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4,23

sur 458 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Né en 1927 à Thessalonique, l'auteur n'était encore qu'adolescent lorsqu'il y vécut ce qui devait rester sa plus grande histoire d'amour. Lui et sa jolie voisine juive, Gioconda, s'aimèrent passionnément, jusqu'à ce que, en 1943, la jeune fille fût déportée avec sa famille à Auschwitz, pour ne jamais en revenir. Trente ans plus tard, l'homme mûr décide de raconter cette histoire, pour que jamais l'oubli ne l'efface.


Le monde devenu fou n'empêche pas l'amour de naître, et tout peut bien s'écrouler, ces deux-là n'ont d'yeux l'un que pour l'autre. Les persécutions antisémites s'intensifient, les bombes pilonnent la ville toute proche : rien ne vient entamer la magie de leur fusion amoureuse, alors que leur jeune innocence s'initie aux vertiges de leur toute neuve sensualité. C'est en ressuscitant l'ingénuité de la découverte, et sans doute aussi en idéalisant un souvenir poli par trois décennies de nostalgie, que l'écrivain revit dans ces pages ses tendres ébats avec celle que la tragédie devait figer à jamais dans une mythique perfection.


Cet amour paraît d'autant plus lumineux et déchirant, qu'il est impuissant à conjurer ce qui n'apparaît qu'en sombre filigrane du récit, dans un contraste cruellement impitoyable. Avant d'être définitivement arraché, le fragile voilage que l'amour du jeune couple interpose entre son intimité et la terrible réalité du monde laisse malgré tout discrètement entrevoir l'approche inéluctable de ce que tous refusent encore d'appréhender. Et si seules de brèves mentions en parsèment le texte, c'est bien le sort monstrueux de la ville de Thessalonique, alors majoritairement juive, qui vient gonfler l'inguérissable chagrin du narrateur et hanter son récit. Sur les dizaines de milliers de Juifs de la ville, seulement deux pour cent échappèrent à la mort...


Ce très court livre, qui n'évoque que la lumière pour mieux dénoncer l'indicible, est bouleversant. Quel plus beau et plus puissant contre-pied à l'abjection et à la haine qu'un indestructible amour ?

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il est jeune, c'est encore un adolescent.
Il habite dans un joli quartier de Thessalonique.
Il aime à la folie Gioconda.

Elle est un peu plus jeune que lui.
Elle est belle.
Elle habite à côté de chez lui, de l'autre côté du terrain vague où ils se réunissent avec leurs amis.

Cela a été la plus belle période de leur vie.
Ils se connaissent depuis l'enfance, et l'amour était déjà là, tapi dans l'ombre, prêt à exploser.
Le seul amour qui transporte, qui unit, qui transcende tout.

Une petite ombre au tableau : nous sommes sous l'Occupation allemande.
Et elle est juive...
Une petite précision : c'est une histoire vraie.

