Mute sortit la tête du cadavre sanguinolent, observant attentivement les alentours. Puis, souriant, il rangea son couteau et se faufila à l’extérieur de l’estomac de son ancien ami. Du sang maculait le visage et les cheveux emmêlés de Mute, tachait ses vêtements. Le cow-boy s’essuya avec soin et se rinça à l’aide de sa gourde, avant de remettre son revolver à sa ceinture. Il observa ce qui restait de ses amis. Deux corps défigurés, démantelés, baignant dans un nombre incalculable de liquides colorés, visqueux et dégoûtants, chauffaient maintenant au soleil. Tout cela était vraiment triste.
Pourtant, Mute ne fut pas perturbé par ce qu’il voyait. Il se gratta le front, haussa les épaules, et s’élança joyeusement dans le désert
Il retira la lame de sa faux du ventre d’Axel. Celui-ci fit quelques pas en avant et s’écroula.
— Foutre ! Je t’avais dit de te tenir sage. Et regarde où on est. En plus, j’en ai foutu partout.
Il essuya sa botte contre le visage du jeune homme en souriant et enfonça machinalement la pointe de son arme dans sa tête. Celle-ci fut tranchée immédiatement en deux. Le sang gicla abondamment alors que la cervelle du jeune homme se répandait par terre.
Antoine ne quitta pas la scène des yeux, horrifié.
— Voilà. Ça, c’est fait, fit "l'autre" en levant sa faux.
Il déplia un long mouchoir blanc, le fit glisser sur son armure et cracha dessus. Il essuya la lame de son arme.
— Foutre ! fit-il en débarrassant la faux des dernières taches de sang. Je crois bien qu’on est les derniers. Si on récapitule, tous mes surveillants sont morts et mes affamés viennent d’exploser.
Il passa sa main à l’intérieur d’une petite sacoche grise attachée solidement à sa cuirasse et en sortit plusieurs pilules rouges.
Elle avait, d'abord, décidé d'arrêter de se dénigrer. Très vite, elle avait fini par s'accepter. Elle ne se mentait pas : elle savait qu'elle n'était pas une personne exceptionnelle. Mais elle ne s'en voulait plus. Elle était ce qu'elle était.
Jonathan avait toujours été pour le moins naïf. Maintenant qu’il approchait de sa dix-neuvième année, on aurait pu penser que la maturité l’aurait vite rattrapé et achevé son évolution. Mais il n’en était rien. Il semblait même que la maturité, après avoir reçu une bonne raclée, eut déclaré forfait avant de s’enfuir piteusement, la queue entre les jambes.
La scène avait quelque chose d'irréel. Elle ne savait pas si elle rêvait, si elle allait bientôt se réveiller, mais peu lui importait. Elle avait l'impression de se retrouver en compagnie d'un ami imaginaire avec qui elle avait toujours eu envie de discuter. Un être qui allait la protéger pour le restant de ses jours. Tout irait bien désormais, elle en était sûre. Tant qu'il serait là.