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Critique de Trollibi


J'avais quelques appréhensions en commençant la lecture de « Sleeping Beauties ». Un peu à cause de toutes les critiques mitigées voire carrément acerbes que j'ai pu lire. Mais surtout parce que j'avais peur d'être déçue : et si deux King pour le prix d'un donnait un roman surfait. Pourtant, le thème du roman m'emballait : que deviendrait le monde si toutes les femmes s'endormaient et que les hommes se retrouvaient seuls d'un coup ?

Alors, il est vrai que ce n'est pas du pur Stephen King… On sent bien qu'il n'est pas seul à écrire. Il y a quelques longueurs, c'est un peu lent au début et le suspens met du temps à se faire sentir…

Mais…

Tout de même, on perçoit, au détour de nombreuses pages, l'humour noir acéré du maître du fantastique ainsi que son regard critique sans concession sur la nature humaine.

On retrouve également de nombreux motifs présents dans d'autres de ses romans, comme autant de clins d'oeil, qui m'ont fait penser notamment à « La ligne verte » et à « ça » : le gardien de prison un peu sadique, le groupe d'ados qui joue les caïds, la folie, la petite ville tranquille au centre d'une manifestation fantastique qui dépasse l'entendement, où tout commence et tout finit, les papillons de nuit, un être investi d'une mission qui par son souffle peut guérir mais aussi apporter la mort.

C'est un vrai roman fantastique avec ce qu'il a d'angoissant par l'intrusion du surnaturel dans un monde on ne peut plus réel, à une époque qui est la nôtre. Et le suspense, même s'il s'installe relativement piano piano au début va crescendo, à tel point que j'ai parfois dû me forcer à poser le livre pour dormir ou pour effectuer mes tâches de la journée.

Et puis, il y a surtout une vraie réflexion sur le rôle des femmes, perçues comme celles qui contrebalancent, depuis la nuit des temps, la barbarie des hommes. Je me suis plusieurs fois surprise à penser que, si une femme avait écrit certaines lignes de ce roman, on l'aurait taxée de féministe vengeresse. Ici, ce sont deux hommes qui écrivent et qui rendent un bel hommage aux femmes me semble-t-il.

J'ai également beaucoup apprécié le jeu sur la symbolique, notamment dans le choix des différents animaux étroitement liés au phénomène surnaturel : courage, renaissance, libre arbitre, fertilité, immortalité. L'idée même de renaissance et de transformation du monde et de notre regard se situe dans les cocons qui entourent les femmes et dans les papillons de nuit. Si on s'arrête au texte seul sans creuser ce qui se cache subtilement, on passe à côté d'une partie du roman.

Bref, au final, c'est un bon King au carré que je suis contente d'avoir découvert et que je ne regrette absolument pas d'avoir lu. Sauf quand, lorsque je l'endors, quelque chose vient chatouiller ma joue ou mon nez...
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