Nikos Kokantzis raconte sa propre histoire, dont il ne se remettra jamais totalement. Il s'en est délivré dans ce tout petit livre plein de sensibilité et de poésie. C'est une ode à l'amour, au vrai, où les corps et les coeurs s'allient dans la tendresse et la passion. Des regards plus appuyés au premier baiser, des caresses furtives à l'union totale, ce livre nous révèle le début d'un grand amour qui perdurera à travers les années, malgré les camps, malgré les douches, malgré les fours, malgré la mort.
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Livre unique pour un amour unique inoubliable. Nikos Kokantzis né à Thessalonique en 1930 s'éveille à l'amour en compagnie d'une de ses compagnes de jeux, durant la guerre en 1943. La découverte de l'amour avec cette jeune voisine l'éblouit mais ce souvenir restera d'autant plus fort que Gioconda est juive et sera déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas. le savoir dès le début n'enlève rien à la lecture de ce beau et émouvant petit livre, hymne à Gioconda et hymne à la vie vécue avec d'autant plus d'intensité que les menaces environnantes en font goûter toute la fragilité et la beauté. Ce texte se lit comme un conte car on a l'impression que cet amour lumineux les enveloppe et les protège si bien qu'ils seront épargnés. C'est sans doute dû au désir de l'auteur qui réussit à lui donner un parfum d'éternité. Elle est devenue pour lui 30 ans après comme un rêve qu'il ramène à la réalité en écrivant.
«Et nous, qui ressentions l'horreur, l'exaltation de cette chose énorme qu'est la guerre, tous deux ensemble, nous vivions ces journées avec une intensité particulière, liée à notre amour, à notre découverte de la vie et de nous-mêmes. Nous sortions de chez nous le soir en cachette après l'heure du couvre-feu (certains pour l'avoir fait, s'étaient vus tirer dessus par les patrouilles allemandes), et nous nous retrouvions dans le terrain vague entre nos deux maisons, cachés par les hautes herbes et les buissons. (...) ce que nous faisions nous semblait passionnant, magique. Il n'y avait là rien d'excessif : l'heure la plus calme, pendant toute cette guerre, fut plus forte et bouleversante que le moment le plus intense en période de paix. »
«Quelque part en Allemagne de l'Est, des parcelles de ce qu'elle fut subsistent peut-être dans l'écorce d'un arbre, dans une motte de terre. (...) Les vents qui ont soufflé toutes ces années l'ont peut-être ramenée en Grèce et je l'ai respirée, qui sait, sans le savoir, en une union amoureuse. Les grands yeux gris, les lèvres douces, la peau si lisse, la voix rauque... le rire, le chagrin, l'amour, tout ce qu'Elle était.»
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Une histoire grecque, véridique et tragique.
Un premier amour, un amour de tout jeunes gens qui a pris ses sources dans leur enfance de voisins très proches, qui s'est épanoui sur une complicité spontanée, constante au cours des années qui les ont amenés à l'adolescence.
Un amour qui s'est révélé et s'est nommé alors que Thessalonique était occupée par les Allemands et subissait la guerre, les bombardements, les mesures anti-juives. Un amour partagé avec d'autant plus d'absolu qu'il se savait en danger.

Le lecteur n'a pas d'illusions : on sait dès les premières pages que Gioconda a été déportée. Et on comprend très vite qu'elle n'est pas revenue.

L'arrestation de Gioconda et de sa famille est un moment qui défie la raison. Les Allemands, « presque polis », attendent patiemment dans la cour, que les femmes préparent un paquet ou deux, rangent les choses qui traînaient, ferment les volets de la maison, confient quelques objets précieux aux voisins qui assistent à la scène, leur disent longuement adieu et que la famille, d'elle-même, se dirige vers le camion qui va l'emmener. La violence est là, cachée, tapie derrière cette scène, uniquement dans la connaissance de la menace qui vient de s'abattre.

Nikos Kokantzis écrit cette histoire, son histoire, plus de trente ans après la mort de Gioconda. La fin abominable de celle-ci et le temps écoulé sur la mémoire de l'auteur, pouvaient-ils permettre une autre écriture que ce texte éperdu, vibrant, désespéré ?
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C'est un petit livre dont la trame est simple : l'éveil de l'amour entre deux adolescents, amis depuis leur petite enfance, leur découverte du désir et ce dans un environnement hostile : la Grèce est occupée par les Allemands. il est écrit longtemps après par l'auteur, c'est son histoire qu'il nous livre, son premier amour pour une jeune juive qui sera déportée et périra dans un camp de concentration.
Trame simple mais le récit est prenant, la description de la genèse de cet amour, des premiers baisers, des premières caresses, de la découverte de leurs corps,
de leur premier rapport est belle, pure et juste.
Le dénouement tragique nous est dévoilé après quelques pages. Nikos Kokàntzis a écrit son histoire, et il le fait magnifiquement !
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C'est le récit d'un grand amour vécu sur une courte période dans un contexte menaçant.
Nikos et Gioconda se connaissent depuis l'enfance. La plongée dans l'adolescence s'accompagne de la révélation de leurs sentiments avec une intensité qui les submerge.
En arrière-plan, c'est la guerre, l'occupation de la Grèce, la queue aux magasins vides, l'humiliation publique des communautés pourchassées par les Nazis.
C'est un très beau texte, poétique, déchirant de mélancolie mais également lumineux et doux comme l'innocence.
Une belle découverte
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Parce qu'il ne l'a jamais oubliée, parce qu'il l'a cherchée dans toutes les femmes qu'il a étreintes depuis ce jour de 1943 où Gioconda a été emmenée pour ne plus jamais revenir, Nìkos Kokàntzis l'a immortalisée dans un magnifique récit où il relate sans pudeur mais avec beaucoup de respect leur initiation amoureuse à tous deux dans une Grèce puritaine et traditionnelle à qui la guerre a autorisé quelques libertés, tant qu'elles restaient secrètes. Bien entendu.

