Citations sur La mer en hiver (64)
Stuart finit son verre et lança : "J'ai encore décroché. Quelle Union?"
Graham marqua une pause puis m'expliqua, d'un ton ironique : "Vous excuserez mon frère. Sa connaissance de l'histoire de notre pays se limite à Braveheart."
L'un des murs était recouvert du sol au plafond par une bibliothèque aux portes de verre. Les étagères étaient pleines à craquer d'ouvrages anciens et récents, en édition originale ou de poche. Les volumes étaient serrés les uns contre les autres et, par manque de place, certains étaient couchés par-dessus, coincés dans chaque recoin. Ce genre de bibliothèque avait sur moi le même effet qu'un magasin de jouets sur un enfant de six ans.
- Et vous avez fait des études de quoi ? De lettres ?
- Non. J'avais une passion pour la lecture, mais je détestais quand les livres étaient disséqués et analysés. Winnie l'ourson étudié comme une allégorie politique, ce genre de chose. Cela ne m'a jamais vraiment convaincue. Il y a un passage dans "Miss Barrett" - vous savez, la comédie de Rudolf Besier - où Elizabeth Barrett essaie de déceler la signification d'un poème de Robert Browning, et elle le lui montre, mais lui répond que, quand il a écrit ce poème, seuls Dieu et Robert Browning savaient ce qu'il signifiait, et qu'à présent seul Dieu le sait. C'est ma sensation quant aux études de lettres. Qui peut savoir ce que pensait l'auteur, et en quoi cela a-t-il de l'importance ? Je préfère lire juste pour le plaisir.
Sophia caressait doucement la tête de sa fille et la regardait sommeiller. Elle s'émerveillait toujours du fait que, bien que son amour pour Moray emplît son coeur comme auparavant, ce coeur eût grandi, en quelque sorte, et changé de forme pour abriter aussi ce nouvel amour - cet amour qu'elle n'avait encore jamais ressenti, pour quelqu'un dont elle se sentait plus proche que de quiconque jusque-là.
Elle n'était pas venue là depuis des semaines. Pendant l'été, elle s'y était souvent promenée, car c'était sur ce sable qu'elle ressentait le plus fortement ce lien qui l'unissait à Moray. Elle avait trouvé un certain réconfort à l'idée que chaque vague qui roulait sur la rive avait voyagé depuis la côte française afin de répandre son écume sur la plage pour elle, et retournerait lécher la terre où marchait Moray. Cette image, petite mais nette, l'avait soutenue tous ces jours durant où elle avait contemplé le vaste horizon à guetter l'approche d'une voile.
Elle n'avait pas remarqué que quelqu'un cherchait à attirer son attention jusqu'à ce qu'elle sentît un petit coup sur le côté. Elle sortit de sa rêverie et se retourna, prête à s'excuser, mais il n'y avait personne. Le comte, le colonel et la comtesse étaient toujours chacun dans leur fauteuil à converser avec animation. Elle sentit ce petit coup une deuxième fois, plus profondément dans son ventre, et elle se rendit compte de ce que c'était. Son enfant commençait à s'agiter.
Où que j'aille, mon Âme demeurera avec vous :
Ce n'est que mon Ombre qui s'éloigne de vous.
Alors j'obéis à mon instinct, bien que j'en reconnaisse l'irrationalité. J'avais déjà écrit la scène en question et, quand le livre serait publié, plus rien ne serait secret. Mais d'ici là, je me sentais responsable envers Moray et Sophia de protéger leur moment de bonheur, de les aider à le conserver juste un peu plus longtemps... Même si je savais que, tel le sable de la plage s'échappant entre les doigts de Sophia, il ne pouvait perdurer.
Je caressai le morceau de papier sur lequel j'avais griffonné ces quelques lignes après le rêve que j'avais fait lors de ma dernière nuit en France. Cela me semblait remonter à une éternité et, en même temps, j'avais l'impression que c'était la veille.
Je m'étais demandé où cet épisode se placerait et je connaissais à présent la réponse.
Je savais, aussi, pourquoi cette nuit avait laissé un souvenir si fort qu'il avait voyagé à travers les siècles pour venir hanter mes rêves.
"Où est-ce que tu en es ? Ca avance bien ?
- J'en suis peut-être au tiers, je ne sais pas très bien.
Je ne connais jamais la longueur d'un livre avant de l'avoir terminé.
- Tu n'as pas de plan, ni rien ?
- Non. J'ai essayé, mais ça ne marche pas avec moi." Mes personnages refusaient de se plier à une trame quelconque. Ils exultaient lorsqu'ils étaient libres de décider de leur destinée sur la page.