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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne me doutais pas qu'un jour, je pouvais être jugé non sur ce que j'ai fait dans mon existence, mais sur ce que je suis : un mâle blanc hétérosexuel (vade retro satana). Cadre supérieur au coeur d'une grande agglomération urbaine ou paysan creusois crève-la-faim, peu importe, ces mâles blancs doivent rendre compte des « crimes » commis par leurs aïeux, mettre un genou à terre en signe d'éternelle repentance, supporter stoïquement l'injure parce qu'elle est justifiée, quand bien même il faudrait pour cela remonter jusqu'aux croisades…
J'ai lu « Racée » pour essayer de comprendre ce radicalisme identitaire des minorités dites « visibles », ethniques ou d'origine sexuelle. Ces minorités qui exigent que « deux clans s'opposent. Ceux qui seraient strictement identiques, « nos frères », et les autres, la cause de tous les drames. »
Essayer de comprendre cette recherche absolue d'homogénéité, ces revendications victimaires et souvent outrancières qui inondent les réseaux sociaux, la signification de mots à la connotation vaguement stalinienne, émasculateurs, comme « intersectionnalité » ou « déconstruction » …
Mais ce livre écrit par la très courageuse Rachel Khan (les haineux victimaires lui en ont mise plein la figure) m'a apporté bien plus. Beaucoup plus. D'une certaine manière, il m'a réconcilié avec moi-même.
Avec comme fil conducteur les propos sages et provocateurs de Romain Gary ou d'Émile Ajar ou d'autres identités prises par ce personnage flamboyant, avec beaucoup de poésie et de drôlerie, Rachel Khan démonte ces mots qui enferment, qui rétrécissent, qui accusent, qui rejettent pour en promouvoir avec vitalité et sans haine d'autres : intimité, création, désir. Des « mots qui réparent », des mots qui recousent, des mots qui ont des bras grands ouverts, des mots qui apaisent, qui additionnent, qui font sourire, qui aiment…
Rachel Khan a parlé avec beaucoup de tendresse de ses origines, cette mosaïque de religions, de langues, de pays, de couleurs. Moi, je suis le fruit improbable de paysans corses madrés et de grands bourgeois bordelais. Par quel hasard, par quel chemin tortueux ces gens-là se sont-ils rencontrés ? C'est cette histoire que j'aimerais lui raconter, avec son lot de drames, de défaites, de mystères et de jours heureux.
En chacun de nous, il y a une grande Comédie Humaine.

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Une saine et intelligente réflexion particulièrement bien construite sur l'imposture de la posture des identitaires généralement mélanodermes, qui se prétendent victimes de tout et de n'importe quoi.

Ceux-là usent de mots violents qui séparent et piègent les éternels culpabilisés qui usent, quant à eux, de mots prudents ou creux qui ne mènent nulle part.

Convoquant les plus grands esprits de notre culture (Glissant, Garry/Ajar, et bien d'autres), Rachel Khan trouve plus constructif, plus humain, d'user plutôt de mots qui réparent et qui, en définitive, affirment notre humanité commune...

Bravo Madame Khan ! J'ai aimé, comme j'ai apprécié votre "soeur" Madame Mabrouk.

Pat.
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C'est un livre qui va un peu contre-courant. "Noire, gambienne, d'origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère". Rachek Kahn a tout pour faire partie des mouvements militants, à elle de choisir lequel ou lesquels. Mais non, elle a choisie être comme tout le monde, égale à tout le monde.

Et pour dire sa pensée, elle fait appel aux mots du militantisme : les mots qui séparent, les mots qui ne veulent rien dire et les mots qui réparent (ou qui pourraient le faire).

C'est un livre contre les excès des militantismes, où elle montre les défauts. C'est un livre écrit avec un certain humour caustique que certains peuvent trouver agressif, mais qui ne l'est pas plus que ceux des militants.

J'ai entendu une phrase un de ces jours : "L'exagération dans les arguments peut tuer la cause". Et je pense que c'est bien ce dont elle parle.

