Citations sur Paresse pour tous (45)
La paresse pour en tirer quelque chose de réel et pas pour le fuir, ce réel. La paresse dans une forme d'action. Ouvrir un espace, des espaces, et s'en servir pour remplir sa vie. La paresse comme une idée de la liberté, de la non soumission aux contraintes du travail productiviste.
L’utopie peut-elle devenir réelle ?
Comme noir, je sais être militant, rappeler encore et toujours le racisme systémique qui irrigue la France de bas en haut, de droite à gauche. Mais comme écrivain, je veux qu'on me laisse libre de faire ce que je veux de ma parole. Je veux qu'un écrivain noir, qu'un poète noir, puisse ne jamais écrire sur la négritude, sur l’Afrique, d'où je viens pourtant - je veux pouvoir écrire des poésies sur le cap Sizun si je veux. Sur mon chien et sa truffe. Sur les oiseaux de Patagonie.
La paresse, ce n'est ni la flemme, ni la mollesse, ni la dépression. La paresse, c'est tout autre chose: c'est se construire sa propre vie, son propre rythme, son rapport au temps - ne plus le subir. La paresse au XXIe siècle c'est avoir du temps pour s'occuper de soi, des autres, de la planète: c'est se préoccuper enfin des choses essentielles à la bonne marche d'une société. C'est renoncer à l'individualisme, à l'égoïsme, à la destruction méthodique de notre planète. C'est ouvrir un espace; des espaces. C'est se poser.
Et même se re-poser: se poser à nouveau, chaque jour, la question de ce qu'on est, de ce qu'on veut faire, de ce qu'on doit faire. Ne plus être un robot allant travailler, s'usant la semaine pour dépenser son fric une fois le week-end venu, en drogues de toutes sortes (numériques, chimiques, matérielles, culturelles, peu importe, ce sont autant de misérables voyages consuméristes): on ne rattrape rien en dépensant l'argent qu'on a gagné en étant privé de sa vie. C'est déjà trop tard. On n'a qu'une vie: celle que vous êtes en train de vivre, là, aujourd'hui, maintenant. Ce n'est pas un brouillon, ce n'est pas une esquisse.
Il faut toujours garder à l'esprit que la fin du travail, ce n'est pas le loisir permanent. Ce ne sont pas les vacances tout le temps: c'est une autre articulation, au sein d'une journée, ou d'une semaine, entre vie et travail. Si tu travailles trois heures le matin, tu ne pars pas l'après-midi. L'idée, c'est que le temps que tu « récupères », je le dis entre guillemets, tu vas le «dépenser », encore entre guillemets, sur place.
- Localisme! triomphe Alphonse. Voilà un bon mot-clé.
On pourrait donc reformuler : la fin du travail, c’est la fin de la destruction de la nature. Voilà pourquoi on a un programme écologiste par principe. Même pas par idéologie. Il n'y a plus besoin d'idéologie. C'est écologiste par principe : il n'y a pas d'autre principe.
C'est déjà fini, et ça tombe bien pour Philippe qui a décidé de semer ses bulbes aujourd'hui: aulx (à soixante-sept ans, il a découvert, dans son Guide de l'autonomie au jardin que le pluriel d'ail était aulx - ravissement), oignons blancs, oignons rouges, échalotes. Il s'accroupit, ouvre un premier filet, celui rempli de tout petits oignons jaunes, de la taille d'une cerise, qui vont germer, grandir, jusqu'à arriver, l'été prochain, à leur taille finale : C'est son guide qui lui explique ça, qui lui explique tout, et Philippe aime se laisser prendre par la main et lire ces explications claires et rigoureuses.
Il apprend ce qu'il n'a jamais pu apprendre, bébé urbain des années 1950, enfant urbain des années 1960, adolescent urbain des années 1970, adulte urbain jusqu'alors.
La paresse, ce n'est ni la flemme, ni la molesse, ni la dépression. C'est se construire sa propre vie, son propre rythme, son rapport au temps : ne plus subir.
La paresse au xxi siècle, c'est avoir du temps pour s'occuper de soi, des autres, de la planète...
Et même se re-poser : se poser à nouveau, chaque jour, la question de ce qu'on est, de ce qu'on veut faire, de ce qu'on doit faire.
ll se souvient de sa formule qui lui avait beaucoup plu : la candidature d'après la fin des idéologies, d'après le covid, d’après l’après.
C’est la force d'une démocratie : les gens vont voter pour ta gueule, à charge pour toi d’être celui qui construit ta fameuse révolution en douceur.