« ce philosophe moderne inventeur d'une nouvelle preuve de l'immortalité de l'âme, mais incapable en danger de mort de la prouver faute d'avoir ses notes sous la main »
"L'innocence est ignorance et l'homme n'est pas encore déterminé comme esprit, mais l'âme l'est dans une unité immédiate avec son être naturel" p.45
« Dans la vie assez souvent on vous parle de sérieux, celui-là le devient sur la dette publique, l’autre sur les catégories, un troisième sur le rôle créé par un acteur etc. que le sérieux se loge à telles enseignes l’ironie le découvre et y trouve de quoi faire car toujours devenir sérieux hors de propos est comique (...) Quand au contraire on est devenu sérieux au bon endroit, on prouvera justement la santé de son esprit en sachant traiter n’importe quoi aussi bien par sentiments que par blague. »
On dit d’habitude que le paganisme habite le péché, peut-être serait-il plus juste de dire qu’il habite l’angoisse. Il est d’une façon générale la sensualité, mais une sensualité ayant un rapport à l’esprit, sans pourtant que l’esprit au fond soit posé comme esprit. Mais ce possible, c’est de l’angoisse.
L’individu depuis Adam est, comme lui, une synthèse que portera l’esprit, mais une synthèse déjà dérivée, et où par là même, est posée l’histoire du genre humain ; de là cette variabilité de l’angoisse dans l’homme depuis Adam. Cependant son angoisse n’est pas celle du péché, la différence entre le bien et le mal n’existant pas et ne naissant qu’avec la réalité de la liberté. Si cette différence existe, ce n’est que comme une idée pressentie mais qui peut à son tour tirer de l’histoire du genre humain une importance variable.
Malgré cela l’angoisse ne devient jamais une tare, au contraire il faut dire que plus l’homme a de primitivité, plus l’angoisse a de profondeur chez lui, parce que cette donnée préalable de la peccabilité qu’implique sa vie individuelle du fait même qu’il entre dans l’histoire du genre humain, il faut que l’homme se l’approprie.
Dès l’instant où, avec la peccabilité, la sexualité a été posée, commence l’histoire du genre humain. Or comme dans ce dernier la peccabilité progresse par déterminations quantitatives, ainsi fait l’angoisse.
La superstition est incrédule envers elle-même, l’incrédulité superstitieuse envers elle-même.
Quel zèle industrieux, quel sacrifice de temps, de soins, de matériel à écrire dans l’effort des philosophes d’aujourd’hui pour parvenir à une preuve sans lacunes de l’existence de Dieu !
L’éthique n’est encore qu’une science idéale et pas seulement au sens où l’on peut dire que l’est toute science. Elle prétend introduire de l’idéal dans le réel, mais elle est incapable du mouvement contraire, de hausser le réel à l’idéal.