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Commençons déjà par signaler que cet essai a le titre et la couverture les plus rébarbatifs qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps, et sans les encouragements appuyés d'autres lecteurs, je l'aurai facilement laissé de côté. Plutôt paradoxal quand on sait que cet essai traite essentiellement de neurosciences, et notamment les mécanismes qui permettent de retenir l'attention de quelqu'un.

L'auteur présente notre pensée divisée en deux systèmes : le premier, plus « intuitif » examine en permanence notre environnement et se charge de détecter les situations dangereuses, inhabituelles ou attractives. C'est par exemple lui qui, en entrant dans une rame de métro, va vous inciter à vous diriger plutôt à gauche ou à droite, en fonction de la sécurité ou de la dangerosité qui lui inspireront les différents passagers, en une fraction de seconde. Ses jugements sont nombreux et rapides, mais entachés de nombreux biais. le deuxième système est plus « rationnel » : il est capable de faire des raisonnements complexes, des comparaisons et des calculs compliqués. Deux problèmes majeurs : a) la capacité du système 2 est assez limitée et b) même quand on se concentre, on confond souvent les deux systèmes.

Le livre contient une foule d'expériences qui nous prouve l'influence de ce système 1 dans notre processus de décision. L'auteur commence généralement chaque chapitre par une petite histoire, en nous demandant de faire un choix entre plusieurs propositions. Il montre ensuite pourquoi le choix majoritaire (souvent celui que j'avais fait aussi) est en fait incorrect ou sous-optimal, et décortique ensuite les mécanismes qui nous attirent dans cette erreur.

Cet essai est assez interpellant. Je pense que la plupart des gens s'identifient à leur système 2 : après tout, c'est lui qui semble capable de faire des plans de vie sur le long terme, d'avoir une vision de la Justice, de la Morale, et de toute autre Valeur qui peut nous définir. Là où le bât blesse, c'est que l'auteur montre que c'est plutôt le système 1 qui fait l'essentiel du boulot : nous sommes la plupart du temps en pilotage automatique. Et même quand le système 2 entre en piste, il se contente le plus souvent de valider les intuitions du système 1 sans vraiment y regarder de plus près, surtout quand il commence à être débordé.

Les expériences s'accumulent depuis quelques années pour prouver que les prises de décision, même dans les plus hautes sphères du pays (politiques, cours de justice, conseils d'administration d'entreprises), sont entachées d'erreurs de raisonnement assez dramatiques – et souvent basiques. Sans être suivies de beaucoup d'effets jusqu'à présent. Trop de remises en question, trop d'erreurs à reconnaître d'un coup sans doute ?
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Un ouvrage passionnant, qui n'est pas réservé aux férus d'économie ou de psychologie, au contraire ! Vous en apprendrez plus sur le fonctionnement du cerveau humain, sur l'existence de biais qui faussent notre réflexion. le style est enlevé, avec des pointes d'humour et tout est vulgarisé, très accessible. L'auteur nous invite à faire des tests au cours de notre lecture, pour nous montrer que nous aussi tombons immanquablement dans le panneau ! Cela changera votre façon d'envisager votre rapport au travail, à l'argent, au bien-être. Cela permet de se méfier de soi-même, de se rendre compte que dans bien des cas notre cerveau est paresseux, va au plus simple et se laisse facilement tromper par des certaines formulations ou situations.
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Ce livre, c'est un peu la bible quand il s'agit de théorie de la décision et d'économie comportementale. Kahneman, psychologue, a d'ailleurs reçu le Prix Nobel d'économie pour ses travaux, qui ont contribué à montrer à quel point le modèle de l'agent rationnel n'est pas valide.

Et ma foi, le livre (malgré un titre en français très mal trouvé, qui ne couvre que le tiers de ce que dit l'auteur dans le bouquin) est un très bon livre de vulgarisation, qui nous montre, avec beaucoup de descriptions d'expériences concrètes, comment nos biais comportementaux influent nos décisions au quotidien. Très factuel, et relativement fluide pour un pavé de 700 pages, on ressort de la lecture plus érudit qu'on a commencé.
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J'avais entendu parler à plusieurs reprises, toujours de façon positive, de ce livre de Daniel Kahneman. J'ai fini par me laisser tenter et je viens de le lire.

