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Petit retour dans le temps, quand Hong-Kong était encore britannique, Macao portugais et que la Chine était tout juste communiste. Ce livre n'est pas classé dans les Reportages de Kessel. Et pourtant, il pourrait sans doute y trouver sa place. Avec des locaux, il visite les deux territoires. Pas uniquement les lieux les plus en vue, ceux pour la "face". Non, aussi les plus misérables, infâmes, où les hommes font le choix entre le riz et l'opium, où les enfants mendient dès tout petit. Il en apprend plus sur les conditions de vie, les trafics que plus d'un gouverneur. Il montre à côté des splendeurs de la nature, des l'homme et des clichés de carte postale les villages de boue et les invalides de guerre brodeurs. Les usines de feux d'artifice où un salaire des misère enchaine les femmes. Il évente les légendes et clichés, pour rapporter d'autres histoires, qui elles aussi semblent sortir tout droit de la nuit des temps.
Kessel fait du journalisme, même quand il semble ne pas y toucher. Chercher des intermédiaires pour tout voir. Pour remettre en question ; l'homme n'en sort pas forcément grandi, mais un peu meilleur, il doit l'espérer.
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Joseph Kessel arrive à Hong Kong en 1955. Six ans après l'arrivée au pouvoir de Mao, la colonie anglaise a vu sa population tripler, elle vient d'absorber plus de deux millions de réfugiés chinois.
La ville, posée sur un rocher jusque-là quasi inhabité, le subjugue. Il est fasciné par la beauté de façade qu'il observe en haut du «Victoria Peak». La vie, la foule, la volonté, la palpitation de la cité, la végétation de ce «havre embaumé» (traduction littérale du nom chinois Hong Kong), la baie où se croisent toutes sortes d'embarcations, lui font très forte impression.
Mais rapidement, le journaliste reprend le dessus et à l'aide de George, son guide et ami, il découvre l'autre face de la ville, la réalité des quartiers continentaux de Kowloon, de Mong Kok et les «Nouveaux territoires». Celle-ci est beaucoup moins reluisante et la misère qu'il y découvre semble un abîme sans fond. Il va alors nous livrer des portraits sidérants qui font le grand écart entre la plus grande richesse et l'extrême pauvreté. Il décrit l'omniprésence de la misère et relate crûment les trafics qui prospèrent sur ce terreau (l'opium, la prostitution, le marché d'enfants, le jeu).
Un extraordinaire récit de voyage !
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« La baie de Canton part du delta de la Rivière des Perles pour s'évaser largement, comme les branches d'une tenaille ouverte. Au bout de la branche est se trouvent Hong-Kong et Kowloon. Sur la pointe extrême de la branche ouest, il y a Macao ».

Un extraordinaire récit de voyage paru en 1957.
En fin connaisseur et observateur expérimenté, Joseph Kessel écrivain-voyageur, romancier, journaliste, nous offre un panorama complet et nous révèle ce coin d'Extrême-Orient, à l'époque grande place de l'opium, enfer du jeu, repaires de contrebande…
Hong-Kong et Macao, transformés en deux rochers postes frontières du monde occidental face à l'immense Chine.

Au fil des confidences reçues, se dévoile, au cours de la lecture, ce que fut cet endroit du monde à l'époque.

Lieux de légendes et de débauche.

Effarant, étrange, merveilleux, des personnages singuliers dans une complexité et une adaptation aux épreuves les plus rudes.
Richesses, misère, no man's land...
« (…) après la brève zone des palaces et des grands magasins (…) habitée par la moyenne et petite bourgeoisie européenne et chinoise, j'ai vu (…) le revers de la médaille étincelante, les terribles coulisses de la parade et du paradis de Hong-Kong. »

« Il semblait impossible que la même île portât cette effrayante désolation et la tumultueuse, l'éclatante cité de Hong-Kong ».

Une « douce léthargie » habite des lieux d'un autre temps.

« Et leurs visages immobiles d'une jaune ivoirin semblaient enduits par la poussière des siècles ».

Les splendeurs et les magnificences côtoient la misère humaine.
« La fange humaine se mêlait à celle de la terre ».
Richesse, enchantement et merveilleux face à la détresse extrême, trafics multiples, prostitution, mendicité…
Une réalité contrastée des plus frappantes.

La violence et la grâce.

Joseph Kessel raconte, et décrit une misère omniprésente, une détresse humaine qui se fond au coeur de paysages d'une beauté magnifique.

Il porte un regard plein d'empathie et le récit est richement documenté.

