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Critique de Bellonzo


Sept nouvelles sont regroupées sous le titre La steppe rouge. C'est le tout premier livre de Jeff Kessel, un jeune homme de 24 ans qui deviendra le vieux lion à la crinière bien connue, voyageur, grand reporter, écrivain, académicien et grand pourvoyeur de scénarios très divers, Belle de jour, Les Cavaliers, La passante du Sans-Souci, L'armée des ombres. C'est du brutal. La Russie, juste après la révolution bolchevique. On ne fait pas dans la dentelle et Kessel n'est pas un délicat miniaturiste. Plutôt un arpenteur du monde entier, aux semelles souples et aux rudes vérités des horreurs planétaires, à cette époque à la case, russe pour cette fois, case tortures et dénonciations, démence et trahisons.

Les sept textes sont tous terribles de noirceur. C'est peu dire que le genre humain n'en sort pas grandi. Fedka le discret professeur devient tortionnaire en quelques jours, changeant de camp sans vergogne à l'occasion. Une cousine dénonce un enfant miraculeusemnt épargné une première fois. Les deux fous est le texte le plus fort à mon avis. Un médecin aliéniste cache un ami dans le pavillon des fous. Il lui faudra se méfier de son compagnon de cellule, à qui l'on a dit la même chose. "Et, dans la détente commune de leur émotion, sans dire un mot, les deux "furieux" s'étreignirent avec des larmes et des balbutiements."

L'innocence n'a plus cours, ni à Odessa, ni à Petrograd. Tout le monde est suspect, de la prostituée de treize ans au vieillard édenté, et le frère d'hier prêtera demain la main au bourreau. Joseph Kessel, qui aura tout connu, nous donne avec ce livre de jeunesse l'essentiel, en un style certes assez journalistique, d'une Europe ensanglantée et désespérante, qui hélas ne faisait que commencer son siècle hallucinant. Ce n'est pas dans les salons ni même les rédactions enfumées qu'il a puisé son inspiration.
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