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Nelly Viallaneix (Éditeur scientifique)
EAN : 9782081214194
270 pages
Flammarion (30/04/2008)
3.88/5   21 notes
Résumé :

La Reprise - et non La Répétition, comme l'ont voulu, à tort, des traductions moins littérales - est l'un des textes les plus célèbres de Sören Kierkegaard. L'auteur songe à une reprise de ses relations avec Régine Olsen, son ancienne fiancée ; non pas à la reproduction de leur échec, mais à leur renouvellement. La reprise est cette " catégorie paradoxale " qui unit dans l'existence con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai lu plein de textes sur « La Reprise » et j'ai entendu plein de mecs parler de ce bouquin avant de le lire, si bien que le moment de la véritable confrontation fut anecdotique : je lus le livre comme un médiocre résumé des analyses auparavant farcies, l'histoire d'amour entre le narrateur et Régine ne réussissant guère à émouvoir les quelques corpuscules de Krause encore rattachés à mon cerveau.


Je vous confirme donc mon pressentiment : si vous avez tout compris du concept de la Reprise avant même d'avoir lu le livre, si vous l'avez compris parce que vous l'avez singulièrement éprouvé, ne perdez pas votre temps à lire cet essai narratif ; à la limite, écrivez votre propre version de la reprise et gardez-la pour vous, cela vaudra mieux pour tout le monde.


Si vous n'avez pas encore été confronté à ce concept, je vais essayer de le résumer brièvement pour vous éviter de perdre du temps (il y a beaucoup de livres à lire et vous n'aurez jamais le temps de tous les ingérer, ne l'oubliez jamais) :
- Lorsque vous draguez un être humain parce que celui avec lequel vous êtes actuellement commence à vous lasser (parce qu'en fait c'est de vous dont vous êtes en train de vous lasser, même si vous ne voulez pas le reconnaître), puis que vous réalisez que ce nouvel être humain est aussi insignifiant pour vous que celui dont vous souhaitiez vous évader, vous commettez une REPETITION. Dans l'Autre, vous retrouvez le Même. Vous vivez au stade esthétique : c'est la relation qui vous émeut et non pas l'être humain.
- Si vous vivez au stade éthique, vous avez consenti à épouser l'autre humain avec lequel vous avez lié des contrats moraux, sociaux, professionnels voire familiaux, malgré toute l'indifférence que vous éprouvez désormais (voire déjà avant) pour lui. Vous faites acte d'abnégation pour des principes que vous imaginez supérieurs, mais qui n'en sont pas, si on se met à l'échelle de l'univers. Et l'univers a toujours raison.
- Si vous lâchez toute cette merde sentimentale et si, à l'instar de Kierkegaard, vous consentez à ne plus jamais vous engager dans une histoire sentimentale médiocre avec un autre humain, vous effectuez alors le saut quantique qui vous transportera dans le stade religieux. Vous aimez à nouveau, mais vraiment. Dans l'Autre, vous quittez le Même et découvrez le véritablement Autre.


Le dernier stade est celui qui sera vanté tout au long de ce livre. Pas étonnant puisqu'on se souviendra que Kierkegaard, bousillant son engagement avec la Régine dont il avait toujours rêvé, s'est retrouvé merdiquement seul, pensant peut-être que sa dulcinée pleurerait son amour toute sa vie et se suiciderait –mais non, elle s'est simplement remariée. Il faut bien croire en l'amour d'un Dieu ou d'un idéal supérieur tout différent pour s'en remettre.


Il n'empêche, ce concept de REPRISE n'est pas à jeter et peut servir de base de réflexion qui vous éloignera des autoroutes habituelles. En effet, et c'est ici la conclusion à laquelle je voulais aboutir : rien ne sert de prendre la fuite pour reproduire votre schéma d'errance de prédilection si vous n'avez pas appris à déceler le mécanisme qui plante à chaque fois au fond de votre cerveau pourri.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Livre qui avec Craintes et tremblements analyse un événement important de la vie de Kierkegaard : la rupture de ses fiançailles avec sa compagne Régine Olsen. En effet, Kierkegaard entretenant une relation suivie avec Madame Olsen, préparant le mariage, étant en fiançailles depuis quelques temps déjà, décide d'un coup subitement de rompre les fiançailles et du coup de rompre tout court.
Episode mièvre dirons-nous bien loin de la philosophie.

Pourtant cet événement sera fertile pour le philosophe danois. Dans craintes et tremblements Kierkegaard interroge la notion de choix, et celle de dilemme lors de situations qu'on ne contrôle pas et s'appuie sur l'épisode d'Abraham et du bûcher pour l'illustrer. C'est une manière d'expliquer à Régine les raisons de son choix et de son tourment.

