C'était la fin de la saison fraîche, les feuilles et les arbres paraissaient vieux et fanés, et l'on entendait un bruissement accompagné d'un tic-tac saccadé lorsque le vent soufflait. Une petite feuille tapotait furieusement contre une branche.
Et il hurlait si haut que Tha l'entendit, et dit : "Quel malheur est-il arrivé ?" Le Premier Tigre levant son mufle vers le ciel nouvellement créé, si vieux maintenant, s'écria : "Rends-moi mon pouvoir, ô Tha. Je suis humilié devant toute la Jungle, et j'ai fui un Être sans poil qui m'a donné un nom déshonorant." - "Et pourquoi ?" dit Tha. "Parce que je suis souillé de la boue des marais", dit le Premier Tigre. "Baigne-toi alors, et roule-toi dans l'herbe humide, et si c'est de la boue, l'eau la lavera sûrement", dit Tha ; et le Premier Tigre se baigna, se roula encore, jusqu'à ce que la Jungle tournât, tournât devant ses yeux ; mais pas une seule petite raie sur sa peau n'était partie, et Tha, qui le surveillait, se mit à rire. Alors, le Premier Tigre dit : "Qu'ai-je donc fait pour que semblable chose m'arrive ?" Tha lui répondit : "Tu as tué le Chevreuil, et tu as lâché la mort à travers la Jungle, et, avec la Mort, est venue la Crainte, de telle sorte que maintenant, chez le Peuple de la Jungle, on a peur les uns des autres, comme tu as peur de l'Être sans poil." Le Premier Tigre dit : "Ils n'auront pas peur de moi, puisque je les connais depuis le commencement." Tha répondit : "Va voir." Et le Premier Tigre courut cà et là, appelant à voix haute le cerf, le sanglier, le sambhur, le porc-épic, tout le peuple de la Jungle ; mais ils se sauvaient de lui, qui avait été leur juge, parce qu'ils avaient peur.
LA CHANSON DE MOWGLI CONTRE LES HOMMES
Je lâcherai sur vous le prompt assaut des vignes,
Je sommerai la Jungle et je lui ferai signe !
Les ais crouleront, les toits
Au flot vert fondront, dissous,
Et l’amère Karela
Vous couvrira tous !
Aux portes de vos conseils mon peuple à moi chantera,
Aux poutres de vos greniers la Chauve-Souris pendra
Le serpent monte sa garde
Près de vos âtres souillés;
Et l’amère Karela
Rampe où vous aimiez !
Vous ne verrez point mes coups, vous entendrez mon armée
Et vous saurez que je viens avant la lune levée ;
Le loup veille vos troupeaux
Dans les pâtis effacés,
Et l’amère Karela
Germe où vous aimiez !
Car mes hordes avant vous auront gerbé vos moissons,
Vous glanerez sur leurs pas le pain que nous laisserons.
Mettez les cerfs aux charrues
Dans les labours dévastés
Et l’amère Karela
Pousse où vous semiez !
J’ai déchaîné sur vous les pieds noueux des vignes ;
J’ai dépêché la Jungle à l’assaut de vos lignes !
Les poutres s’écrouleront
Les arbres — ils sont sur vous.
Et l’amère Karela
Vous couvrira tous !
Par ton nouveau sentier, le leur,
Vers le seuil de notre terreur,
Où flambera la Rouge Fleur ;
Dans les nuits où tu rêveras,
Épiant le bruit de nos pas,
Nous, tes amis, restés là-bas ;
Les matins de triste réveil
Aux labeurs d’un nouveau soleil,
Cœur en deuil de matins pareils –
Par l’Eau, le Bois, l’Arbre et le Vent
Faveur de Jungle va devant !
Par l'Eau, le Bois, l'Arbre et le Vent, Faveur de Jungle va devant !
De par la Loi de la Jungle, est puni de mort quiconque se permet de tuer aux abreuvoirs une fois la Trêve de l'Eau déclarée. La raison en est que la soif passe avant la faim.
"They have no manners, these Men Folk," said Mowgli to himself. "Only the gray ape would behave as they do." So he threw back his long hair and frowned at the crowd.
C'est cela, le bruit du Printemps : cette sourde vibration qui n'est ni abeilles, ni cascade, ni vent dans les cimes, mais le ronronnement du monde heureux et chaud.
La course printanière
La chasse a été longue, mais il gît mort au milieu des buissons – un taureau dans sa seconde année – le Taureau qui te rend la liberté, Petit Frère. Toutes les dettes maintenant sont payées. Pour le reste, ma parole est celle de Baloo.
Elle lécha le pied de Mowgli :
- Souviens-toi que Bagheera t‘aimait, dit-elle.
Et elle disparut d’un bond.
Ma force m’a abandonné […]. Nuit et jour j’entends un double pas sur ma trace. Quand je tourne la tête, c’est comme si quelqu’un venait de se cacher au même instant. Je vais regarder derrière les arbres, et il n’y est pas. J’appelle et personne ne répond, mais c’est comme si quelqu’un écoutait et retenait sa réponse. Je me couche sans me reposer. Je cours la course de printemps, sans trouver le calme. Je me baigne, sans trouver la fraîcheur. […] J’ai la Fleur Rouge dans le corps, mes os sont tournés en eau – et – je ne sais pas ce que je sais.