AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Le Prince de Hombourg est un drame héroïque et romantique en cinq actes de l'éphémère mais flamboyant Heinrich von Kleist, auteur à la destinée et au tempérament presque aussi fantasque et baigné du sens de l'honneur que celui de son héros.

La pièce, terminée en 1811 en pleine tourmente napoléonienne, s'appuie sur des faits historiques réels datant de la guerre de Trente Ans entre Louis XIV et la famille d'Orange qui régnait alors sur les Pays-Bas. le Roi-Soleil étant entré en conflit contre ces derniers, le Prince Électeur du Brandebourg, Frédéric-Guillaume, vient combattre à leurs côtés contre l'encombrant souverain des Français.

Mais Louis XIV, pas en reste, prenant acte de cette décision, faisant jouer ses alliances, provoque l'entrée en guerre des Suédois contre l'Électeur du Brandebourg. Celui-ci se voit donc défié sur ses propres terres et appelle donc à combattre toute la fine fleur de sa noblesse, parmi laquelle palpite son bouillant cousin, le Prince de Hombourg.

À plusieurs reprises déjà, le Prince de Hombourg a fait parler sa fougue sur le champ de bataille. Ce n'est pas toujours très orthodoxe, cela ne suit guère les prescriptions du plan établi en amont, mais le plus souvent, cela emporte la victoire et même, avec un certain panache.

En outre, aujourd'hui se joue une bataille décisive. Chacun devra tenir le rang qui lui sera assigné. le feldmaréchal explique bien précisément l'ordre de bataille. Mais à la vérité, notre prince est un peu distrait... Son coeur bat pour la princesse Natalie, nièce de l'Électeur. Il en rêve même carrément la nuit, ce dont chacun, en haut lieu, a pu être le témoin à la veille de la bataille décisive car, bien qu'étant en plein sommeil, le Prince de Hombourg tressait une couronne de lauriers et s'imaginait aux bras de sa belle.

Le fait est qu'encore une fois, lors de la bataille, de Hombourg n'en fera qu'à sa tête et n'écoutera que sa fougue. Encore une fois, la victoire sera au bout, mais quelle est la part de chance dans la manoeuvre ? quelle est la part d'inconscience ? quels risques ont été encourus ? quel était le plus haut intérêt de l'État ? C'est ce à quoi l'auteur nous invite à réfléchir.

Les lois sont les lois et les règles de la guerre sont les règles de la guerre. Se targuant d'une parfaite impartialité et soumissions aux lois, l'Électeur décide de faire comparaître le Prince de Hombourg devant la cour martiale pour insubordination. Est-ce du bluff ? Est-ce du sérieux ? Quel genre de décision peut bien rendre un tribunal militaire de l'époque pour un tel forfait ?

Nul ne sait et ne comptez pas sur moi pour vous l'apprendre. Néanmoins, le fait est que voici le Prince derrière les barreaux et privé de son épée... Bref, le héros romantique par excellence, avec ses flammes, ses envolées lyriques, son sens de l'honneur exacerbé, l'iniquité d'un destin qu'il faut affronter, fort comme un roc il avance poitrine au vent, mais c'est pour mieux livrer à l'adversité ses nombreuses failles et points faibles...

Personnellement, j'ai bien aimé cette pièce, l'ai trouvée agréable mais sans plus, sans foudre, pas de celles que je juge mémorables. Je n'ai pas vibré autant qu'aux accents flamboyants d'un Schiller par exemple. Cette pièce — et notamment le rôle principal — fut rendue célèbre par une prestation mémorable de Gérard Philipe en Avignon dans les années 1950 et dont on trouve encore l'enregistrement sonore.

À voir donc si vous vous sentez des affinités pour ce genre de théâtre, pour les autres, probablement pas un indispensable. Mais quoi qu'il arrive, ce sera toujours à vous d'en juger car ce n'est là qu'un avis, non princier, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          590



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}