La vie est malade
Les chiens toussent
Les abeilles voguent
Les oiseaux piochent
Les arbres scient
Les bois pleurent
Les hommes meurent
Les tiques y mettent du leur
Les livres sont menteurs
Les fourmis font du planeur
A tout à l'heure
Life is sick
Dogs cough
Bees sial
Birds hack
Trees saw
Woods cry
Men die
Ticks try
Books lie
Ants fly
Goodbye
J'exige que la race humaine
cesse de multiplier son espèce
et tire sa révérence
je le conseille
Et comme punition et récompense
de cet appel que je lance je sais
que je renaitrai
le dernier humain
Tous les autres seront morts et moi je serai
une vieille femme sillonnant la terre
grognant dans des cavernes
dormant sur des nattes
Et parfois je caquetterai, parfois
prierai, parfois pleurerai, mangerai & mitonnerai
sur mon petit four
dans le coin
« Bah je l'ai toujours su »,
dirai-je
Et un matin ne me lèverai pas de ma natte.
Jack Kerouac, 1962
Ne vous servez pas du téléphone.
Les gens ne sont jamais prêts à répondre.
Servez-vous de la poésie.
1970
(p.121)
Some Western Haikus
Birds singing
in the dark
- Rainy dawn
Missing a kick
at the icebox door
It closed anyway
Nodding against
the wall, the flowers
Sneeze
The moon had
a cat's mustache
For a second
À Edwward Dahlberg
Ne vous servez pas d téléphone.
Les gens ne sont jamais prêts à répondre.
Servez-vous de la poésie.
1970
p.121
Quelques haïkus occidentaux
Les oiseaux chantent
dans l'obscurité
- Aurore pluvieuse.
Coup de pied raté
sur la porte du frigo
Fermé quand même
Se penchant contre
le mur, les fleurs
éternuent.
Pendant un instant
La lune a eu
des moustaches de chat
mes mots seront écrits en or
& conservés dans des bibliothèques comme
Finnegans Wake & les visions de Neal
my words'll be writt in gold
& preserved in libraries like
Finnegans Wake & Visions of Neal
(Fin de Rêveries pour Ginsberg)
Voici un magnifique haïku japonais, plus simple et plus joli que tout ce que je pourrais écrire en n'importe quelle langue : -
Jour de joie tranquille, -
Le Mont Fuji est voilé
D'un brouillard de pluie.
(Bashô, 1644-1694)
(p.151)
Poème
Comment sont-ils donc arrivés à me vider
à ce point ?
N’étais-je pas las de donner ?
vider à fond
Arbre familial.
Je ne donnais rien gentiment.
1955 ?
p.119
Cette jolie ville blanche
De l’autre côté du pays
Ne me sera plus
Disponible
J’ai vu le firmament bouger
Ai dit « C’est la fin »
Parce que j’étais fatigué
De tous ces présages
Et dès que vous aurez besoin
de moi
Appelez
Je serai à l’autre
bout
Attendant
contre le mur final »
Extrait de « San Francisco Blues »