Une belle découverte très dépaysante et touchante dans un style au charme suranné.
Merci à mon amie Véro.
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« La petite mendiante qui avait déclenché le jeu de ces souvenirs ne bougea pas. Je m'approchai d'elle. Sa paume était ouverte sur ses genoux repliés. Mais elle n'en savait rien. Elle dormait… Je mis quelques pièces dans cette main qui se referma inconsciemment, innocemment, comme une fleur blessée. Je pensai alors à ce que Dostoïevski faisait dire à l'un de ses personnages :
-Tant qu'il y aura au monde un enfant, un seul enfant malheureux, je ne pourrai pas croire à Dieu.
Et, regardant la petite fille de Macao, j'ajoutai intérieurement :
-Encore moins aux hommes… »

Quand on aime voyager, il est presque impossible de passer à côté des écrits de Kessel. Ses romans sont une invitation à prendre le large. Et il m'en faut peu pour céder à la tentation, remplir un sac et m'évader. le plus difficile a été de choisir la destination vers laquelle j'avais envie de partir. J'ai hésité entre plusieurs, La piste fauve de l'Afrique, Les cavaliers de l'Afghanistan, Les nuits de Sibérie, La vallée des rubis de la jungle birmane, La steppe rouge de la Russie bolcheviste. Plusieurs encore… Pour finalement arrêter mon choix sur la découverte du pays des dragons, la Cité Interdite. Goûter un « vrai » canard laqué Made in China, ça me plairait bien!

Kessel a suivi les traces de son ami George, Chinois de Shanghaï, dans les recoins les plus obscurs du grand monstre sacré. Son ami fait parti de ces hommes rares, pleins de bonté, obsédés par la misère humaine. Ensemble, ils nous font découvrir, à travers leurs dialogues, la fureur d'une ville qui ne dort jamais. Parce que Hong-Kong, ce n'est pas que le charme de ses campagnes, avec ses petites rizières, ses paysans et ses attelages de boeufs. Ce n'est pas non plus que la beauté des femmes, cette grâce dont l'auteur fait éloge avec pas mal d'enthousiasme. Ni que la magie des sampans, ces barques flottantes qui, à la nuit tombée, emplissent le fleuve d'un immense navire nocturne, spectacle de feux multicolores. Ah ça, j'aimerais trop…

La Chine, c'est aussi ces grands ports qui sentent le mazout et le charbon. Là où chaque jour des contrebandiers d'opium de la Compagnie des Indes orientales s'en mettent plein les poches, sous la complicité des autorités chinoises. L'un des plus grands marchés clandestins au monde. Beaucoup d'argent pour un petit nombre de gens et tant de misère pour la majorité… Mais ça, ce n'est pas qu'en Chine! Sans oublier le trafic clandestin de l'or. Kessel a aussi rencontré cette « vendeuse d'enfants », c'est son titre, elle met au monde de beaux enfants pour les revendre à des prix exorbitants et se faire une fortune. le moyen qu'elle a trouvé pour survivre. Sinon, l'auteur parle très peu de l'invasion de la Chine par les Japonais. En revanche, comme Hong-Kong est situé au seuil de la Chine communiste, Mao Tsé-Toung et le nationaliste Tchang Kaï-Chek sont au coeur de bons nombres de ses débats. La Chine communiste! Ça me fait rire… « communiste », mais avec une économie et le capitalisme!

Quand on pense à Hong-Kong et Macao, on pense aux maisons de jeux, là où après une partie de Ma-Jong ou de fanfan, les hommes vont se choisir une femme pour passer la nuit, comme dans un buffet « all you can eat ». le paradis de la débauche version orientale. M. Fu est à la tête de l'une des plus grandes maisons de jeux mondialement connue. Une chose est certaine, il ne vit pas dans la rue à manger des restants de table! Miss coca Cola non plus. Kowloon est un no man's land qui a forcément marqué Kessel puisqu'il y consacre un chapitre entier. Un enfer de boue et de ruelles obscures, douteuses, d'une odeur corrompue. Avec ses fumeries d'opium, ses cases de prostituées.

En gros, l'auteur ne donne pas tellement envie d'y aller, mais il nous fait connaître ces deux villes avec l'authenticité du voyageur qui s'est mêlé à ses habitants. Celui qui sort des grands hôtels pour touristes et plonge au coeur de leur quotidien. C'est ainsi que j'aime voyager, loin de la foule, loin des sentiers déjà tracés. de toute façon, je préfère les grands espaces sauvages à la foule étourdissante des grandes villes où les gens sont entassés et vivent les uns sur les autres. 
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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L'aventure n'est pas morte, elle a encore ses lieux de prédilection.
Hong-Kong et Macao ont conservé ce parfum d'aventures.
Admirable voyageur, Joseph Kessel nous fait voir plus de choses en une page que bien d'autres en un volume entier.
Dans ces deux villes il a rencontré des personnages étranges et entendu des histoires singulières.
C'est un reportage étonnant dont les acteurs s'appellent l'opium, le jeu, la misère, la police secrète et les richesses insoupçonnables. A mon sens un des meilleurs livres de Joseph Kessel.
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Je crois que je préfère le Kessel reporter au Kessel romancier.
Ca manière pudique et tranquille de raconter, tant ce qu'il voit et vit que ce qui lui est conté au hasard des rencontres, m'enchante.

