à chaque instant sur la défense de s'allier avec des étrangers. Les références abondent. C'est au commencement de leurs destinées, à l'époque des Patriarches, l'obligation pour les Hébreux de chercher femme dans leur propre tribu. C'est, sous Salomon, la transgression de cette règle, la présence d'épouses étrangères dans le lit du roi, qui assombrit la fin de son règne glorieux ; c'est au retour de la captivité de Babylone, ordonné par Ezra et Néhémia, le renvoi brutal, urgent, immédiat, de toutes les femmes de race étrangère, épuration violente du sang ancestral. Et de nos jours, comme il y a trente siècles, la vivacité de ce particularisme de race se fortifie et se mesure à la rareté des mariages mixtes entre Juifs et non-Juifs. (pp. 25-27)
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Le mystère de l'éclosion de l'Islam s'éclaire ; c'est la réaction invincible de l'Esprit unitaire du désert contre la différenciation citadine. Certes, il y a d'autres causes, notamment la naissance de la conscience nationale arabe, l'unification nationale, symbolisée dans la religion, etc... Mais l'antinomie du désert et de la ville, des deux principes, domine tout.

Le brusque effondrement de l'Islam mohammedien, que déjà `Omar Ibn el Khattab avait pressenti, n'a pas d'autre raison que le retour offensif victorieux des Qoraïchites, qui avaient appelé à la rescousse, dès le règne d'Othman, les éléments syriens et islamiques non sémitiques. L'Islam arabe unitaire, dans ses prétentions à l'universalité, a eu et a encore des soubresauts, comme les mouvements « Kharedjites », appelés maintenant Wahhabites ; mais, hors la Péninsule, il a été vaincu partout. C'est une sorte de leitmotiv qui traverse l'histoire arabe : l'unitarisme, éternellement vivant en deçà des limites de la Péninsule, après avoir anéanti la seule forme différenciée existant chez ses habitants, demeure impuissant à s'imposer au dehors. Il était réservé à l'autre grande branche du monde sémitique de réaliser une telle entreprise. (p. 221)
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