Elle n'a sûrement pas fait des ami(e)s avec ce livre mais elle montre sa liberté de parole et je trouve bien d'avoir ce courage de ne pas se soumettre au "politiquement correct".
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Quel livre! Mais quel livre!!!
Quand Rachel Kahn déconstruit les constructions creuses, le vocabulaire galvaudé des "déconstruits", intersectionnelles et autres "racisés"... quand Rachel Kahn dénonce l'utilisation abusive de mots, vidés de leur substance, qui masquent les pensées creuses, l'incompétence et/ou l'arrivisme... quand Rachel Kahn pointe l'abus "DU vivre-ensemble" prononcé à toutes les sauces, qui, dans les faits, interdit de vivre ensemble... quand Rachel Kahn témoigne de sa condition de Métis, issue d'un mariage mixte qui ne serait qu'une stratégie des Blancs pour diluer la cause des "racisés"...
A lire! à lire pour résister à ces semeurs de haine... résister de toutes nos forces!
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Rachel Khan se décrit racée car porteuse de plusieurs racines qui constituent l'entièreté de son être, de sa personnalité. Elle ne saurait être la femme qu'elle est et assume d'être en l'absence d'une de ces racines. Amputée de l'une d'entre elles, Rachel Khan serait déséquilibrée. C'est cet imbroglio de “races” qui la constitue, qui fait d'elle cette additionnée si enjouée et passionnée.
Elle dénonce avec clairvoyance la culture de la victimisation qui, selon ses détracteurs, autorise à revendiquer en permanence des droits et du coup de rejouer sans cesse l'injustice. Autant dire qu'ainsi la boucle ne se referme jamais de manière constructive. Elle manifeste également son désaccord sur le jeu des névroses de séparatisme et aborde les diverses discriminations qui polluent notre pays et notre quotidien. Pour ce faire, elle a choisi un angle particulièrement intéressant. Celui du langage. Celui des mots mal utilisés, ceux qui briment le monde dans lequel nous vivons, ceux qui nous enfouissent dans de trop nombreuses cases. Ces mots qui ne nous laissent plus assez d'air. Ceux qui nous empoisonnent et nous tuent. Les mots se moquent des origines, de la couleur de peau. Elle cite tour à tour, certains mots qui séparent, des mots fourre-tout et ceux qui réparent. Ces derniers étant ceux qui permettent d'accéder à une liberté de penser individuellement et de s'exprimer publiquement. Elle prône l'Universel avec ce qu'il implique de différences à prendre en compte dans le rapport à l'autre. Et la langue française permet cette relation.
C'est avec beaucoup de lucidité, de sensibilité, de profondeur et un brin d'espièglerie que Rachel Khan ouvre au lecteur la porte d'une pensée qui ne saurait être unique. Une pensée dans la nuance.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Rachel Khan.

Femme, blanche et noire, Gambienne et Polonaise, musulmane, animiste et juive (oui, « tout ça » !), cette juriste de formation dit être une femme « racée », fruit de la somme de l'ensemble des petits morceaux de mosaïque qui la « constituent » mais, jamais, ne la « situent ».

Elle s'interroge – courageusement - sur l'excès ambiant de « races », à l'heure où les questions identitaires semblent plus que jamais structurer le débat social et politique.

Ainsi ose-t-elle poser la question de « comment se positionner (et doit-on le faire, d'ailleurs ?) » pendant que tempête l'injonction péremptoire sommant tout un chacun de « choisir son camp » ?

À travers une série de mots qui divisent (souchien, afro-descendant, intersectionnalité) ou « ne vont nulle part » (diversité, mixité/non-mixité, vivre-ensemble) et d'expressions « politiquement correctes », elle s'applique à démontrer que l'idéologisation propre à notre époque confisque le débat en interdisant toute forme de nuance.

Selon elle, « (…) au lieu de nous soulager, ces mots ravivent nos blessures et nos souffrances », alors qu' « (…)ils doivent normalement servir nos échange ». Ainsi, (…) certains mots nous séparent alors qu'ils devraient nous recoudre ». Pourtant, « les discriminations se combattent toujours dans l'ouverture et vers la lumière et non pas en pointant les anciens bourreaux comme c'est le cas aujourd'hui ».

Elle défend férocement les « mots qui réparent » (intimité, création, désir), ces mots qui permettent de rétablir le dialogue et de favoriser la pensée non-unique pour ré-unir notre société, écartelée entre les mouvements identitaires qui l'ont investie.

Son livre, ode puissant à l'ouverture, appelle à détruire les murs qui séparent et les barrières qui divisent pour réinvestir le débat et réfléchir – ensemble - aux écueils auxquels conduisent ces replis et la tentation de céder à un « entre-soi », commode mais stérile, qu'ils provoquent et encouragent.

L'autrice conclut son propos par l'éloge du silence pour faire taire les monologues et « échanger car on ne peut pas tous parler en même temps ».

Une lecture exigeante mais passionnante.
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2/12/23-17/12/23 lu Racée de #Rachel Khan en papier. Dans cet essai rappelant tous les plus grands héros du réel anti-racisme (Martin Luther King, etc.), Rachel Khan nous exhorte à réagir face à la nouvelle vague qui sévit depuis plusieurs années et qui menace notre humanité : les « racés » qui soi-disant veulent lutter contre le racisme, mais excluent eux-mêmes tout ce qui n'est pas mélanoderme, voire même les personnes métisses ou noires qui ont le malheur de ne pas adhérer à leurs thèses haineuses.
Une saine et intelligente réflexion particulièrement bien construite sur l'imposture de la posture des identitaires généralement mélanodermes, qui se disent victimes de tout et de n'importe quoi et veulent s'arroger le droit de tout faire, souvent dans la violence, sans avoir à en payer les conséquences, parce que noirs, arabes, etc., alors que les Blancs, éternels coupables, sont responsables de tous leurs malheurs et doivent censurer leur parole et, parfois même, s'excuser d'exister !
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