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Critique de grm-uzik


"Danse Macabre" est un de mes recueils préférés puisque c'est aussi un des premiers que j'ai lu dans les années 90. Jadis, je le lisais tard le soir, seul dans mon lit, à la lueur d'une petite lampe de chevet et la fenêtre grande ouverte par une chaude nuit d'été.
L'ensemble des nouvelles sont incroyablement variées, les concepts sont amusants, contenant une bonne dose d'humour pour aller de pair avec la tristesse et notamment la terreur. le Maître nous transporte encore une fois du comique au tragique, de la joie à la peine et nous fait comme toujours, directement entrer dans l'intrigue. Vingt nouvelles en forme d'inventaire de nos peurs les plus enfouies, vingt récits serrés, efficaces et terrifiants, dont les chutes diaboliques résonnent comme un ricanement grinçant tout au fond de notre esprit. Voici donc mon avis personnel sur les vingt petites perles Kingiennes dont quelques unes sont vraiment géniaux et d'autres un peu moins.

- "Celui qui garde le ver" : Je suis directement tombé sous le charme de cette nouvelle au style épistolaire et au influence Lovecraftienne qui est également une préquelle à "Salem". Je trouve déjà que la forme, les lettres qu'écrit le protagoniste et les extraits du journal de son majordome, offre un excellent effet qui immerge tout à fait dans le XIXe siècle. Et de plus, cette nouvelle contient une vraie angoisse, une menace latente, sourde et diffuse qui à mon sens, est tout juste vraiment parfaite. Une excellente mise en bouche pour la suite que l'on connaît aujourd'hui avec "Salem". Une totale réussite magistrale, servie avec une chute réjouissante.
- "Poste de nuit" : C'est une histoire typique des débuts Kingiens, où le banal sert d'assise au fantastique et à l'horreur pure. le genre d'histoire que l'auteur aurait du mal à écrire aujourd'hui et qui marque bien la différence entre un Stephen King "jeune" et à celui qu'il est devenu de nos jours, c'est-à-dire, plus mature. Une nouvelle efficace, dégueulasse par certains aspects, glauque à souhait et assez trash, surtout la façon dont les rats sont décrits. J'ai bien kiffé.
- "Une sale grippe" : Mouais, mouais... Une nouvelle qui est plutôt une prémisse au roman "Le Fléau" d'une certaine façon, que le Maître avait
essayé de rendre originale par un traitement des personnages et des dialogues et qui en fin de compte, ne m'a pas vraiment emballé. On ressent l'ambition du jeune auteur qui aurait essayé de se démarquer tout en nous offrant autre chose qu'une simple histoire de pandémie "fin-du-mondesque" mais qui au final, manquait un peu le coche tout en faisant trop. Je n'ai pas accroché, mais la note d'intention est là.
- "Comme une passerelle" : En revanche, celle là j'ai bien kiffé. Un sujet assez original et traité de façon comme l'histoire précédente mais
d'une manière différente. L'idée de la "passerelle" humaine pour des êtres d'un autre monde, avec ces yeux monstrueux qui poussent sur les mains,
est assez aberrante dans son genre, je trouve. J'ai beaucoup aimé aussi le côté totalement étranger des choses les plus banales de notre quotidien, vues par des aliens... tout cela doit leur sembler étrange, mystérieux et invraisemblable... terrifiant ! Comme à l'accoutumée, Stephen King a toujours su trouver les mots adéquats pour retranscrire cette bizarrerie, cette "horreur" avec son talent et sa verve coutumière. Une très bonne histoire.
- "La presseuse" : Hum, bof. Autant la première partie de l'histoire était assez excitante et sordidement macabre, autant j'ai trouvé que la
suite la plombait, avec ces trips de démonologie-exorcisme complètement à côté de la plaque (c'est juste mon opinion personnel hein). Je ne dis pas ça parce que je suis athée, mais simplement parce que le Maître ne m'avait jamais habitué à ça et que j'ai trouvé cet aspect un peu trop "terre-à-terre" - dans le domaine du fantastique - et "facile". Ça fait un peu trop grosse ficelle de série B et indigne de l'imagination fertile d'un auteur qui a toujours su créer et prendre des chemins inattendus pour nous terrifier. Eh bien là je dois dire, même mes petits doigts de pied n'ont pas frémi. Dommage.
