Emma Barnett appartenait à “l’Uppercrust” londonien. Elle avait un corps de rêve, elle était sexy, son charme pétillait sous n’importe quelle lumière. Je suppose que si j’avais été un garçon, j’en serais tombée amoureuse.
Elle aspirait à devenir une célébrité, une de ces personnalités qu’elle voyait dans les magazines qu’elle feuilletait. Elle était persuadée qu’elle deviendrait mannequin, qu’elle défilerait à la Fashion Week parce qu’un photographe des rues lui avait dit qu’elle prenait la lumière comme personne.
Il nous était arrivé de rapporter quelques histoires sentimentales, des rencontres comme des ruptures, mais toujours sous la forme de lettres que nous adressaient les élèves eux-mêmes.
Il y avait, c’est vrai, une rubrique appelée : « Billets d’humeur » qui pouvaient être au vitriol. Elle dénonçait certains comportements à l’école, comme la férocité de la compétition entre élèves, des relations sexuelles non protégées à des fêtes, le harcèlement moral que subissaient les plus vulnérables, etc.
Notre prof de littérature était ainsi, tout en spontanéité et en générosité. Elle vouait une passion pour Victor Hugo à cause de son côté « défenseur des opprimés ». Elle était en chair et en os le personnage de Monseigneur Myriel des Misérables, hormis qu’elle n’était pas évêque bien sûr. Sa proposition fit vibrer mon cœur. J’adorais cette prof.
J’aurais essuyé des moqueries, supporté des rires sarcastiques et des regards ironiques, et les garçons du lycée qui me parlaient, m’auraient évitée pour ne pas se compromettre. C’est féroce l’école, c’est un vrai incubateur de méchancetés et de malveillances. Ça ne valait pas le coup.
J’ai beau me répéter qu’il y a une répartition égale dans l’Univers, qu’il y a d’un côté des reines de beauté et de l’autre des reines de l’esprit, n’empêche que j’achète des crèmes pour m’éclaircir la peau.