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Critique de maevedefrance


Traduit par Marie Hermet

Suite à un incident technique Max et Carys, deux amoureux en mission dans l'espace, n'ont plus que quatre-vingt-dix minutes à vivre, ce que leur permet leur réserve d'oxygène.
Le roman commence in medias res : les deux personnages sont en danger, paniqués et cherchent une solution. Quatre-vingt-dix minutes qui s'égrainent au fil des chapitres et nous plongent dans le récit de leur vie, leur rencontre et de leur amour dans une société du futur qui ne fait pas vraiment envie. Les Etats-Unis et le Moyen Orient ont été détruits par une guerre. Carys et Max vivent en Europia (amalgame des mots Europe et Utopie), constituée d'une série de voïvodes. Les voïvodes sont des pays mais on ne cite plus leurs noms pour favoriser l'égalité et se débarrasser de toute identité nationale marquée. Tous les trois ans, chaque citoyen d'Europia doit changer de voïvode afin de vivre au sein d'une communauté mixte et multiculturelle. Tout paraît idyllique dans cette société. Sauf que, contrainte de taille, la loi sur le couple empêche chacun de vivre tout à fait comme il l'entend : chacun doit rester célibataire et ne pas céder à la tentation de s'installer en couple avant 35 ans, afin de donner ses meilleures années à Europia, pour le bien commun ! Une société où prime l'individualisme.
Les parents et grand-parents de Max ont voué leur vie à construire Europia et voient donc d'un très mauvais oeil qu'il leur présente un jour Carys en leur annonçant qu'il ne peut plus se passer d'elle, que poster des messages sur l'écran géant de son MindShare ne lui suffit plus (un réseau social du futur par lequel tout le monde communique avec tout le monde). Carys a rencontré Max dans le magasin de ses parents où il travaillait : "Quand je t'ai connu, j'ai pensé que ta vie ne te plaisait pas. Tu étais coincé dans le magasin de tes parents par sentiment du devoir familial" lui dit-elle. Max qui a été conditionné par Europia depuis son enfance va mettre du temps à réaliser ce qu'il lui arrive. Carys et lui ont moins de 35 ans. Un incident qui met en péril la vie de Carys va révéler l'intensité de ses sentiments pour elle. Il va aller jusqu'à dénoncer la loi sur le couple devant les institutions, ses parents vont le bouder, bref, ça va être compliqué pour le couple de vivre leur amour dans cette société soi-disant idyllique mais avant tout liberticide, érigé par des gens qui prétendent savoir mieux que vous, ce qui est bon pour vous, jusqu'à votre vie intime...

Propulsés dans l'espace, en apesanteur, simplement reliés l'un à l'autre, par un câble et frôlés par les micro-astéroïdes, Max et Carys vont se raconter, se remémorer leur rencontre mouvementée, faire le point, se déclarer leur amour mais aussi, touche d'humour, à se chamailler bien que leur temps soit compté... La vraie vie, quoi !

Je ne lis pas énormément de SF, la plupart des romans que j'ai lus étant les "classiques" que l'on étudie à l'école (mais tout de même, j'ai quelques romans de prédilection, comme Solaris de Stanislas Lem qui est mon roman SF préféré...). Je suis donc sortie de ma zone de confort habituelle pour me propulser dans cette histoire d'amour dans l'espace, qui m'intriguait, et qui a le chic d'éviter les clichés tout frais moulus des romans à l'eau de rose pour sonder les questions sur la liberté, l'individu, le sacrifice, le couple, la famille, la responsabilité, la manipulation, le mensonge, les illusions, la société et tant d'autres choses. "Tu m'as toujours appris qu'il était essentiel d'être soi-même, qu'il fallait assumer la responsabilité de ses actes. Est-ce qu'obéir aux lois ne fait pas partie de ce qui peut être librement remis en question?"

J'ai aimé les références littéraires de ce roman, avec Shakespeare (Laërte, le nom du vaisseau spatial de Max et Carys, est une référence à Hamlet, comme ils le soulignent eux-mêmes), mais aussi Oscar Wilde, au détour de quelques lignes ("Alors, si j'étais un spécialiste en communication, mon nom serait Oscar ? Parfaitement, et j'imagine que le nom du vaisseau serait une référence à Oscar Wilde" ♥) et peut-être du titre. Bien évidemment, on ne peut que penser à Orwell, Wells et aussi au film Gravity. On croise même quelques ballades irlandaises. Et Cary est galloise ! Donc ça ne peut être que bien !

Une fois ouvert, on a du mal à reposer ce roman avant de l'avoir terminé : le suspense vous entraîne d'une page à l'autre, du présent au passé, au grès des expériences de Max et Carys dans l'espace pour tenter de survivre, et de leur vie terrestre en Europia. Je l'ai dévoré en deux jours (476 pages pour la version papier!).
Le point d'orgue arrive aux six minutes restantes qui tournent en boucle, se répètent, changent de perspective, vous font un peu tourner en bourrique. "Six minutes : le temps de cuire un oeuf mollet, le temps pour un couple moyen de faire l'amour. le temps qu'il a fallu pour déciment entièrement New York." Il y a des surprises et la fin vous oblige à revenir en arrière.

Si vous aimez les histoires d'amour, les sentiments intenses et vrais sans le côté mièvre, les trucs flippants aussi, ce roman est pour vous ! Ce premier livre de la Britannique Katie Khan est un mélange intéressant.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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