- "Le Croque-mitaine" : Sympathique histoire assez horrifique mais pas renversant non plus. J'ai eu comme l'impression de regarder un épisode pas
très inspiré des Contes de la Cryptes. Mais heureusement que la qualité de la plume est bel et bien là, même si je n'ai pas adhéré à fond à la trame. A une exception près, la fin est assez terrifiante.
- "Matière grise" : Là on retombe sur du très bon King, flippant et un poil glauque, on croirait presque sentir l'odeur de la moisissure et entendre le son spongieux de la "chose" infestée par ce mal étrange. Aucune réelle explication n'est donnée, on suit seulement la transformation progressive du bonhomme en cette chose informe qui donne la nausée. Flippante, bien écrite et plutôt dérangeante par certains aspects - le "dédoublement" à la fin - cette histoire se boit comme du petit lait.
- "Petits Soldats" : Marrant. Je ne vois pas quoi dire de plus sur cette sympathique petite nouvelle, qui pourrait s'avérer complètement anecdotique s'il n'y avait pas ce petit côté cruel et méchant, amené par la plume toujours aussi prenante du grand bigleux du Maine.
- "Poids lourds" : Une esquisse de huis-clos apocalyptique très réussie ! A la base le pitch ne m'emballait pas plus que ça, que je trouvais l'idée plutôt plate et sans intérêt. Et pourtant, dès les premières lignes, j'ai été happé dans cette histoire de destruction mécanique et assez pernicieuse dans son genre, où les véhicules sont habités des plus malveillants desseins. Les passages où les trucks se mettent à "barrir" (avec leurs klaxons) et à "dialoguer" avec les assiégés m'ont vraiment fait froid dans le dos ; et je ne parle même pas de la fin, pessimiste à souhait. Bref, cette nouvelle est vraiment horrible, menée de main de maître par un Stephen King qui sait toucher la corde sensible. Excellent !
- "Cours Jimmy, cours : Un concept plutôt intéressant mais dont j'ai trouvé le traitement un peu bancal, comme dans "La Presseuse". le King et l'ésotérisme oui, mais le King et la théologie de comptoir, non ! Mais pour rattraper le tout, je dois dire que j'ai quand même bien aimé le portrait du héros, hanté par son passé et poussé à des actes assez extrêmes pour enrayer le processus. Bien, mais pas suffisant pour rattraper le sentiment mitigé que m'a inspiré le reste.
- "Le Printemps des baies" : J'ai eu du mal à accrocher à celle-ci, malgré une atmosphère mélancolique et brumeuse assez réussie. Mais ce récit ne jouant surtout que pour son "twist" final (et vu que celui-ci m'a semblé assez convenu), j'ai eu du mal à rentrer dedans. Mais au niveau de la plume et du style c'est du tout bon, s'émancipant un peu du style fantastique-horreur basique. Donc je dis oui sur la forme, mais moyen sur le fond - c'est déjà pas si mal après tout.
- "La Corniche" : Quel beau saligaud ce Steevie ! Était-ce possible d'écrire une histoire aussi vicieuse ? Venant du Maître, ça ne devrait pas m'étonner, mais celle-ci est quand même bien perverse dans son genre. Et honnêtement, je m'attendais pas à ça et j'ai été très agréablement surpris. Tension constante, Némésis crapuleuse à souhait et ambiance "sur la corde". Une intrigue savoureuse.
- "La Pastorale" : Tordue et plutôt plaisante dans son genre, cette nouvelle est aussi l'occasion pour le King de rendre hommage à une de ses grandes influences. C'est assez grotesque et décalé par rapport au reste, mais aussi un brin malsain et c'est tout à fait le genre de sentiments que j'aime ressentir en lisant du fantastique. C'est du très bon.
