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Critique de Renatan


« La petite mendiante qui avait déclenché le jeu de ces souvenirs ne bougea pas. Je m'approchai d'elle. Sa paume était ouverte sur ses genoux repliés. Mais elle n'en savait rien. Elle dormait… Je mis quelques pièces dans cette main qui se referma inconsciemment, innocemment, comme une fleur blessée. Je pensai alors à ce que Dostoïevski faisait dire à l'un de ses personnages :
-Tant qu'il y aura au monde un enfant, un seul enfant malheureux, je ne pourrai pas croire à Dieu.
Et, regardant la petite fille de Macao, j'ajoutai intérieurement :
-Encore moins aux hommes… »

Quand on aime voyager, il est presque impossible de passer à côté des écrits de Kessel. Ses romans sont une invitation à prendre le large. Et il m'en faut peu pour céder à la tentation, remplir un sac et m'évader. le plus difficile a été de choisir la destination vers laquelle j'avais envie de partir. J'ai hésité entre plusieurs, La piste fauve de l'Afrique, Les cavaliers de l'Afghanistan, Les nuits de Sibérie, La vallée des rubis de la jungle birmane, La steppe rouge de la Russie bolcheviste. Plusieurs encore… Pour finalement arrêter mon choix sur la découverte du pays des dragons, la Cité Interdite. Goûter un « vrai » canard laqué Made in China, ça me plairait bien!

Kessel a suivi les traces de son ami George, Chinois de Shanghaï, dans les recoins les plus obscurs du grand monstre sacré. Son ami fait parti de ces hommes rares, pleins de bonté, obsédés par la misère humaine. Ensemble, ils nous font découvrir, à travers leurs dialogues, la fureur d'une ville qui ne dort jamais. Parce que Hong-Kong, ce n'est pas que le charme de ses campagnes, avec ses petites rizières, ses paysans et ses attelages de boeufs. Ce n'est pas non plus que la beauté des femmes, cette grâce dont l'auteur fait éloge avec pas mal d'enthousiasme. Ni que la magie des sampans, ces barques flottantes qui, à la nuit tombée, emplissent le fleuve d'un immense navire nocturne, spectacle de feux multicolores. Ah ça, j'aimerais trop…

La Chine, c'est aussi ces grands ports qui sentent le mazout et le charbon. Là où chaque jour des contrebandiers d'opium de la Compagnie des Indes orientales s'en mettent plein les poches, sous la complicité des autorités chinoises. L'un des plus grands marchés clandestins au monde. Beaucoup d'argent pour un petit nombre de gens et tant de misère pour la majorité… Mais ça, ce n'est pas qu'en Chine! Sans oublier le trafic clandestin de l'or. Kessel a aussi rencontré cette « vendeuse d'enfants », c'est son titre, elle met au monde de beaux enfants pour les revendre à des prix exorbitants et se faire une fortune. le moyen qu'elle a trouvé pour survivre. Sinon, l'auteur parle très peu de l'invasion de la Chine par les Japonais. En revanche, comme Hong-Kong est situé au seuil de la Chine communiste, Mao Tsé-Toung et le nationaliste Tchang Kaï-Chek sont au coeur de bons nombres de ses débats. La Chine communiste! Ça me fait rire… « communiste », mais avec une économie et le capitalisme!

Quand on pense à Hong-Kong et Macao, on pense aux maisons de jeux, là où après une partie de Ma-Jong ou de fanfan, les hommes vont se choisir une femme pour passer la nuit, comme dans un buffet « all you can eat ». le paradis de la débauche version orientale. M. Fu est à la tête de l'une des plus grandes maisons de jeux mondialement connue. Une chose est certaine, il ne vit pas dans la rue à manger des restants de table! Miss coca Cola non plus. Kowloon est un no man's land qui a forcément marqué Kessel puisqu'il y consacre un chapitre entier. Un enfer de boue et de ruelles obscures, douteuses, d'une odeur corrompue. Avec ses fumeries d'opium, ses cases de prostituées.

En gros, l'auteur ne donne pas tellement envie d'y aller, mais il nous fait connaître ces deux villes avec l'authenticité du voyageur qui s'est mêlé à ses habitants. Celui qui sort des grands hôtels pour touristes et plonge au coeur de leur quotidien. C'est ainsi que j'aime voyager, loin de la foule, loin des sentiers déjà tracés. de toute façon, je préfère les grands espaces sauvages à la foule étourdissante des grandes villes où les gens sont entassés et vivent les uns sur les autres. 
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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