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Critique de Gavrani


Kirishima Seiichi, auteur de son état, va nous conter son histoire - ceci sera son dernier livre, cela ne fait aucun doute. Quelques pages en couleur pour commencer : un homme ensanglanté, attaché à une chaise dans une pièce lugubre. Dans l'obscurité, quelque chose - quelqu'un ? - l'observe.

Préparez-vous, m'sieurs dames, à assister à la descente aux enfers d'un homme qui pourrait très bien être vous.

Sans trop dévoiler l'intrigue - qui n'a jamais eu envie d'occire les gens qui racontent la fin d'un film que l'on veut voir ? - le récit commence lorsque Seiichi et son épouse Miki sont en vacances sur une île. Elle le tient responsable d'un drame qu'ils ont vécu il y a peu et s'ils sont en vacances ici, c'est pour panser leurs plaies et repartir à zéro. Voulant visiter l'île, ils partent en voiture dans la forêt, de nuit, sous des trombes d'eau. Ils se perdent. Re-prise de bec dans la voiture : Miki reproche à son époux tous les maux du monde. Seiichi encaisse, raconte une petite légende locale pas très rassurante, et annonce à madame qu'ils sont à court d'essence. Sauf que... Sauf que la jauge indique que le réservoir de la Jeep est aux trois quarts plein. Oui. Seiichi est venu en vacances ici pour repartir à zéro. Il a même une clef à molette dans le coffre.

Seiichi, Miki et la clef à molette partent donc dans la forêt pour chercher de ‘l'aide' (aux trois quarts plein, je vous dis !). Problème : Miki est résistante, et elle court vite. Seiichi et sa clef à molette la suivent donc - faut finir le travail - jusqu'à une grotte. Cette grotte, il aurait mieux fait de ne jamais la trouver...

La descente aux enfers de Seiichi, déjà bien amorcée, va sacrément prendre de la vitesse.

Est-ce que c'est gore ? Non, pas vraiment. Enfin, oui, bien sûr, lorsque quelqu'un se prend un coup de baïonnette en travers du crâne, et que cela apparait sur papier, vous me dites ‘Bah si, c'est gore, ça'. Oui. Mais non. Dans Hideout, le coup de crayon de Kakizaki Masasumi nous fait bien comprendre que ce qu'il se passe dans cette grotte n'est pas joli joli, mais cela n'en devient pas gerbant - on est en train de lire un manga largement influencé par les films d'horreur et l'oeuvre de Stephen King (dixit le mangaka). Niveau gerbance, cela aurait pu être bien pire. C'est crado, c'est sanglant, mais visuellement jamais insupportable. C'est qu'il a un coup de crayon élégant, monsieur Kakizaki.

[Gerbance : pouvoir qu'a une oeuvre de vous retourner les boyaux. La peur, ça vous contrarie la tête. La gerbance, ça vous contrarie le bidon.]

Ce qui n'aurait pu être qu'une redite de film d'horreur de série B (vu et revu, mais quand même appréciable de temps à autre) est en fait bien plus que cela. Les passages typiques : Monstre veut tuer Homme, Homme veut tuer Monstre, ‘Laissez moi sortiiiiiir !!!', ‘Ah !', ‘Ouch !', ‘Cling, clang !', ‘Crève !', sont entrecoupés de flashbacks plus ou moins longs qui nous montrent comment Seiichi en est arrivé là. Et c'est ça qui fait toute la différence. Une autopsie d'une descente aux enfers, celle d'un homme ‘normal', qui plus est. Alors, oui, on se doute très vite de comment il va finir, ce cher Seiichi. On s'en doute surtout de plus en plus au fil des chapitres. Est-ce que cela gâche le plaisir d'arriver à la fin sans être surpris ? Même pas. La fin du chapitre 8 et surtout le chapitre 9 (parfait au niveau du rythme : peu de texte, mais si bien distillé...) sont tellement bien exécutés que même si l'on a parfaitement compris comment tout cela allait finir, on lit les dernières pages avec nervosité et, arrivé à la dernière, on se dit, dans un étalage de notre vocabulaire le plus recherché : ‘Ah ouais, quand même...'
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