Livre unique pour un amour unique inoubliable.
Nikos Kokantzis né à Thessalonique en 1930 s'éveille à l'amour en compagnie d'une de ses compagnes de jeux, durant la guerre en 1943. La découverte de l'amour avec cette jeune voisine l'éblouit mais ce souvenir restera d'autant plus fort que
Gioconda est juive et sera déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas. le savoir dès le début n'enlève rien à la lecture de ce beau et émouvant petit livre, hymne à
Gioconda et hymne à la vie vécue avec d'autant plus d'intensité que les menaces environnantes en font goûter toute la fragilité et la beauté. Ce texte se lit comme un conte car on a l'impression que cet amour lumineux les enveloppe et les protège si bien qu'ils seront épargnés. C'est sans doute dû au désir de l'auteur qui réussit à lui donner un parfum d'éternité. Elle est devenue pour lui 30 ans après comme un rêve qu'il ramène à la réalité en écrivant.
«Et nous, qui ressentions l'horreur, l'exaltation de cette chose énorme qu'est la guerre, tous deux ensemble, nous vivions ces journées avec une intensité particulière, liée à notre amour, à notre découverte de la vie et de nous-mêmes. Nous sortions de chez nous le soir en cachette après l'heure du couvre-feu (certains pour l'avoir fait, s'étaient vus tirer dessus par les patrouilles allemandes), et nous nous retrouvions dans le terrain vague entre nos deux maisons, cachés par les hautes herbes et les buissons. (...) ce que nous faisions nous semblait passionnant, magique. Il n'y avait là rien d'excessif : l'heure la plus calme, pendant toute cette guerre, fut plus forte et bouleversante que le moment le plus intense en période de paix. »
«Quelque part en Allemagne de l'Est, des parcelles de ce qu'elle fut subsistent peut-être dans l'écorce d'un arbre, dans une motte de terre. (...) Les vents qui ont soufflé toutes ces années l'ont peut-être ramenée en Grèce et je l'ai respirée, qui sait, sans le savoir, en une union amoureuse. Les grands yeux gris, les lèvres douces, la peau si lisse, la voix rauque... le rire, le chagrin, l'amour, tout ce qu'Elle était.»