Dans la Reprise, qui cette fois-ci se sert d'une trame fictive, Kierkegaard veut exposer d'une autre manière la notion de décision et ainsi exprimer ses regrets à Régine. Malheureusement cela ne suffira pas, elle se mariera avec un autre tout en continuant à aimer le "philosophe maudit".

La fiction relate l'histoire d'un homme éperdument amoureux d'une femme, un poète qui s'en va trouver conseil auprès d'un philosophe qui va devenir son mentor pour la conduite de ses problèmes.
Le dilemme se résume à la problématique suivante : le poète n'est inspiré que lorsqu'il est seul, doit il sacrifier sa bien aimée pour exercer son art ou sacrifier son art pour sa bien aimée" ?

On retrouve là le dilemme de Kierkegaard pour la rupture de ses fiançailles. Tout le propos philosophique consistera à se demander quelle décision prendre et si décision il y a comment être sur qu'elle est bonne.

Reprise ou Répétition

éternel débat de la philosophie française. le titre original est Gjentagelsen. Au sens littéral il peut se traduire exactement des deux manières et donc il conviendra d'utiliser le sens que la philosophie de Kierkegaard lui apporte.
Actuellement le terme de répétition est préféré grâce au lobbying sérieux de Hélène Politis. Cependant les traductions les plus fidèles ou les plus reconnues celle de Nelly Viallaneix chez GF-Flammarion ainsi que celle plus ancienne de Tissot conservent et mettent en avant ce terme de Reprise.

La répétition est par définition une action ou un événement qui sans cesse existe ou agit de la même manière en renouvelant son action ou son existence. C'est la réitération d'une même action ou le retour d'un même fait, de façon constante et sans évolution.

La reprise est le fait de recommencer une action ou un événement en se succédant à une même action ou à un même événement mais en ayant l'expérience de ceux qui précèdent. Par exemple, j'ai travaillé tout le lundi, le mardi je ferai la même chose mais en ayant conscience du lundi.

Dans le second concept il y a deux notions qui sont essentielles :
- la temporalité
- la conscience de la succession.

Or quand Kierkegaard utilise le terme de Gjentagelsen, il l'utilise dans des exemples où l'homme fait consciemment la même expérience afin de savoir s'il décide la même chose à chaque fois. Mais également s'il ressent les mêmes émotions, s'il considère et perçoit la situation de la même façon etc.

Ce n'est donc pas une répétition qui se rapprocherait d'une conception plus platonicienne. Il y a bien une volonté de savoir, et de prendre conscience des choses en répétant une situation en effet mais plutôt en la reprenant avec le savoir acquis par la précédente tentative.

c'est pour cette raison que le terme de reprise me semble à moi aussi plus adéquate.

Du reste, c'est à mon sens la meilleure oeuvre de Kierkegaard. C'est la plus instructive sur soi car il y a une part de psychologie assez intéressante mais c'est également une excellente introduction à la façon de démontrer du philosophe.
Elle a l'avantage d'être assez courte, d'être bien écrite car narrée au travers d'une fiction et de demeurer très actuelle.

