AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266115001
253 pages
Pocket (09/05/2001)
  Existe en édition audio
4.29/5   1181 notes
Résumé :
C'est à Londres, en 1943, que Joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniqueur de notre temps, a écrit "L'armée des ombres", qui n'est pas seulement l'un de ses chefs-d’œuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l'auteur présente ainsi : "La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie".

Jamais la France... >Voir plus
Que lire après L'Armée des ombresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (133) Voir plus Ajouter une critique
4,29

sur 1181 notes
5
81 avis
4
40 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis
Je n'ai pas pour habitude de lire un livre après avoir vu un film mais là, j'ai fait une exception et je n'ai aucun regret. Merci Monsieur KESSEL pour ce poignant et bouleversant roman qui met en lumière cette France de l'ombre qui croyait en la liberté, du plus humble au plus brave. Toute cette chaîne humaine animée par la même foi, rester DEBOUT. Vos mots sont percutants, vos phrases sont empreintes d'un tel réalisme, qu'à vous lire, j'ai vibré. Défilent sous nos yeux, les difficultés du quotidien, la faim, le ravitaillement, la confiance, l'hébergement, le problème d'unifier les forces, le cloisonnement des informations, la peur de la torture, le risque de trahir pour préserver un être cher (je pense à Dounat, à Mathilde), la distribution des journaux, les opérations d'exfiltration. J'ai ressenti le poids de la clandestinité.
Je pense toujours à la chanson de GOLDMANN "Né en 17 à Leidenstadt" même si ce n'est pas la même période :
"On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences,
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau,
Ou le pire ou le plus beau,
Serions nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau"
Je pense aussi au "Chant des partisans" écrit avec votre oncle, Maurice Druon et au poème de Paul Eluard "liberté" parachuté à des milliers d'exemplaires au dessus de la France occupée.
A chaque chapitre, je ne pouvais m'empêcher de revoir Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet, Jean-Pierre Cassel, Christian Barbier, ce qui rendait votre livre encore plus vivant.
Monsieur KESSEL, votre préface vous honore : je m'incline devant tant d'humilité et d'humanisme!
Commenter  J’apprécie          13211
L'armée des ombres est à la Résistance française ce que Si c'est un homme est à la Shoah : Un livre nécessaire et éclairant. Un livre à rouvrir fréquemment pour en relire certains passages, certaines fortes scènes.
J'ai vu le film voici une vingtaine d'années, avec cette figure de Lino Ventura ,hiératique dans ce rôle d'homme et de chef des ombres.
Mais le livre...
Le livre, c'est le manifeste de l'action secrète du refus de l'abdication. le livre, écrit en pleine guerre, transcende les classes, les milieux et les caractères dans cette lutte commune et cette abnégation de chaque instant. le livre, c'est le courage incroyable de ces hommes et de ces femmes des plus jeunes aux plus âgés qui se levèrent, s'unirent pour dire NON à la honte et à la collaboration avec les nazis. Des hommes et des femmes prêts à faire le sacrifice suprême de leur vie, conscient de risquer à chaque instant la capture et les supplices de la Gestapo et ses complices français.
L'armée des ombres est un livre terrible, dur, mais exaltant! Sa lecture vient, à point, nous réveiller et nous rappeler que la bête n'est pas morte et qu'elle revient à peine masquée.
L'une des phrases-clefs de L'armée des ombres, c'est ce baron de province qui l'exprime ainsi: "Je préfère, Monsieur, une France rouge à une France qui rougisse"
En lisant ce livre, plongé dans le froid, la souffrance, la fatigue et la faim des protagonistes, j'avais le Chant des Partisans qui m'accompagnait: Un bel hymne pour un livre puissant.
Un grand, un immense merci à vous, Joseph Kessel.
Commenter  J’apprécie          1118
Ecrit en 1943. Pleine guerre. Ecrit par un Résistant. A chaud, au coeur de l'action. Joseph Kessel, alors membre du réseau Carte, témoigne. Pas de son courage, pas de son héroïsme, pas de son engagement. Pourtant aussi méritoires que ceux de ses compatriotes. Il s'efface devant le courage, l'héroïsme et l'engagement de ces anonymes unis pour la plus grande des causes à défendre : la liberté.