Dans ce long essai, l'auteur expose le fruit de ses longues années de recherche en psychologie, autour du thème de la prise de décision. Son propos s'articule autour de la distinction entre deux "systèmes", deux modalités de décision dans notre cerveau :

Le Système 1 est intuitif, rapide, mais soumis à des biais, des stéréotypes, des approximations, influençable par les circonstances, et donc capable d'erreurs de jugement.

Le Système 2 est analytique, précis, mais plus lent et parfois "paresseux" quand il valide les intuitions du Système 1 sans procéder à une analyse plus détaillée.

L'auteur détaille évidemment les caractéristiques de ces deux systèmes, sur le mode de fonctionnement, les avantages et les inconvénients de chacun. Il approfondit ensuite en exposant longuement les différents biais et phénomènes auquel le Système 1 est soumis et qui peuvent l'amener à se tromper.

Le contenu est souvent très intéressant, avec de nombreuses expériences qui illustrent le propos, mais l'auteur a tendance à être un peu bavard et à se répéter, ce qui peut rendre la lecture un peu laborieuse et rébarbative. Il faut soit prendre son temps entre chaque chapitre, soit au contraire passer rapidement certains passages qui ne font que reformuler des concepts déjà exposés quelques pages auparavant. le début, quand l'auteur présente les bases de sa réflexion autour des deux systèmes, est passionnant et limpide. La suite est un peu moins plaisante, alternant des passages passionnants et d'autres plus laborieux. C'est en tout cas l'expérience de lecture que j'ai eu ces derniers jours.

L'ensemble est tout de même très intéressant et éclairant sur un sujet captivant et souvent méconnu. J'espère en avoir retenu une part conséquente, cela peut toujours être utile !
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Résumés d'expériences à l'appui, Daniel Kahneman nous démontre combien nos intuitions et nos choix sont influencés par des biais cognitifs et des préférences inconscientes ; notamment parce que nous nous fondons beaucoup plus souvent sur ce qui nous vient immédiatement à l'esprit que sur des raisonnements ou sur des probabilités. Il admet que ces biais et ces préférences, qui sont l'héritage de l'Evolution, nous permettent en général de bien réagir face à un danger immédiat mais souligne qu'ils peuvent parfois être à l'origine de lourdes erreurs.
Il explique aussi que nous préférons disposer d'une explication pour chaque évènement plutôt qu'admettre que le hasard est souvent seul en cause. Il conteste ainsi que, dans des domaines complexes soumis à une forte incertitude, comme les marchés financiers, il soit possible de développer une réelle expertise.

Chassez le naturel, il revient au galop : dans sa conclusion, il reconnaît que nous sommes tous incapables de nous défaire de nos biais cognitifs. Au mieux, après avoir lu son livre, nous les repérerons mieux chez les autres.
Il nous recommande simplement de bien prendre le temps de la réflexion lorsque nous avons à prendre une décision lourde de conséquence. Il estime d'autre part que l'Etat doit légiférer afin que les décisions que les gens ont à prendre leur soit présentées d'une manière qui servent leurs intérêts à long terme.

Les découvertes dont Daniel Kahneman fait état ont constitué une remise en cause de l'idée que l'homme a des préférences cohérentes, pierre angulaire du modèle de l'agent rationnel sur lequel ont longtemps reposé les théories économiques, ce qui lui a valu le prix Nobel d'économie en 2002.

La force de l'ouvrage tient dans les nombreux résumés d'expériences qui établissent les faits sur lesquels l'auteur se base. En revanche, ils en alourdissent considérablement la lecture.
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Excellent ouvrage, avec des exemples d'une très bonne qualité pédagogique. Il permet de mieux comprendre nos mécanismes de décision et d'arbitrage. Mon regret, sans doute dû au profil de l'auteur, est qu'il est très centré sur les prises de décision à caractère économique et politique. On aimerait en savoir plus sur la manière dont les mécanismes de raisonnement et d'apprentissage, et même corporels, sont affectés par l'existence des deux systèmes de traitement de l'information.

Si des lecteurs Babelio ont de telles sources à me recommander, je suis preneur !

