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Critique de kuroineko


Est-il encore besoin de préciser que Stephen King porte bien son patronyme? Je suppose que non. Si les ventes gargantuesques ne signifient pas tout, il n'est qu'à lire la myriade de critiques élogieuses, rien que sur Babelio.

J'ai lu depuis l'adolescence bon nombres de ses romans et recueils de nouvelles. Je suis pourtant incapable de dire lequel est le meilleur. Même si, en toute subjectivité de lectrice, je sais lesquels sont mes préférés. Lesquels et non lequel car là aussi, ça m'est  impossible de poser une affirmation définitive.

La part des ténèbres occupe une place de choix dans ce classement. Je l'ai lu lorsque j'étais en seconde. J'avais alors beaucoup aimé cette histoire incroyable, surtout pour ses aspects horrifiques.
Sa relecture à 40 ans me permet de constater que ce roman n'a perdu ni en force ni en attraction. Si la technologie depuis sa sortie américaine en 1989 a fait des bonds de géants (clin d'oeil au taxiphone et autres cadrans téléphoniques  avant les touches clavier), le coeur du livre lui-même n'a pas vieilli, se tenant dans une sorte d'intemporalité. Et je remarque également que si j'aime toujours ressentir ce frisson face à l'épouvante, mon attention se porte plus sur la personnalité des personnages, les à-côtés de la narration, etc.

S'appuyant sur sa propre dualité littéraire avec son pseudonyme Richard Bachman, Stephen King crée une intrigue dans laquelle Thaddeus Beaumont, universitaire et écrivain dont le succès est plus d'estime que commercial, a eu recours pendant une douzaine d'années au pseudonyme de George Stark pour rédiger de sanglants (et enrichissants) thrillers. le secret menaçant de s'éventer, Thad décide d'en finir avec George. Un simulacre de funérailles avec pierre tombale en carton-pâte est organisé par un tabloïd dans le cimetière de Castle Rock, bien connu des lecteurs de King (la ville, pas le cimetière).
Sauf que, contre toute rationalité, George ne se montre pas d'accord avec cette mise en terre...

Avec autant de maestria que Karajan en son temps, Stephen King orchestre un récit terriblement immersif où thriller et paranormal se mêlent en d'incessantes et terrifiantes arabesques. le coup de maître tient dans les mots mêmes du titre puisqu'il joue avec cette part de ténèbres que tout un chacun dispose au fond de soi. Que peut donner cette ombre intérieure entre les mains d'un écrivain? La question de la création littéraire est un thème récurrent chez King puisque bon nombre de ses personnages sont écrivains (Sac d'os, Histoire de Lisey, Shining, Ça et j'en passe). Les affres de la page blanche, la création face à son créateur, l'alcoolisme qui semble guetter la moindre faille (cf. ses propos dans son ouvrage en partie autobiographique Ecriture). Pourtant loin d'être redondant, il arrive à donner à chaque fois un angle particulier à cette question. Comme ici en la fusionnant avec celle de la gémellité. Et bien d'autres éléments que je laisse la joie de découvrir (avec un mot à l'étymologie grecque) aux futurs lecteurs.

Même en relecture, j'ai ressenti toute la tension que King a instillée dans son roman. Les pièces se mettent en place les unes après les autres avec une redoutable efficacité. Il joue avec nos nerfs comme avec la vie de ses personnages. Il y a un côté hitchcockien dans La part des ténèbres où le suspense va crescendo. On sent ce malaise tendu qui nous laisse un frisson délectable le long de la moelle épinière.

Et il y a tant de plaisirs à retourner sur ces lieux familiers du Maine kingesque. Son roman comporte de nombreux renvois à ses précédentes histoires. En ayant lu les suivants, d'autres connexions s'établissent chez le lecteur attentif. Ce n'est pas qu'on rentre à la maison mais plutôt comme revenir sur un lieu de villégiature. On demande des nouvelles des résidents à l'année, on retrouve de vieilles connaissances ou au contraire on assiste à l'arrivée d'un gars qu'on a rencontré bien après. Ces allers-retours chronolittéraires forment un bonus fort appréciable. Et renforce la cohésion de l'univers de King.

Que du bonheur, en conclusion!
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