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Critique de umezzu


umezzu
16 septembre 2017
Dans la collection Maîtres de guerre, François Kersaudy livre une biographie de Staline assez complète et illustrée de photos d'époque. le côté iconographique s'avère mineur par rapport au texte.

Les chapitres sur la jeunesse du futur dictateur, qui passe en quelques années d'apprenti séminariste à chef de gang collectant des fonds pour le parti bolchevik, résument ce que l'on peut lire dans l'excellent « le Jeune Staline » de Simon Sebag Montefiore. Staline y apparaît déjà comme impitoyable, sans scrupule et cherchant constamment un responsable à ses échecs.

La partie sur le rôle du géorgien dans la Révolution de 1917, puis dans les manoeuvres d'appareil qui ont précédé et suivi la mort de Lénine et ont mené à sa prise de pouvoir sont passionnantes. Les alliances entre chefs bolcheviks n'ont cessé de se faire et se défaire, au rythme d'une politique oscillant, après l'effort de guerre révolutionnaire, entre Nouvelle Politique Économique ou collectivisation forcée. le seul à avoir accru son importance à chaque changement de cap, en plaçant ses affidés dans tous les organes de direction, était Staline.

Les années de pouvoir avant la seconde guerre mondiale sont celles de purges incessantes, affectant tour à tour la population paysanne, le parti, puis l'armée. Toujours obsédé par d'imaginaires complots, entretenu dans ses lubies par le zèle de la Tchéka / du guépeou / du NKVD (les sigles changent, l'action continue), Staline détruit ce qui constituait de potentielles sources de résistance.
Le comble est atteint avec la destruction de tout l'appareil de commandement de l'armée : « Avant la fin de 1938, de l'aveu même de Vorochilov, 40 000 militaires vont être "purgés" : 3 maréchaux sur 5, tous les commandants de région militaire du pays, 15 généraux d'armée sur 16, 60 généraux de corps d'armée sur 67, 136 généraux de division sur 199, 221 généraux de brigade sur 397 seront fusillés - au total 90% des généraux, 80% des colonels, 30 000 officiers de rang inférieurs exécutés, suicidés, emprisonnés ou déportés au goulag, en compagnie de ceux qui le sont dénoncés ou arrêtés... ».
Au point que l'armée rouge en 1939 souffre d'une totale absence d'officier de carrière et que les quelques anciens restants sont ceux qui ont appris à suivre aveuglement toutes les décisions du maître du pays.

Face à Hitler, un poker menteur s'ouvre avec le pacte germano-soviétique. Staline croit réussi à reporter tout le poids de la guerre sur les puissances occidentales, et il ne parvient pas à croire à l'opération Barbarossa, lorsque celle-ci se déclenche le 22 juin 1941. Ses atermoiements, son incrédulité, coûtent à l'URSS la perte de l'Ukraine et l'arrivée aux portes de Moscou et de Léningrad des armées nazies. Évidemment les responsables ne peuvent en être que des militaires traîtres à la patrie, que le NKVD exécute immédiatement.
Kersaudy s'attarde sur la stratégie menée par l'URSS pendant la seconde guerre mondiale. Beaucoup de chapitres, qui se résument à une constatation : sans la qualité de ses chefs militaires, à commencer par Joukov, sans le nombre considérable des hommes se retrouvant sous les drapeaux, et sans aide matérielle américaine et anglaise, la partie aurait été perdue, comme Staline semble l'avoir d'ailleurs cru un temps en 1941.

Staline sort de la seconde guerre mondiale auréolé d'un statut de libérateur, mais un rideau de fer est tombé sur l'Europe. le dictateur a réussi à transformer son image.

Ce livre constitue une excellente biographie, rapide à lire, et éclairante sur de nombreux points.
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