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Critique de Apikrus


L'auteur, Joseph Kessel (1898-1979), a été journaliste, aviateur pendant la 1ère guerre mondiale, romancier et biographe.
En 1938, il fit paraître une biographie de "Mermoz", et en 1960 une biographie de Felix Kersten (1898-1960) - "le" masseur d'Himmler - sous le titre "Les mains du miracle".

Kessel a connu Jean Mermoz (1901-1936) ; le portrait qu'il en dresse est un hommage à cet ami.
Comme pour Antoine de Saint-Exupéry, les circonstances accidentelles de la mort de Mermoz ont contribué à 'sa légende', conférant en quelque sorte une aura supplémentaire à ses actes de bravoure. La liste des aviateurs du début du XXe siècle morts en service est longue, mais ils ne sont pas tous restés dans la mémoire collective.

Kessel retrace l'enfance et la jeunesse de Mermoz, ainsi que certains de ses exploits. Il montre avec beaucoup de lyrisme quel ami et quel humain était Mermoz. Je ne sais pas si Mermoz a réellement tué quelques jaguars lors de parties de chasse en Amérique du sud comme l'écrit Kessel. Il est possible que le romancier ait rajouté ce genre de détails, pensant ainsi exhausser son personnage, tant cette chasse était alors censée révéler courage voire virilité.
[ Aujourd'hui encore, quelques richissimes crétins croient montrer du courage en déboursant quelques centaines de milliers de dollars pour pouvoir exhiber dans leur salon des fauves empaillés qu'ils ont simplement visés puis tués à partir de confortables 4 x 4 climatisés, et/ou guidés et protégés par des nuées d'accompagnateurs ! ]

Kessel n'évoque pas les engagements politiques, douteux, de Mermoz. Avec le colonel François de la Roque (1885-1946), alors ex-président des Croix-de-Feu, Mermoz fut l'un des membres fondateurs du Parti social français dont il fut vice-président en 1936.
Le PSF défendait une idéologie chrétienne, conservatrice et patriotique. En politique, ces trois mots, a fortiori lorsqu'ils sont réunis, sont souvent synonymes d'intolérance, et s'y cachent des choses peu reluisantes. C'est à de la Roque que Pétain "emprunta" la devise "Travail, Famille, Patrie" (certes Pétain ne lui avait pas demandé pas son accord, et de la Roque a lutté contre l'antisémitisme). Là aussi, il faut chercher à voir ce qui se cache derrière les mots ("phallocratie", par exemple).
Joseph Kessel, est au-dessus de tout soupçon de dérive fascisante. Après la défaite de 1940, il avait rejoint la Résistance (alias Pascal) à Londres, avec son neveu Maurice Druon. En 1943, Kessel et Druon co-écrirent les paroles du "Chant des partisans", qui devint ensuite le chant de ralliement d'une partie de la Résistance, et qui fut interprété par Germaine Sablon, alors compagne de Kessel.

Peut-être Kessel a-t-il aussi été sensible au patriotisme de Mermoz ? Quoi qu'il en soit, il a voulu retenir et montrer le meilleur de cet aventurier. Je ne saurais aujourd'hui blâmer Kessel de cette amitié.
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