[addendum : il y a à la fin une partie sur la mémoire, la perception de la durée et de la douleur qui est elle aussi très intéressante, même si je trouve qu'elle pose plus de questions qu'elle n'y répond. Ce qui est souvent le propre de la "bonne" science]
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« Disponibilité, émotion et risque » est l'intitulé du chapitre 13 de l'ouvrage de Kahneman « Système 1, systéme2, les deux vitesses de la pensée ». Kahneman entend par disponibilité le processus qui consiste à juger la fréquence avec laquelle les exemples viennent à l'esprit. C'est ainsi que l'on peut expliquer le comportement des victimes et des quasi-victimes d'une catastrophe qui vont s'engager plus fortement dans des actions de prévention ou de renforcement de leurs assurances. Ce processus est cyclique car sur de longues périodes on s'aperçoit que de tels comportements vertueux s'estompent au fur et à mesure que le souvenir de la catastrophe s'éloigne. Cela s'est vérifié sous tous les continents. En France la tempête Xynthia constitue un bon exemple d'oubli du passé. Les zones inondées l'avaient déjà été plusieurs dizaines d'années auparavant. La pression foncière conjuguée à l'absence de catastrophes majeures sur une assez longue période ont eu raison de la prévention et de la sagesse. Cette corrélation explique largement le caractère récurrent des conséquences dramatiques d'une catastrophe naturelle.
Les économistes sont également utiles pour nous rappeler que les politiques de prévention sont généralement conçues pour répondre à la plus mauvaise des situations dont nous avons eu l'expérience. Fukushima est désormais la référence des politiques de sureté nucléaire et des politiques publiques de sécurité civile. Pourtant rien ne garantit que le maximum ait été atteint.
Autre point mit en exergue par Kahneman : l'importance de la couverture médiatique d'un événement. Les médias ne peuvent être rendus seuls responsables de l'appétence du public pour tel ou tel événement. le public influe également sur les médias qui vont publier des informations sous une forme dont le public est friand. Les aspects de voyeurisme, d'exagération ou de déformation correspondent à des attentes de consommation de l'information. Kahneman cite plusieurs exemples dont celui de la mortalité par la foudre comparée à celle liée au botulisme. le foudroiement est jugé 52 fois moins probable que le décès par botulisme alors que c'est le rapport inverse qui est vrai. Il nous faut donc compter avec l'inhabituel qui va générer une attention disproportionnée.
Une constante souvent oubliée : « le monde que nous avons en tête n'est pas une réplique exacte de la réalité » Cela s'applique aussi aux décideurs même s'ils feignent de disposer des moyens pour s'affranchir de ce constat.
La lecture de ce chapitre clé de l'ouvrage de Kahneman apporte un éclairage à quiconque s'intéresse au mécanisme de la prise de décision. Il y fait aussi référence aux travaux d'Antonio Damasio, chef du département de neurologie au Collège de médecine de l'Université de l'Iowa et spécialiste du cerveau humain. La somme d'analyses scientifiques réalisées par Damasio ouvre des perspectives immenses sur le mécanisme des émotions et de la pensée. Il est vraisemblable que la connaissance fine des mécanismes de notre pensée permettra de trouver des correctifs aux dysfonctionnements majeurs de nos sociétés, que cela concerne des addictions destructrices ou des prises de décision désastreuses polluées par des émotions. Ces avancées scientifiques vont permettre de prendre des décisions collectives complexes qui seront indispensables à la survie de l'humanité en les rendant acceptables à l'entendement de chacun. Bien sûr, le risque de dévoiement de telles découvertes existe et nous ne pouvons pour l'instant que faire confiance à chaque humain et à son aspiration au bonheur pour éviter la monstrueuse dérive d'une régulation des sentiments qui serait pilotée par un moderne Léviathan.

Lien : https://www.gerard-pardini.f..
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Très complet. Trop?
Le début est passionnant... pour la suite, il faut s'accrocher, notamment si les probabilités ne sont votre fort!
J'ai zappé quelques passages...

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Ah j'ai mis si longtemps à finir ce livre ! C'est que j'ai annoté tant de pages (virtuelles, je lis sur liseuse), souligné tant de passages, et mon travail n'est pas fini: j'ai envie de les reporter ensemble sur un carnet pour les relire jusqu'à les apprendre. On découvre la façon dont notre esprit fonctionne et les rouages du cerveau, c est affolant et passionnant à la fois.
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Excellent! Tout simplement...
Ou lorsque les statisticiens n'ont pas un très bon sens de la statistique.
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