- C’est vers cette époque-là que, sous prétexte de romantisme, les écrivains s’emparèrent de Louis XI pour en faire un monstre et faire de sa vie un sujet de cauchemar. La vérité, que le xixe siècle a mis tant d’acharnement à déformer, les chercheurs du xxe ont su la rétablir. Cependant, l’« universelle araigne » demeure malgré tout un personnage controversé – et peut-être cela est-il partiellement dû au fait que le précurseur qu’il fut contribua à former notre monde moderne, un monde où nous avons appris à nous méfier du rêve.
- Il eut l’audace de préférer la ruse à la force et il eut la grâce de mettre en pratique un sens de l’humour qui fit de lui un étranger dans son époque. Quoiqu’il ait transformé un grand royaume et laissé à la postérité une brillante leçon de politique, peut-être n’est-il pas plus important par ce qu’il fit que par ce qu’il fut : une des personnalités les plus extraordinaires de tous les temps.
- Alors que cinq siècles seulement nous séparent aujourd’hui de la France dont hérita Louis XI lorsqu’il devint roi, le 22 juillet 1461, six siècles et demi déjà séparaient celle-ci de l’époque de Charlemagne. Cependant, et quoiqu’il eût largement trouvé dans la France du roi Louis matière à s’étonner – vastes cités, abondant trafic commercial, richesse et importance des bourgeois, ahurissante complexité des offices gouvernementaux, subtilité des esprits et raffinement des manières –, Charlemagne se fût certainement trouvé plus à l’aise dans la France de Louis XI que nous, qui en sommes pourtant moins éloignés dans le temps.
- La grotesque image populaire selon laquelle le roi aurait vécu, tel un moine diabolique, dans une maison lugubre rendue plus sinistre encore par une armée de pendus accrochés aux arbres du parc, vient tout droit de l’imagination de Sir Walter Scott (Quentin Durward) et autres romanciers « historiques » du xixe siècle
Une part importante de cette biographie se trouve basée sur des documents diplomatiques italiens, et surtout milanais, qui pour la plupart n'ont pas été publiés et dont pratiquement aucune n'a été utilisé par les biographes de Louis XI.
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Ayant travaillé quelque treize ans à cette biographie, j'ai contracté tant de dettes envers les savants, les collègues, les amis, le personnel des archives et des bibliothèques des États-Unis, d'Angleterre, de France et d'Italie, qui m'ont prêté leur concours, que je ne vois d'autre solution que celle, bien imparfaite, de leur adresser en bloc mes remerciements pour l'aide toujours précieuse et bien souvent sans prix qu'ils m'ont apportée.
568 - [p. III et V de la Préface]
Ayant travaillé quelque treize ans à cette biographie, j'ai contracté tant de dettes envers les savants, les collègues, les amis, le personnel des archives et des bibliothèques des États-Unis, d'Angleterre, de France et d'Italie, qui m'ont prêté leur concours, que je ne vois d'autre solution que celle, bien imparfaite, de leur adresser en bloc mes remerciements pour l'aide toujours précieuse et bien souvent sans prix qu'ils m'ont apportée.
Ce livre a pu être écrit grâce à l'appui de la fondation Guggenheim, dont par deux fois j'ai été le boursier, de 1957 à 1958 et de 1961 à 1962, de l'American Philosophical Society, qui m'a accordé une subvention en 1959, et de l'Ohio University, qui m'a offert une chaire de professeur en 1966...
(extrait de la préface de l'auteur insérée en début de l'édition de poche parue en 1980)