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Critique de PG35


Comme Jeannette Bougrab ou Sonia Mabrouk, la journaliste Claire Koç dérange la bien-pensance : elle ne cadre pas avec l'image de l'immigré(e) qui crache sur une France prétendument raciste et islamophobe. Bien au contraire, elle aime la France, son mode de vie, sa langue, sa culture. Et elle le dit. D'où l'omerta d'une large part du microcosme médiatique.

Fille d'immigrés turcs, elle est arrivée en France à l'âge d'un an. Son père est maçon et sa mère fait des ménages. La famille vit dans des cités HLM, à Rennes d'abord, puis à Strasbourg.

La diaspora d'origine turque se caractérise par une forte cohésion ethnique qui contribue, selon Jérôme Fourquet, à faire de la « communauté turque » un isolat au sein de la société française. L'endogamie atteint un niveau record : 93% des femmes descendant d'immigrés turcs en France épousent un conjoint turc ou d'origine turque. A titre de comparaison, les femmes d'origine marocaine sont 70% à épouser un homme de même origine nationale. Chez les femmes d'origine asiatique, ce pourcentage tombe à 27%.

Les immigrés originaires de Turquie diffèrent des immigrés Africains en ce sens que la langue française leur est totalement étrangère. Jusqu'aux années 80, les familles se groupent autour des programmes télévisuels français, ce qui leur permet de se familiariser avec notre langue ; l'arrivée des paraboles leur permet de regarder les variétés et les films turcs, de se tenir étroitement informées de l'actualité turque et de ne plus s'intéresser à ce qui se passe en France. Çigdem – son prénom originel - Koç se sent à l'étroit dans cet univers replié sur lui-même. Elle aime l'école, a des amis français et entame des études supérieures. Son mode de vie est mal vu de sa famille. Elle raconte comment son entourage l'accuse d'avoir « trahi ses origines » quand elle demande sa naturalisation et abandonne son prénom pour celui de Claire. le point de rupture est atteint lorsqu'elle annonce qu'elle va épouser un Français chrétien. Ses parents et ses frères rompent toute relation avec elle. Plus surprenant, ce reproche est également mis en avant par des collègues journalistes qui s'obstinent à l' « essentialiser » à ses origines turque et immigrée et s'étonnent qu'elle veuille être considérée avant tout comme Française.

C'est un livre fort et courageux, voire iconoclaste. Très instructif, il mentionne au passage certaines dérives du système français qui constituent autant d'obstacles à l'assimilation : ainsi le dispositif Enseignement Langue et Culture d'origine mis en place sans contrôle par l'Éducation nationale, ou le rôle ambigu de certaines associations d'aides aux immigrés. Depuis la parution, Claire Koç a été la cible d'attaques de la part de militants nationalistes turcs et a porté plainte pour "incitation à la haine, harcèlement et menaces de mort".



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