Il s'assit près de la source et ses larmes le rendirent encore plus malheureux. Les sentiments qui l'agitaient étaient si confus...Quand il se disait qu'ils avaient peut-être déjà tué sa mère, une drôle de joie l'envahissait, et tout de suit après, une douleur terrifiante lui étreignait le coeur. Il passait sans cesse de l'affliction à l'allégresse.
Les exhortations pleuvaient sur Hassan. Vieux et jeunes, hommes et femmes, tous s'estimaient obligés de lui tenir des discours sur son père, sur sa mère, sur les fantômes...
L'enfant allait et venait dans le village, hagard, il ne parvenait pas à leur échapper, tous ces discours incohérents l'étourdissaient, il n'avait plus sa tête à lui.
Un père dont le meurtre n'a pas été vengé se lamente dans sa tombe jusqu'au jugement dernier, croyez-vous que Hassan l'ignore ? Il sait que ce père maudit jusqu'à la fin des temps le fils qui ne l'a pas vengé. Jamais il ne connaît le repos dans sa tombe, Hassan le sait bien... (p. 68)