AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de candlemas


Suite de mon commentaire du Livre de la Jungle tome 1 :

Dans le début du Livre 1er, le futur « roi » de la jungle fait son apprentissage, il doit se soumettre et apprendre… ou mourir… Par la suite, et dans le Second livre, cet ordre sauvage se heurte à celui des hommes ; Mowgli se trouve alors écartelé entre les deux mondes, le village indien ayant lui aussi ses bons (ceux qui suivent les lois) et les mauvais (ceux qui les contournent pour leur avantage personnel).
Après avoir mis le feu à la jungle par inadvertance, c'est tout naturellement que Mowgli rejoindra les sans-poils, avant d'être rejeté par ce monde, et de se muer en dieu vengeur et destructeur, non pour lui-même mais pour rétablir l'équilibre naturel, équilibre qui, malheureusement, ne cesse pour autant de se détériorer, la dernière nouvelle du second Livre laissant planer une ombre noire sur cet équilibre précaire… tel le dieu hindou Rudra-Shiva, Mowgli est l'élément destructeur –perturbateur en termes de narration-, qui rétablit l'ordre bienfaisant par la purification destructrice. Seul Bagheera, ayant lui-même connu les deux mondes, pourra suivre son enfant devenu quasi Dieu, à distance, tout au long du parcours, tandis que Baloo, le sévère pédagogue, reste ancré dans la jungle et ses préjugés. On notera de nombreux repères « religieux », comme ces mantras que la communauté animale répète inlassablement pour ne pas oublier la Loi.
Au-delà de ces mondes contrastés mis en scène, l'aventure initiatique de Mowgli –et les autres nouvelles aussi- invite petits et grands à tirer des leçons de vie, quel que soit l'environnement : apprendre de ses échecs, le caractère éphémère des choses, la lutte contre les tyrannies, la solidarité. La rencontre avec les singes se fait dans un no man's land caractéristique puise c'est là que se noue l'intirgue autour de la conquête de l'outil et du feu, symboles de la frontière entre les hommes et la nature. Mais, parce qu'il parvient, par ses efforts d'apprentissage, à se dominer lui-même, tel un saint, presque asexué et vierge, Mowgli s'impose à la fois hors et au-dessus de ces deux mondes, au-delà du limes, rappelant aussi aux hommes qu'ils sont soumis aux lois naturelles. L' "ordre" -ou désordre- climatique plane d'ailleurs bien au dessus des démêlées des ainmaux et des hommes...
Honnêtement, je n'ai pas gardé grand souvenir des autres nouvelles, pourtant majoritaires dans ces deux ouvrages. sans doute parce que, d'une part, j'ai ouvert le roman après avoir vu le Disney –comme la plupart des enfants nés après 67 j'imagine-, et, d'autre part, parce que j'ai lu dans la foulée d'autres nouvelles de Kipling faisant voyager en Inde et sur d'autres continents.
Mai, en quelques pages, Kipling y fait preuve d'un imaginaire débordante, et chaque fable y fait sens. Par son usage moral de l'anthropomorphisation des animaux, et l'exaltation de l'ordre et de la raison qui y transparaît, alors même qu'il ancre ses récits dans l'imaginaire et le réalisme anarchique tiré de la connaissance réelle des environnements qu'il décrit, grâce à ses voyages, Kipling est pour moi un curieux mélange de Jack London et de Jean de la Fontaine. Par ailleurs des poèmes enrichissent les deux livres, permettant au lecteur de s'imprégner encore plus profondément du monde si singulier, et plus complexe qu'il y paraît, de Kipling… comme un condensé des contrastes de son pays de naissance, l'Inde...
Commenter  J’apprécie          324



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}