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Citations sur La vie en gris et rose (15)

C'est ce jour-là, j'en suis à peu près certain, que j'ai vu mon premier étranger. A l'époque, après la fin de la guerre, dès qu'on en croisait un, pour nous, ça ne pouvait être qu'un occupant américain. Il allait aussi à Tôkyô.
Nous, on était debout, le paternel et moi, quand cet homme, eh bien, il m'a offert sa place assise. Aussitôt, je ne sais pourquoi, mon père s'est prosterné devant lui pour s'excuser. Je restais les yeux fixé sur cet inconnu qui m'apparaissait comme un dieu, uniquement parce qu'il était étranger. Donc, j'ai trouvé normal que mon paternel se confonde en excuses vis-à-vis d'un personnage de cette importance. Mais je me suis senti quand même tout bizarre.
Puis l'homme m'a donné des biscuits. Une boite entière. Et super bons en plus. Alors, je me suis dit : "Pas de doute, c'est un dieu." Et pourtant, c'était encore l'époque où les enfants demandaient 'give me gum' aux soldats américains.
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Les jours où le paternel rentrait bourré, je peux te dire qu'on les entendait de loin, ses kaaa. En pleine nuit. Parce qu'en chantant, il rajoutait toujours un ka au cul des mots dans ses chansons : les larmes kaaa...
Et les voisins de s'exclamer : "Encore ce Kikujirô qui a bu ! Décidément , c'est un bon à rien."
Quand elle le voyait débarquer dans cet état, ma mère râlait :
- Qu'est-ce qui t'arrive ? T'en fais un boucan, espèce de vieux détraqué ! Tu t'es encore saoulé, hein ?
- Détraquée toi-même ! Qu'est-ce que t'as à hurler comme ça ? répliquait-il en la tabassant.
Alors, elle se mettait à pleurer et immanquablement, elle nous appelait :
- Takeshi ! Masaru ! Venez près de moi. Venez par ici, mes petits.
Moi, je n'en avais aucune envie, mais ma mère me tenait par le cou et j'étais bien obligé de la suivre. Je n'étais ni son allié ni rien d'autre dans ce genre. Dans la pièce voisine, elle continuait de pleurer. Mais moi, je restais froid et distant. Eh oui !
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J'aime bien les libellules, les grandes surtout. En vol, elles ont l'air distant et arrogant. A mes yeux, elles symbolisent tous les genres d'insectes aux ailes transparentes qui vivent à proximité de l'eau.
A l'époque, elles me semblaient immenses. De la taille d'un avion. Je les trouvais impressionnantes, effrayantes même, tiens ! comme les B29 qui larguaient des bombes sur le pays pendant la guerre. Les copains qui osaient les tenir dans la main, pour moi, c'étaient des héros. Et ces libellules, de très précieux trésors.
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Quand on est arrivé à la maison, le paternel était en train de frapper notre mère. Une banale habitude dans leurs disputes conjugales.
Pitoyable. Vraiment affligeant, ce genre de scène.
Comme c'était dimanche et qu'il pleuvait, mon père n'avait pas pu aller travailler, et ma mère l'avait sans doute engueulé parce qu'il ne fichait rien. Pour toute réponse, il l'avait bourrée de coups de pied tout en buvant près de deux litres de saké. Et mon frère qui chialait, déçu de ne pas avoir pu acheter le gant. Je me suis senti obligé de pleurer, moi aussi. Quelle misère, je te dis pas !
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Je voudrais préserver indéfiniment ma sensibilité d’enfant. Aussi mature, aussi riche que je devienne, je veux rester intègre, fidèle à moi-même, à ma vérité. (p.127)
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Quand on est arrivés à la maison, le paternel était en train de frapper notre mère. Une banale habitude dans leurs disputes conjugales. Pitoyable, vraiment affligeant ce genre de scène. (p.73)
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La piscine : On mettait la tête sous l’eau, on nageait, on faisait la brasse papillon. Un jour, au milieu de toute cette agitation, il y en a un qui a fait caca.

-C’est dégoûtant ! a crié un habitué. Hé ! Quelqu’un a fait caca !
Le surveillant est arrivé avec une sorte de seau, mais il n’a récupéré que ce qui flottait à la surface. "Voilà c’st propre. Ca va maintenant", et il a remué l’eau.

Tout le monde a fait comme si de rien n’était. Les clients sont retournés dans le bain, l’air fataliste: "Bah c’est pas si grave."
Un vieux bonhomme a rincé son dentier. Beurk, les bains publics vraiment dégueulasses.
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Au début je n’avais aucune idée de ce qu’ils allaient faire. Donc, une fois, je les ai suivis. J’ai vu mon frère, accroupi sous un lampadaire, qui lisait un livre. Et elle, derrière lui, qui dirigeait sur les pages le faisceau de sa fameuse lampe. De temps à autre, il avalait une bouchée de riz. En découvrant la scène, je suis resté sur le cul ! Imagine ma mère à l’éclairer comme ça. Quand j’y repense, je trouve que c’était une famille vraiment démente. Donc, sans bien savoir pourquoi, je me suis dit que moi aussi, je devais me mettre aux études. Je suis rentrée à la maison et j’ai pris un manga au hasard. Et j’ai commencé à lire, comme mon frère.
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Dans ce temps-là, il neigeait souvent à Tôkyô. Avec mon attirail, je passais des heures dehors la nuit à m’amuser. Si j’arrivais à glisser sur deux mètres, c’était un exploit. Un gosse, tu sais ce que c’est hein? À la moindre descente sur une petite pente, je m’écriais : « Whaou, j’ai réussi! » (p.65)
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Mais il n'a jamais réussi à rattraper le moindre carassin, mon paternel. Et pourtant, qu'est-ce qu'il en a fabriqué des flotteurs, il y passait tous ses moments de liberté !
S'il buvait, c'est que des tas de choses ne lui plaisaient pas. Sa vie n'était pas bien drôle. En tout cas, il ne buvait pas par amour de l'alcool.
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