J'ai avalé ce livre d'une traite ou presque. Il faut dire que le style de l'auteure emporte facilement : c'est juste, plein de verve, ça coule de source et jaillit, fait quelques vagues, bondit... C'est toujours juste et bien écrit. Il faut dire que l'auteure est une écrivaine chevronnée et ça se sent dans la maîtrise qu'elle a de son texte.
La narration se décline en trois formes (ramenant toutes au même thème) : l'histoire de la relation de Laura et Duncan, quelques extraits du roman écrit par Laura et les fiches de travail demandées par Duncan à Laura sur des auteurs / textes. Même si elles ont une réelle implication dans la narration (elles amènent Laura à découvrir le secret de Duncan) et malgré leur intérêt en soi (que de découvertes passionnantes sur la littérature et les écrivain(e)s !), les fiches de travail m'ont un peu gênée dans le rythme de lecture, qu'elles cassaient un peu. Juste une question de rythme, qui ne m'a pas empêchée de dévorer le roman en deux jours.
J'ai beaucoup aimé l'idée qu'ont les protagonistes d'utiliser les noms d'effets de style littéraires pour remplacer ceux qui ne peuvent, entre eux deux, être dits. C'est donc tout en sous-entendus élégants que ces deux personnages osent évoquer la chose et la maladie de Duncan. Attention ! Pour autant ce livre n'est pas chaste !!! Car Laura, elle, est une jeune femme pleine de fougue !
Platonik c'est une écriture parfois douce, parfois vive, un langage adapté à ses personnages et à son histoire, à chaque scène et chaque forme de narration.
Platonik c'est aussi le regard d'un homme sur sa propre condition, ses désirs contraints par le corps, tentant d'accepter ce qu'il est. Puis la frustration, qu'il ne peut dire ou montrer, car sa fierté d'homme va au-delà de ce seul problème. L'homme dans toute sa complexité, sous les yeux d'une femme qui tente de le décortiquer, de l'analyser. Mais derrière cette façade, ce jeu auquel il la soumet et ces pièges qu'il lui tend, saurait-elle l'aimer ?