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Critique de Annabelle19


Dans End of watch, et après Finders Keepers qui introduisait de nouveaux personnages, on reprend le schéma de Mr Mercedes, en forme de lutte entre Hodges et Brady Hartsfield.

Brady a acquis de nouveaux pouvoirs et, depuis son hôpital où tout le monde le croit catatonique, il cherche le meilleur moyen de les utiliser pour faire le plus de mal possible autour de lui, tout en se vengeant dans le même temps de Hodges. le détective et sa partenaire, Holly, sont bientôt alertés par une série de suicides étranges, et qui semblent liés à Hartsfield. Brady va peu à peu déployer ses plans aussi astucieux que démoniaques, bien à l'abri derrière les marionnettes qu'il contrôle et la certitude de tous - y compris Hodges - qu'il est enfermé dans sa chambre d'hôpital ainsi que dans son propre corps, impuissant.

J'aime bien comment chaque roman de la trilogie a commencé par le massacre de City Center. Chaque fois, on se concentre sur un point de vue différent. Dans ce tome, c'est celui des secours que l'on suit, et l'horreur ressentie devant l'ampleur des dégâts. On nous montre aussi que, même des années après, l'attaque a laissé des traces, des vies ont été détruites pour toujours et des gens sont condamnés à souffrir toute leur vie.

Le danger posé par le jeu dont Brady se sert sonne tellement vrai : qui ne s'est jamais trouvé fasciné, malgré lui, par un petit jeu complètement stupide où il suffisait de regarder l'écran et de cliquer ici et là régulièrement ? C'est le genre de truc légèrement hypnotique qui nous fait perdre la notion du temps et nous donne l'étrange sensation que notre cerveau est aspiré par la machine, pour ne laisser que du vide à la place. Dans End of watch, les jeux deviennent réellement débilitants. L'analogie est inquiétante, en plus d'être extrêmement bien trouvée.

Dès le premier roman, Mr Mercedes, Brady m'a fascinée par sa capacité à élaborer des plans compliqués comme un joueur d'échecs. Ici encore, on voit comment il a construit patiemment sa machination, année après année, comme un architecte ou, mieux encore, une araignée qui tisse sa toile discrètement, lentement. Il se révèle plus maléfique que jamais grâce à ses pouvoirs qui le transforment en petit démon, un démon qui se perche sur votre épaule et vous murmure des choses à l'oreille.
Le roman s'intéresse particulièrement à son obsession du suicide, présente depuis le tout début, et qui est un moyen pour lui d'avoir le contrôle total sur les gens : il ne tue pas ses victimes de ses mains, il n'a même pas besoin de les toucher, il peut les forcer à mettre eux-même fin à leurs jours.
Les capacités qu'il possède font que les plans de Hartsfield ont gagné en ampleur : il a le moyen d'atteindre qui il veut, plus personne n'est à l'abri.

Son pouvoir est expliqué scientifiquement : il semble être le fruit d'expériences pratiquées sur lui pour remettre son cerveau en état. On n'est pas dans le surnaturel pur et dur, Brady n'a pas non plus vendu son âme au diable ou que sais-je encore. On conserve une part de réalisme malgré l'incursion dans le fantastique, et cela contribue à forger l'aura terrifiante de Hartsfield.

Le roman parle aussi de sujets délicats et bien ancrés dans notre réalité : le thème du suicide chez les adolescent qui, comme le livre le rappelle, est très répandu et constitue une véritable menace, et celui de la maladie, cet ennemi insidieux qui peut naître en vous et faire des dégâts mortels. Cette capacité qu'a Stephen King à jongler entre la terreur particulière causée par un individu unique en son genre et complètement dérangé, et celle, plus intime, plus quotidienne, présente autour de chacun de nous, de dangers tels que ceux-là, est ce qui donnera toujours une saveur particulière à ses romans pour moi. Un goût de vrai, parce que Hodges a beau vouloir éliminer sa Némésis avant qu'elle ne ravage le monde, il ne peut oublier, à aucun moment, le mal qui le ronge de l'intérieur et qui, au final, est bien le plus dangereux des deux.

Brady possède une aptitude fascinante pour repérer très vite l'étendue du mal qu'il pourrait causer grâce aux outils à sa disposition. Je me suis régalée de chaque plongée dans son esprit délicieusement tordu. On voit qu'il ne peut se satisfaire bien longtemps d'une vie simple, il a besoin de détruire les autres, d'avoir du pouvoir et du contrôle sur eux pour être heureux. Ce pouvoir qu'il acquière, on ne le verra pas une seule seconde s'imaginer s'en servir autrement que pour blesser ou terroriser ceux qui l'entourent. Brady ne pense qu'au mal qu'il peut faire, c'est tout ce pour quoi il existe.

J'ai préféré cet épisode au précédent, parce que Finders Keepers (Carnets noirs en français) était un peu une parenthèse dans le récit à mes yeux, et parce que je suis une grande fan de Brady Hartsfield (au cas où vous n'auriez pas remarqué) : les antagonistes dans son genre, intelligents et machiavéliques à souhait, c'est tout ce que j'aime !

La tension ne fait que grimper au fil des pages et le suspense va crescendo sur la fin, c'est le même schéma que pour les deux premiers tome, avec un enjeu de vie ou de mort et la nécessité d'aller vite, très vite. le final est une véritable apothéose qui nous colle à notre fauteuil.

J'ai trouvé la conclusion du bras de fer Hodges / Brady satisfaisante, même si j'aurais bien aimé quelque chose d'un peu plus ouvert, qui nous laisserait avec certaine craintes.
Bon, c'est sûrement ma tristesse de voir la fin de cette série arriver qui parle. Stephen King a, de toute évidence, voulu clôturer clairement cette intrigue avec laquelle il en a, visiblement, terminé.
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