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Critique de dbouillot


J'ai acheté ce livre en 1973, j'allais avoir vingt ans.
Je ne me souviens plus pourquoi je l'ai acheté, mais depuis, il ne cesse de m'accompagner aux fils du temps.
(car il en a tant, de fils, ce sacré temps…)
Nikos avait, à l'époque, 90 ans de plus que moi. L'écart ne s'est pas élargi, sauf que maintenant, il est encore plus mort, et moi, peut-être pas encore, hein, car on en tient un, de ces fils !
Fil ou Fils du temps, de quoi réfléchir…
Avec ce petit opuscule, Nikos est parvenu à me le tendre droit, ce fil.
J'en ai bien lu d'autres, de ses bouquins, dont certains, je l'avoue, m'ont un peu ennuyé, et pourtant j'y étais allé avec enthousiasme. Mais voilà, ces histoires de religions et tout et tout, cela n'a jamais vraiment été mon truc, quoique…
Bien sûr, Alexis Zorba… Eh bien je ne l'ai pas lu. Aïe.
Récemment, j'ai tenté "La dernière tentation du Christ", mais je l'ai vraiment survolé. Pourtant j'étais motivé, car en cours d'écriture d'un roman qui me le demandait.
Avant, j'avais vibré sur "Les frères ennemis" et "La liberté ou la mort". Ah, que voulez-vous, la Crète, la Crète… J'étais ado et je rêvais. Depuis, j'y suis allé. Un rêve, certes, mais plus vraiment le même. Un rêve quand même. Mais ces titres ne font pas rêver, hein, surtout en ce moment…
Je suis familier d'Antibes et de la commune libre du Safranier. Nikos venait, je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps, se reposer sur un banc. Il y a une pancarte, bien sûr, sinon comment aurais-je pu le deviner ? Il venait s'y reposer et méditer, que pouvait-il faire d'autre (il n'avait pas de smartphone, le pôvre). Ce Bleu devait être pour lui pas si éloigné de sa Crète natale. Je ne saurais vous expliquer, c'est ainsi. Cette Méditerranée a quelque chose, c'est sûr.
Revenons à cet "Ascèse" puisque vous êtes là pour cela.
Sur la première page, j'ai écrit au crayon (je respecte mes majuscules de l'époque) : "Ascèse : état d'âme de l'Ascète. Aspiration aux plus hautes vertus". Et puis, en-dessous : "Ascète : personne qui se consacre aux exercices de piété et de mortification. Celui qui mène une vie Austère."
Je n'en reviens pas. Ce devait être un peu scolaire, car je ne m'y retrouve certainement pas, dans ces définitions ! Enfin, vous savez, la jeunesse…
Je vous épargnerai donc la suite de ces pages, quelquefois crayonnées par ma main de vingt ans. Pas De mots, juste quelques traits pour mettre en exergue.
Allez, voici la dernière phrase que j'ai soulignée et marquée de quatre traits, section 37 du troisième devoir de "la préparation" : "Maintenant je le sais : je n'espère rien, je ne crains rien ; je suis libéré de l'esprit et du coeur. Je suis monté plus haut. Je suis libre. C'est ce que je veux, rien d'autre. Je cherchais la liberté."
Aujourd'hui, si je prends ce recul de presque 50 ans (attention le précipice, derrière !), je me dois de tenir, à l'instar du penseur rodinesque, mon menton dans ma main. Ah oui, j'ai souligné tout cela ? Et maintenant alors ?
Et maintenant voilà.
Je suis encore en vie, c'est déjà cela.
La liberté, je n'aurai jamais assez de temps pour en parler, alors laissons tomber, d'accord ?
Oui, je la cherche toujours un peu, mais mon corps dubite maintenant.
Et pas seulement.
Je ne vous servirai pas la litanie des lianes qui circulent autour de nous et qui parfois nous agrippent.
Alors je retrouve ce petit opuscule d'à peine plus d'une centaine de pages de ce bon vieux Nikos (ah, j'aurais tant aimé trinquer avec lui sur ce banc d'un verre de retsina que j'adore, mais voilà, il est trop vieux, que voulez-vous), et puis je souris. Je souris aussi à ma jeunesse qui ne s'est nullement enfuie, ne vous laissez pas piéger par les lieux communs !
Car ce banc de la commune libre du Safranier à Antibes n'a rien de commun.
Allez-y donc vous asseoir.
Vous y retrouverez la folle jeunesse.
Et vous sourirez.
Allez, venez.
Je vous attends.
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