Tu n’as pas choisi revêtir l’armure maudite de Bartuc, Norrec Vizharan. C’est elle qui t’a choisi même si j’en ignore la raison. Quoi qu’elle ait fait, quelles qu’aient été ses œuvres néfastes, tu n’en es pas responsable. Tu es innocent et donc, tu mérites de vivre.
Il avait laissé les montagnes loin derrière lui... sans pouvoir vraiment se rappeler comment il avait voyagé si loin et si vite. A un certain moment, Norrec s'était évanoui d'épuisement mais, à l'évidence, l'armure avait continué. En dépit du fait qu'aucun de ces efforts n'avaient été le sien, chacun de ses muscles hurlait de douleur, chacun de ses os était comme brisé. Les lèvres desséchées, le corps en sueur, il ne rêvait que d'une chose : se débarrasser de cette armure. Un rêve impossible. L'armure faisait de lui ce qu'elle voulait.
- Celui-ci sait que l'armure est vraie ! Celui-ci sait qu'elle erre sur le monde des mortels ! L'humain ! Parle-moi de l'humain !
- Tout à fait ordinaire. Il n'a rien de spécial.
- Rien n'est ordinaire ! Décris !
- Un soldat. Des traits banals. Un simple soldat, probablement fils de paysans. Rien d'extraordinaire. Un pauvre idiot qui est tombé sur l'armure et qui n'a pas la moindre idée de ce qu'elle est.
Depuis qu'il était en âge de soulever une épée, il n'avait connu que la guerre. Autrefois, il avait eu ce qui ressemblait à une famille mais tous ses membres étaient à présent morts que ses idéaux. Il se considérait toujours comme un homme décent mais la décence ne remplit pas l'estomac.
Du coin de l’œil, Norrec vit son autre compagnon hésiter puis lever son arme pour l'attaquer. Une fureur comme il n'en avait jamais connue s'empara de lui. Le monde devint rouge sang... avant de plonger dans les ténèbres.
Et dans ces ténèbres, Norrec Vizharan entendit des hurlements.