Un sentiment s'est imposé à moi rapidement, la convergence de nos perceptions malgré les 35 ans séparant nos passages respectifs en ces lieux.

En 1990 il restait un peu du Hong Kong de Kessel, l'extrême pauvreté en moins ou mieux dissimulée. Les mêmes ferrys verts débarquaient toujours des foules industrieuses, cosmopolites et frénétiques dans les venelles abruptes de l'Ile.
Mais sur les quais les jonques avaient quasiment disparu et les quelques rickshows rescapés rutilaient sous les fesses mafflues de touristes en bermudas.

Dans le hall d'entrée de ma guest house, de nombreuses affichettes promettaient solide rémunération contre cours de langues . Il s'agissait pour les candidats à l'exile de renforcer leurs chances d'émigrer au Canada, en Nouvelle Zélande ou en Europe, car déjà l'anxiété était palpable face au spectre inexorable de la rétrocession à la Chine.

Débarquer à Macao après quelques semaines électriques à Hong Kong c'était retrouver une ambiance méditerranéenne, apaisée.
Point de gratte-ciel ni d'embouteillage, des rue calmes, des chats somnolant au soleil, des gens papotant, assis devant chez eux. Une ville engourdie, qui ne semblait guère redouter sa rétrocession, peut-être avait-elle moins à perdre.

Quant à l'assourdissant vacarme des joueurs de majong évoqué par Kessel, j'eu droit à mon échantillon. Alors que je cherchais le sommeil le patron de mon hôtel et quelques camarades fracassèrent inlassablement la nuit de leurs dominos.

Qu'en est-il de Hong Kong et de Macao aujourd'hui ?
Il y a-t-il, dans un avion, un Kessel qui rentre nous raconter?
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En relisant Hong Kong et Macao de Kessel, j'ai retrouvé la magie de cet auteur. Un aventurier incroyable, à qui l'on a raconté plein d'histoires vraies et qui nous les raconte à nouveau, comme si l'on était assis avec lui au coin du feu, avec un bon verre en main.
Il y a chez Kessel un rare mélange d'intrépidité et d'humanité, qui lui permet d'attirer les confidences, d'aller là où d'autres ne vont pas et de voir ce que d'autres ne voient pas. Kessel ne juge pas (ou rarement, comme c'est le cas sans le récit de la manufacture de feux d'artifices de Taïpa, à Macao). Il ne parle de lui qu'accessoirement, même s'il est un personnage de roman à lui tout seul.
Ici, Kessel nous parle d'un Hong Kong entre deux phases, celui des années 50, après la guerre, et avant l'ère financière. Il nous parle d'un Macao léthargique. Les triades ne sont pas encore là, mais pas loin de naitre. Tout cela semble loin, mais en réalité, la page vient de se tourner.
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C'est un Joseph Kessel en mode journaliste dans ce livre et il nous embarque avec lui dans cet Hong-Kong et ce Macao des années 50. Une plongée dans un univers mystérieux où se cotoient les tripots de jeux, la drogue avec ses fumeries d'opium et la pauvreté. Kessel nous fait découvrir la façade de ses deux territoires ainsi que leurs envers et les habitants qui la composent. Il avait toujours ce don de trouver les histoires et les personnages intéressants qui nous faisait découvrir ces territoires mal connus avec un oeil différent et toujours d'une manière passionnante. Des récits de voyage de cette qualité journalistique mais aussi littéraire on en redemande. C'est pour cela qu'il ne faut pas hésiter a se plonger dans les reportages de cet auteur qui sont rassemblés dans la collection "le gout de l'histoire" chez l'éditeur Tallandier. Ma note 10/10.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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J'ai adoré ce bouquin, et c'est le premier récit de voyage que j'ai lu.
On en apprends beaucoup sur l'Histoire de ces villes et de la Chine, de plus nous ne sommes pas perdu car Kessel introduit son récit par des rappels du contexte historique.

Les description rendent compte d'instants uniques et gracieux, on est entre la poésie et la flânerie.

je recommande ce livre qui est un bon moment de lecture et de découverte.
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Entre récit de voyage et grand reportage, Kessel décrit les territoires de Hong-Kong et Macao à travers des portraits des différentes populations. Très bien documenté et avec une forte empathie, on est transporté dans cette partie de la Chine encore colonisée à la fin des années 50.
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