Un livre qui m'a énormément été utile dans ma vie. Et un chef d'oeuvre de la philosophie.
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Encore ! Kierkegaard reprend encore son thème fétiche de l'amour malheureux. L'histoire d'un jeune homme racontée par son confident, un certain Constantin Constantius, stoïcien revendiqué.
Rien de très original donc, quand on connait les appétences esthétiques de Kierkegaard pour exposer son éthique : le jeune homme tombe amoureux d'une jeune fille, mais sa mélancolie l'empêche de l'aimer… la tromperie s'installe, la culpabilité et le doute s'exacerbent, finalement la rupture s'effectue et le jeune homme fera l'expérience de ce que Kierkegaard nomme la Reprise. Un concept qui du point de vue psychologique pourrait se définir comme le recouvrement de soi, de son unité, la réappropriation de son histoire, dans un sens tout idéal.
Bien que toujours plein d'ironie, Kierkegaard se montre peut-être un tout petit peu moins louvoyant que dans ses autres oeuvres semi-fictionnelles. Il est plus explicite, par exemple sur son petit théâtre personnel et sa façon d'utiliser différents pseudonymes ou personnalités pour exprimer des idées qui peuvent paraître contradictoires.
D'un point de vue philosophique, la Reprise est à la pensée de Kierkegaard ce qu'est la synthèse à la dialectique hégélienne : la résolution d'une crise. Sauf que ça n'a rien à voir avec une synthèse qui arriverait après les oppositions mais elle se situerait au coeur même et hors de la contradiction comme un changement qualitatif ; et c'est véritablement une résolution, un choix, un devoir. Il prend l'exemple de l'incontournable livre de Job, ce bienheureux résolu, dans la révolte et la foi, au malheur.
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Dans La Reprise, Kierkegaard propose un échange épistolaire entre un maître et son élève, principalement autour de la possibilité d'une éventuelle reprise - c'est à dire à "recommencement augmenté ou au moins égal" - et sur les modalités de son déploiement. Pour trancher sur cette question, le Maître décide de se rendre à Berlin, ville où il se souvient avoir passé des jours agréables et où il compte donc en passer de nouveaux. "Je devrais aller à Berlin, où j'ai déjà été une fois ; je vérifierai si une reprise est possible et ce qu'elle peut signifier".
Mais une fois à Berlin, le Maître n'y trouve que des déceptions.
(J'invite le lecteur curieux à lire la suite de ce petit propos sur le blog.)
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
[…] La reprise est le terme décisif pour exprimer ce qu’était la « réminiscence » (ou ressouvenir) chez les Grecs. Ceux-ci enseignaient que toute connaissance est un ressouvenir. […]
Reprise et ressouvenir sont un même mouvement, mais en direction opposée ; car, ce dont on a ressouvenir, a été : c’est une reprise en arrière ; alors que la reprise proprement dite est un ressouvenir en avant. C’est pourquoi la reprise, si elle est possible, rend l’homme heureux, tandis que le ressouvenir le rend malheureux […].
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Chaque possible du moi est donc une ombre qui rend un son. Ce moi caché croit aussi peu aux sentiments bruyants qu’aux chuchotements astucieux du mal, aussi peu à l’allégresse de la joie qu’aux soupirs sans fin de la tristesse ; le moi veut simplement voir et entendre de façon pathétique, mais, je le souligne, sa propre manifestation. Pourtant, il ne veut pas s’entendre lui-même réellement, et c’est complètement impossible. Le fait-il : à l’instant même le coq chante, les fantômes de l’obscurité s’évanouissent, les voix de la nuit se taisent. Si on les entend encore, c’est que nous sommes alors dans un tout autre domaine où la scène se passe sous l’angoissant contrôle de la responsabilité ; c’est que nous touchons au démoniaque. Alors, pour échapper à la perception de son être réel, le moi caché exige un milieu éphémère et subtil comme en offrent les ombres, où les mots bruissent dans une sorte de murmure sans écho. Tel est le milieu qu’est la scène, ainsi propre aux fantasmagories du moi caché.
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Alors, je compris tout sans peine. La jeune fille n’était pas la bien-aimée, mais l’occasion qui éveillait en lui le génie poétique et faisait de lui un poète. Aussi ne pouvait-il que l’aimer, sans jamais l’oublier, sans jamais vouloir en aimer une autre, sans jamais cesser non plus de languir après elle. Elle avait imprégné tout son être et lui laissait un souvenir éternellement jeune. Elle avait joué un grand rôle dans sa vie en le rendant poète ; mais, par là même, elle avait signé son propre arrêt de mort.
La situation du jeune homme devenait de plus en plus pénible à mesure que le temps passait. Sa mélancolie le dominait de plus en plus et sa vigueur physique se consumait dans la lutte où son âme était engagée. Il voyait la jeune fille malheureuse par lui, sans qu’il eût conscience d’aucune faute ; mais cette absence totale de culpabilité où il se rendait coupable du malheur de la jeune fille lui était un scandale qui portait sa passion à la furie.
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Dans l’individu, la reprise se montre aussi comme tâche pour la liberté lorsqu’il s’agit de sauvegarder sa personnalité de la volatilisation et d’être pour ainsi dire gagée dans l’évènement. A l’instant où il apparait que l’individu risque de se perdre dans l’évènement, le destin, de se perdre sans cesser le moins du monde d’être contemplatif, mais en faisant passer la liberté dans des fractions de vie sans laisser un reste, à ce moment, le problème se pose, non à l’agrément souverain de la contemplation, mais à la soucieuse passion de la liberté.
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Celui qui sait se taire découvre un alphabet avec autant de caractères que celui dont on se sert couramment. Il peut donc tout exprimer avec son parler de hors-la-loi ; nul soupir si profond qu’il n’y trouve un rire en réponse ; nulle prière si indiscrète qu’il n’y trouve le trait d’esprit exauçant la demande. Pour lui, viendra l’instant, où il croira qu’il va perdre la raison. Ce n’est pourtant qu’un moment, quoique terrible. C’est comme la fièvre la nuit, entre onze heures et demie et minuit : à une heure on travaille avec plus d’entrain que jamais. Si l’on endure cette folie, sans doute aura-t-on la victoire.
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