- "Desintox, Inc." : On s'aperçoit dans cette nouvelle, toute l'ampleur du talent de notre conteur favori qui nous a pondu une très bonne
histoire avec un côté assez glauque et malsain, mais traité de façon bien différente, avec un petit soupçon de "Big Brother" ou de "The Box" bien flippant, avec ces dernières lignes aussi sombres que les poumons d'un cancéreux. Pernicieux et machiavélique à souhait. J'ai absolument adoré.
- "L'Homme qu'il vous faut" : Là par contre, on est (pour moi en tout cas) dans le domaine de l'anecdotique ; en plein dans le mille. Des idées sympas mais je n'ai pas du tout adhéré. Une prochaine fois peut-être ?
- "Les Enfants du maïs" : Partant d'une introduction simple et à priori "inoffensive", le récit ne cesse de franchir peu à peu les grades d'une
folie collective et meurtrière. Ça aurait pu être une histoire cliché et baignant dans un bain de sang inutile, mais à la place, elle se transforme en survival cru et viscéral, rendue assez dérangeante par les gosses. On est dans la folie propre de ces régions rurales et reculées, où la loi et la raison n'ont pas droit de cité. Et cette espèce de "totem" monstrueux à la fin, dont on ne connait pas trop l'origine, renvoie au symbolisme halluciné de cette communauté religieuse qui a littéralement pété un plomb. On est dans la fiction, mais quand on voit les tueries dont certaines sectes sont à l'origine, on ne peut s'empêcher d'y songer. Peu probable, mais plausible néanmoins. Ça fait quand même froid dans le dos, n'est-ce pas ? En tout cas, c'est une nouvelle qui m'avait bien plu.
- "Le dernier barreau de l'échelle" : Attrayant pour l'écriture du King, mais je n'ai pas vraiment été pris dans l'histoire. A classer dans la catégorie des "histoire de" (hum... pourquoi pas, ceci dit ?). J'ai bien aimé quand même les passages de saut dans le foin. le Maître arrive toujours a restituer la beauté des images, même dans les choses les plus simples, grâce à sa plume. Mais cela n'a pas suffit. Je pense que le registre "drame intimiste", n'était pas encore vraiment maîtrisé à l'époque. Ma foi, tant pis hein !
- "L'Homme qui aimait les fleurs" : Bof... elle est où l'histoire, là ? Je n'ai même pas envie d'en dire d'avantage que je me suis méga-ennuyé.
- "Un dernier pour la route" : Et là, je dis oui ! On retrouve le Stephen King fantastique qui prend son sujet à bras-le-corps, enthousiaste, ne faisant qu'un avec son histoire. Moi qui suis un grand amateur de vampire, j'ai trouvé l'intrigue totalement réussit et bien faite, avec un lien sympathique entre le premier récit du recueil et le roman "Salem". Dès le début de sa carrière, l'écrivain aimait se créer son univers propre, avec ses différents embranchements et ramifications, où on pouvait retrouver des personnages ou des lieux d'une histoire à l'autre. Et ça, ça me fera toujours autant plaisir. Puis sinon, la nouvelle se situe chronologiquement après "Salem".
- "Chambre 312" : Une histoire assez amère et douloureuse sur l'euthanasie qui dérange un brin, tout en nous mettant à la place du personnage. On le comprend, on n'adhère pas forcément, mais on ne peut pas lui jeter la pierre tant ses motivations sont simplement humaines. Mais ça n'enlève pas cet arrière-gout désagréable de la bouche, lorsqu'on ferme le bouquin. Au final, je ne sais pas trop si j'ai vraiment trop aimé cette histoire ou non, mais elle ne laisse pas insensible, là c'est sûr et certain.

En bref, chaque nouvelles sont des pures bijoux de virtuosité, assez courtes certes, mais quelques-unes sont Ô combien passionnantes et condensées d'angoisse et d'horreurs. Un recueil vraiment abouti avec des récits aussi variés que terrifiants puis des suspenses bien entretenus. Il est vraiment l'un des plus riches en émotions diverses. A lire au fond de votre lit avec en guise, une lampe torche. Enjoy !
Je le recommande hautement à tous les fans du grand Master King et à tous les amateurs de récits d'épouvante. Indispensable.
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