Son ambition : raconter aussi fidèlement que possible la France souterraine, la France combative, celle qui lutte pour son honneur. Mettre dans la lumière la France de l'ombre.
Son angoisse : manquer justement de fidélité, et ne pas honorer à leur juste valeur ces héros. Car si tout est authentique, Kessel doit modifier, déformer les profils pour protéger leur vie et éviter toute représaille.
Ses héros : simples, discrets, ordinaires. Garagiste, ingénieur, mère de famille, instituteur, plus de barrière sociale. Juste une même colère, une même résolution, une même hargne.
Son écriture : sobre, humble, sur la réserve mais ferme. La main qui trace les mots ne tremble pas, ne doute pas, ne laisse pas place à la rêverie. Une main déterminée. A l'image de ces résistants : Gerbier, Jean-Francois, Mathilde, le Bison et tous les autres.
 
Kessel n'esquive pas les sentiments pour autant, laissant surgir le temps d'un paragraphe exaltation, doute, colère, dépit mais jamais longtemps. Pas le temps de tergiverser, pas le temps de s'attendrir, pas le moment de s'apitoyer sur les jours heureux. L'action domine dans les coeurs. On pèse alors chaque mot, on surveille chaque geste. Tout acte est réfléchi, plus de place à l'instinct. Des amitiés naissent mais la méfiance règne. La trahison n'est jamais loin, et la Gestapo rôde. Pourtant, jamais une plainte, jamais un regret, jamais une larme. Ni la peur de l'arrestation, ni l'angoisse de la torture, ni la mort ne peuvent les arrêter. Car ils le savent : " La Résistance a pris la forme de l'Hydre. Coupez-lui la tête, il en repousse dix, à chaque jet de sang."

Non, L'armée des ombres n'est pas un livre de plus sur la Résistance. L'armée des ombres est Le livre à lire sur le sujet.
Car à n'en pas douter, la fiction, aussi réussie soit-elle, n'égalera jamais la puissance émotionnelle du témoignage de l'intérieur.
Commenter  J’apprécie          946
Lu le roman, vu le film de Jean Pierre Melville.
Revu le film, relu le livre, plusieurs fois.
Désormais, je ne peux plus dissocier le personnage de Philippe Gerbier de Lino Ventura qui incarne avec un réalisme époustouflant ce résistant .
Kessel concluait sa préface en donnant une dernière précision : tout ce qu'il donnait à lire avait été vécu par des gens de France et souhaitait avoir conservé, le plus fidèlement possible leur image.
Son vœu est exaucé au-delà de ses espérances.
Parmi les romans qui évoque la Résistance, c'est, pour moi un des meilleurs. Il est magistral.
Commenter  J’apprécie          867
En 230 pages à peine romancées, Kessel nous livre, sur le vif -puisque rédigé à Londres en 1943- avant tout un témoignage, celui de tous les anonymes qui ont fait vivre la résistance, l'armée des ombres ; leurs difficultés matérielles, permanentes, leur engagement, divers, la violence et la trahison, qui survient sans crier gare.
Avec son style brut et sans fioritures, mais qui laisse toujours percer sa sensibilité aux événements et aux êtres, Kessel nous offre une plongée dans ce monde secret, dan un héroïsme du quotidien, à travers une galerie de portraits saisissante.
Une lecture indispensable, qui prend aux tripes...
Point n'est trop utile de développer le commentaire de cet ouvrage : le Chant des Partisans en est le contrepoint sonore, et Kessel a lui-même expliqué très clairement dans son ouvrage, au titre parfait, sa démarche : il savait, en bon reporter, qu'il portait témoignage d'un morceau d'Histoire, écrit -comme toujours, finalement ?- par des humbles.
Commenter  J’apprécie          804

Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
Je reviens de Londres (...). Là-bas, c'est vivre en France qui paraît admirable. La faim, le froid, les privations, les persécutions dont nous avons pris l'habitude par force, touchent là-bas l'imagination et la sensibilité à un point extrême. Quant aux gens de la résistance, ils suscitent une émotion presque mystique.On sent déjà se former la légende.
Si je disais cela ici, je ferais hausser les épaules. Jamais une femme qui rechigne des heures entières dans les queues, pleure d'impuissance en voyant ses enfants s'anémier, maudit le gouvernement et l'ennemi qui lui enlèvent son mari pour l'envoyer en Allemagne, fait des bassesses auprès du crémier et du boucher pour avoir une goutte de lait ou un gramme de viande, jamais cette femme ne croira qu'elle est un être exceptionnel. Et jamais le garçon qui, chaque semaine, transporte une vieille valise pleine de nos journaux clandestins , l'opérateur qui pianote nos messages de radio, la jeue fille qui tape mes rapports, le curé qui soigne nos blessés, et surtout Félix, et surtout Le Bison, jamais ces gens ne croiront qu'ils sont des héros, et je ne le crois pas davantage.
Les opinions subjectives et les sentiments n'ont aucune valeur. La vérité est seulement dans les faits. Je veux, quand j'en aurai le loisir, tenir note quelques temps des faits que peut connaitre un homme placé par les événements à un bon poste d'écoute de la résistance. Plus tard, avec le recul, ces détails accumulés feront une somme et me permettront de former un jugement.
Si je survis.
Commenter  J’apprécie          320
Ces gens auraient pu se tenir tranquilles. Rien ne les forçait à l’action. La sagesse, le bon sens leur conseillait de manger et de dormir à l’ombre des baïonnettes allemandes et de voir fructifier leurs affaires, sourire leurs femmes, grandir leurs enfants. Les biens matériels et les liens de la tendresse étroite leur étaient ainsi assurés. Ils avaient même, pour apaiser et bercer leur conscience, la bénédiction du vieillard de Vichy. Vraiment, rien ne les forçait au combat, rien que leur âme libre.
Commenter  J’apprécie          741
Tu comprends, ils sont venus dans leurs chars, avec leurs yeux vides. Ils pensaient que les chenilles des chars sont faites pour tracer la nouvelle loi des peuples. Comme ils avaient fabriqué beaucoup de chars, ils avaient l'assurance d'être nés pour écrire cette loi. Ils ont en horreur la liberté, la pensée. Leur vrai but de guerre c'est la mort de l'homme pensant, de l'homme libre. Ils veulent exterminer tout ce qui n'a pas les yeux vides. Ils ont trouvé en France des gens qui avaient les mêmes goûts et ceux-là sont entrés à leur service. Et ceux-là t'ont mis à pourrir ici, toi qui n'avait pas commencé à vivre. Ils ont fait mourir le petit Armel. Tu les as vu livrer le malheureux qui croyait au droit d'asile. En même temps, ils publiaient que le conquérant était magnanime. Un immonde vieillard essayait de suborner le pays. "Soyez sages, soyez lâches" enseignait-il. "Oubliez que vous avez été fiers, joyeux et libres. Obéissez et souriez au vainqueur. Il vous laissera vivoter tranquilles." Les gens qui entouraient le vieillard calculaient que la France était crédule et qu'elle était douce. Qu'elle est le pays de la mesure et du juste milieu. "La France est tellement civilisée, tellement amollie, pensaient-ils, qu'elle a perdu le sens du combat souterrain et de la mort secrète. Elle acceptera, elle s'endormira. Et dans son sommeil nous lui ferons des yeux vides." Et ils pensaient encore : "Nous ne craignons pas les enragés. Ils n'ont pas de liaisons. Ils n'ont pas d'armes. Et nous avons toutes les divisions allemandes pour nous défendre." Tandis qu'ils se réjouissaient ainsi, naissait la résistance.
Commenter  J’apprécie          150
La France est une prison. On y sent la menace, la misère, l'angoisse, le malheur comme une voûte pesante et qui s'affaisse chaque jour davantage sur les têtes. La France est une prison, mais l'illégalité est une évasion extraordinaire. Les papiers ? On les fabrique. Les tickets d'alimentation ? On les vole, dans les mairies. Voitures, essence ? On les prend aux Allemands. Gêneurs ? On les supprime. Les lois, les règles n'existent plus. L'illégal est une ombre qui glisse à travers leur réseau. Plus rien n'est difficile, puisque l'on a commencé par le plus difficile : négliger ce qui est essentiel : l'instinct de conservation.
Commenter  J’apprécie          300
Je crois que chez les gens de la résistance, il se produit une évolution en sens inverse selon les tempéraments. Ceux qui étaient doux, tendres, pacifiques, se durcissent. Ceux qui étaient durs comme je l’étais, comme je le suis encore, deviennent plus perméables aux sentiments. L’explication ? Peut-être les gens qui voyaient la vie sous des couleurs riantes se défendent par une sorte de bouclier intérieur au contact des réalités souvent affreuses que découvre la résistance. Et peut-être les gens qui avaient comme moi une vue assez pessimiste de l’homme, s’aperçoivent dans la résistance que l’homme vaut mieux que ce qu’ils pensaient de lui.
Commenter  J’apprécie          170

Videos de Joseph Kessel (66) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Kessel
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
autres livres classés : résistanceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (3730) Voir plus



Quiz Voir plus

Mais si, vous connaissez Joseph Kessel !

Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

L'affiche rouge
Potemkine
Le chant des partisans

10 questions
195 lecteurs ont répondu
Thème : Joseph KesselCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..