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Critique de dourvach


Souvenir brûlant comme du vif argent : celui d'avoir découvert au milieu des années 1980 - quelques mois avant cette lecture - une magnifique adaptation cinématographique de ce roman par sa compatriote Türkan Soray... lors d'une émission télévisuelle qui devait se nommer "Cinéma sans frontières"...

Choc d'un film fascinant, âpre et vertigineux.

Son "motif" ? En "Anatolie profonde", un pré-adolescent (presque encore un gamin) est poussé à tuer sa propre mère... "Pour laver l'honneur", comme on dit... "Fatum" pesant sur deux paires d'épaules : ce poids indicible du "On-Dit" et du "Tu-Dois..."

Apparaissaient aussi ces quelques mots dans le générique de fin : "D'après le roman de Yachar Kemal"...

Eh bien, qui était cet écrivain ? Il nous fallait découvrir ce romancier...

Yachar Kemal (en turc : "Yaşar Kemal", de son vrai nom "Kemal Sadık Gökçeli") : nom résonnant comme l'épée contre l'enclume, aussi fascinant qu'énigmatique .

Romancier, conteur et journaliste turc, d'origine kurde, né en 1923 dans le village de Hemite près d'Osmaniye en Cilicie (Anatolie) : sa famille ayant émigré dans la plaine dite de la "Tchoukourova" ("La plaine creuse") qui formera le cadre de bon nombre de ses premiers romans ; Istanbul étant le cadre de ses plus récents.

Il est sans doute le "père de la Littérature turque" (moderne) et un redoutable "homme de gauche" (1 année de prison en 1950 pour "activités communistes") ; voir par ailleurs la couverture turque de son premier "Mèmed", histoire d'un bandit d'honneur révolté contre l'injustice, se résolvant à dépouiller les riches pour rendre ce qui a été dérobé aux pauvres...

Ce vertigineux romancier à la langue lyrique si particulière, inimitable, est l'héritier direct du "savoir-conter" des Achik (ces bardes itinérants anatoliens)...

Il a contribué, tout comme son "collègue" Orhan Pamuk, à faire resurgir - enfin - des brumes de l'oubli nationaliste "kémaliste" puis "erdoganiste" le lourd passé génocidaire en terre turque (Massacre des Arméniens... ) : une question jusqu'alors tabou.

Yachar Kemal obtint en 1982 le Prix mondial "Cino del Duca" pour l'ensemble de son oeuvre.

Mais relisez donc attentivement, à propos de "Tu écraseras le serpent" [« Yılanı öldürseler », 1976] , la très belle critique babéliote de notre ami andreas50 : il vous dit l'essentiel sur ce drame que vont vivre page après page, le très jeune Hassan et sa jeune mère Emsé...

Vif souvenir de lecture de ces pensées funèbres d'enfant solitaire, tournoyant silencieusement comme papillons puis bourdonnant soudain comme des mouches sous le soleil meurtrier de l'Anatolie, dans les hauteurs du Taurus par-dessus la "plaine creuse" de Tchoukour-ova, chère au coeur du barde Kemal...

Ce roman fut - comme la plupart des autres romans de Y. Kemal - magistralement traduit du turc en français en 1981 par la talentueuse Münevver Andaç pour le compte des éditions Gallimard.

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+++ NOTE IMPORTANTE : ici sur Babelio, vous pouvez utilement consulter notre "LISTE Yachar KEMAL", qui est la 5ème associée ci-dessous à cet immense écrivain. Elle est intitulée " Yachar KEMAL (Kemal Sadık Gökçeli : 1923-2015) : une vie, une oeuvre - en 30 ouvrages traduits en français". Il s'agit d'un petit travail de synthèse qui vous présentera - par ordre chronologique - pratiquement l'ensemble de son oeuvre romanesque, "essayiste" et politique passionnante.
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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