Dans une Thessalonique assiégée par les Allemands, deux enfants s'aiment. Ils ont dix ans. Puis, un jour treize.

La guerre est là, autour, menaçante. Mais l'amour est plus fort que la guerre, plus fort que les lois parentales, plus fort que tous les interdits religieux, plus forts même que la raison. Et c'est à cet amour que Nikos et Gioconda vont répondre. de toute leur âme. Avec le coeur. Mais aussi le corps. Parce que cet amour doit s'inscrire. Par des baisers, des étreintes, des caresses jusqu'à l'ivresse. Jusqu'à l'inéluctable.

Mais Gioconda ne reviendra pas d'Auschwitz. Et Nikos aura toute sa vie pour se remémorer le moindre détail. En a-t-il inventé certains au fil des trente années qui séparent l'histoire de l'écriture? Peut-être. Mais qu'importe. le récit de cette initiation amoureuse est à la fois sensible et sensuel. Un livre magnifique.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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L'auteur, de ce seul livre, raconte le grand amour de sa vie, sous l'occupation allemande, avec sa jeune voisine juive. Émouvant, poignant, sensuel, beau, bouleversant, dramatique, puissant, inoubliable.
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Je viens de lire Gioconda.
Récit fracassant. Lu d'une traite. Espérant l'impossible.
Ce livre, comme une urgence, qu'il reste quelque chose de cette jeune aimée, même après lui, l'auteur, Nikos Kokàntzis. C'est, paraît-il, son seul livre.
Il raconte une histoire vraie : la découverte de l'amour par deux adolescents de Thessalonique, elle est juive et lui chrétien, pendant l'occupation allemande. La jeune Gioconda et toute sa famille seront déportés à Auschwitz. d'où ils ne reviendront pas.

L'écriture est "naturelle", maitrisée et libre à la fois. le passé a habillé toute la vie de l'auteur.
Certains passages m'ont pris à la gorge comme celui qui narre la mort du pianiste, leur voisin, extraordinaire - une construction admirable - (et bien sûr, cet instant d'apothéose où les des 2 enfants vont faire l'amour sous les feux de la DCA - somptuosité de l'érotisme vécu à fleur de peau).

La vie écrit elle aussi des romans, n'est-ce pas !

Et puis le moment où la famille se prépare à accompagner les Allemands pour la mort, la façon dont c'est conté,... je ne trouve pas de mots...

C'est surtout l'innocence impudique sans notion de moral (quel bonheur!) qui subjugue...
Un livre à dévorer sur place !!
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"Gioconda" est un petit roman vraiment touchant. Ce récit autobiographique et unique de Nikos Kokàntzis nous emmène en Grèce, à Thessalonique, sous l'Occupation allemande, alors que l'auteur est en pleine adolescence.
Sa famille, catholique, est très liée avec celle des voisins, juive, sans aucune anicroche, mais plutôt sous le signe de l'entraide étant donné les restrictions liées à la guerre.
Les enfants des uns jouent avec les enfants des autres dans les champs qui entourent leurs maisons. Mais à l'approche de leurs quinze ans, les jeux de Nikos et de Gioconda vont prendre une toute autre tournure. C'est le début du désir et la naissance des premiers sentiments amoureux. Et pour le coup, ces deux-là vont, au fil des mois, s'aimer comme des fous...
L'auteur nous explique sans voyeurisme mais avec un souci du détail la découverte que fait l'adolescent de son propre corps, de ses premiers frémissements, puis du corps de l'autre et de leurs sensations partagées.
Alors que la Guerre gronde autour d'eux, Nikos et Gioconda auront réussi à "vivre en quelques semaines d'amour fou l'équivalent de toute une vie" (selon le traducteur, Michel Volkovitch).
Un amour beau et triste à la fois...
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