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Citations sur Mémoires (37)

Le surlendemain de notre visite à Lischka, nous sommes repartis dans la Mercedes de Harry Dreyfus, notre cameraman, pour le 554, Bergisch-Gladbacher Strasse. Il est 7 heures et il fait très froid. A 7 h 50, Lischka sort. Nous sommes plaqués contre une palissade tout près de la station de métro. Il est vêtu d’un grand manteau ; avec ce manteau, son chapeau, ses lunettes et sa serviette noire, il ressemble à un gestapiste.
Lischka s’approche de la station, mais traverse la rue dès qu’il nous repère. Il s’engouffre dans la rue parallèle à la ligne de tram en hâtant le pas ; puis il accélère vraiment. Nous le filmons à quelques mètres de distance. A ce moment, Lischka s’arrête et repart dans un sens, puis dans l’autre, tandis que nous sommes toujours à côté de lui. Il se met soudain à courir et nous courons à un mètre de lui, tout en le filmant.
Lischka fuyait dans sa propre ville, dans ses propres rues ; il se trouvait confronté tout à coup à son passé. La séquence que nous avons enregistrée ce jour-là provoquera en Israël une réelle émotion lors de sa diffusion, et passe aujourd’hui encore sur les télévisions du monde entier quand il est question du sort des criminels nazis.
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« Pendant quelques instants, je reste indécise. A chaque extrémité de la table, deux ou trois membres du service d’ordre. Je m’approche de l’un d’eux en brandissant mon bloc. Je dois improviser.
Levant soudain la tête, je fais un signe discret de la main, feignant de m’adresser à une personne se trouvant de l’autre côté de la table. Je recommence. Puis, avec naturel, je demande au surveillant : “Je voudrais rejoindre un ami. Puis-je passer derrière les fauteuils ?” Il hésite : “Ce n’est pas un passage.” J’insiste. “Faites le tour par l’extérieur, on ne passe pas ici.” Je reste au même endroit et lance quelques sourires de l’autre côté. Il me tire légèrement par la manche en me disant : “Allez, passez, mais faites vite.” Je me glisse rapidement derrière les personnalités.
Au moment d’arriver derrière Kiesinger [chancelier fédéral, 1966-1969], il sent une présence et se retourne légèrement. Soudainement, mes nerfs se détendent. J’ai gagné. Criant de toutes mes forces “Nazi ! Nazi !”, je le gifle à la volée, sans même voir l’expression de son visage.
Ensuite, je me rappelle seulement que Bruno Heck [secrétaire général de la CDU] s’est lancé sur moi et m’a ceinturée. Derrière moi, j’entends Kiesinger demander : “Est-ce que c’est la Klarsfeld ?”
On me pousse, on me traîne vers une sortie.
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Quelle différence entre un nom et un prénom privés de leur date et lieu de naissance et un état civil complet ! Ajoutez la date de naissance et vous avez l’âge : la silhouette s’arrache au néant et prend forme. Avec le lieu de naissance, elle existe tout à fait, contre la volonté de tous les faussaires de l’histoire ; vous obtenez trace de son passage sur la terre : un extrait d’acte de naissance, une déclaration de décès.
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Je ne m’en sentais pas du tout responsable en tant qu’individu, mais, en tant qu’élément même infime du peuple allemand, je prenais conscience de responsabilités nouvelles. Ai-je eu la tentation de nenplus être allemande ?
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– Je ne tolère pas qu’un ancien nazi puisse devenir chancelier. Je l’ai giflé pour le marquer et pour faire savoir au monde entier qu’il y a des Allemands qui refusent cette honte.
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Il s’agit d’un drame de la civilisation occidentale… Il s’agit d’un drame de la nature humaine ouvrant de terribles perspectives sur l’infinie capacité de l’homme « civilisé » à faire le mal.
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La réunification est naturelle et souhaitable ; de plus, elle est inévitable… Nous voulons une réunification pacifique qui permette à l’Allemagne sans armes nucléaires d’être l’indispensable pont entre l’Est et l’Ouest.
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Le personnage que j'incarne est bien plus grand que moi, je le sais. En moi, il y a du noir de Barbie, ou de Kiesinger; il y a du gris de ceux qui, par indifférence ou par lâcheté, se résignent, par exemple, à l'impunité des criminels nazis ou à la répression de Prague. Il y a également le « blanc cassé » de ceux qui ne se résignent pas à tout cela et à bien d'autres excès tout aussi scandaleux, mais qui se contente de signer des pétitions pour apaiser leurs consciences révoltées. Pourtant, ce qui compte, ce sont les actes, blancs ou noirs, et le choix des principes qui mènent inexorablement à agir blanc ou noir. On peut très bien être un homme de valeur et s'égarer à suivre des principes qui conduisent à des actes noirs. Une fois engagé, le destin de chaque homme est figé par ses actes. Il devient blanc, noir ou gris, peu importe la teinte originelle de l'âme.
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La peur de l'hérésie mène au dogmatisme le plus lâche.
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Aujourd'hui encore, en 2014, une lettre postée de France parvient moins rapidement à Auschwitz, en Pologne, qu'un Juif en 1942.
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