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Citations sur Retour à Birkenau (90)

Cette phrase, soixante-dix ans après, résonne encore en moi. "il y a des camions pour les plus fatigués." Dans ma naïveté, cette naïveté qui m'a peut-être sauvée et qui les a condamnés, je pense à mon père, amaigri par ces dernières semaines, exténué par le voyage, je pense à Gilbert, mon petit frère, qui n'a que 12 ans, à sa petite tête ébouriffée. Et je m'entends leur crier : "Papa, Gilbert, prenez le camion !"
C'est toujours ça qu'ils n'auront pas à faire à pied.
Je ne les embrasse pas. Ils disparaissent.
Ils disparaissent.
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Il y a quelques années, j’ai rencontré l’un de ces enfants de Bergen-Belsen, un monsieur déjà âgé. Ce qu’il m’a confié m’attriste encore : il haïssait sa mère, à l’époque. Pourquoi ? Les Allemands leur donnaient un pain pour quatre jours, afin qu’il ait une chance de survivre, sa mère était donc obligée de le rationner, de l’empêcher de tout manger d’un coup. Toutes les mamans faisaient ça, elles divisaient leur part en petites portions dans l’espoir de tenir le plus longtemps possible. Mais le gosse crevait de faim. Il avait 5 ou 6 ans, le pain était toujours planqué en hauteur, il suppliait sa mère : « Donne-moi du pain, il est là-haut. » Elle refusait. Il était trop petit pour pouvoir grimper. Alors, en secret, il la maudissait. Les dents serrées, il rêvait que les soldats venaient la tuer. Il faut vivre, après, avec ces souvenirs.
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Lorsque je suis arrivée à Birkenau par le convoi 71, avec Papa et Gilbert, le train était à un kilomètre de l’entrée du camp, c’était une route à travers un champ gris cendré. Aujourd’hui, on peut visiter cet arrêt, la Judenrampe. Des pavillons ont été construits le long de la voie ferrée. Je ne sais pas comment on a pu laisser faire ça, laisser des familles s’installer là où des milliers et des milliers d’enfants sont arrivés et ont été assassinés. Dans les jardins de ces maisons, se dressent des portiques, des balançoires, des toboggans.
 
Il n’y a pas une fois où je retourne là-bas, sur la Judenrampe, sans penser à eux, mon père, mon petit frère, Gilbert, mon neveu. La dernière fois, c’était en 2019, quatre-vingts ans après la déclaration de la guerre, j’ai songé : il y a soixante-quinze ans, quasiment jour pour jour, je ne les ai pas vus descendre du train. Je ne leur ai même pas dit au revoir.
 
J’espère que vous ne pensez pas que j’ai exagéré, au moins ?
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Moi-même, je le raconte, je le vois, et je me dis ce n’est pas possible d’avoir survécu à ça. Je vois et je sens.
Mais vous, qu’est-ce que vous voyez ? (p.22)

Elle dit : « La mort est rapide, vingt-cinq minutes. »
C’est très dur, ce moment.
Et plus dur encore d’apprendre dans quel état on retrouve les morts. Des années après ce premier voyage, pour les 70 ans de la libération d’Auschwitz, un rescapé des Sonderkommandos est là, qui nous raconte : les corps agrippés les uns aux autres, les plus costauds grimpés sur les plus chétifs, contre les murs, qui pensent qu’ils seront sauvés là-haut. Et une fois qu’on a retiré tous les cadavres pour laver le sol : le sang, les excréments, les bouts de peaux déchirés...Et pendant ce temps-là, pendant vingt-cinq minutes, vous en aviez qui jetaient les granules, qui observaient...Non, ce n’est pas possible. Pour moi, c’est trop. Ce n’est pas humain.

Aux élèves, je le répète : c’est la haine qui a fait ça, la haine à l’état pur. Les nazis ont exterminé six millions de Juifs. Souvenez-vous de ce que vous avez trouvé impensable. Si vous entendez vos parents, des proches, des amis, tenir des propos racistes, antisémites, demandez-leur pourquoi. Vous avez le droit de discuter, de les faire changer d’avis, de leur dire qu’ils ont tort.
Le font-ils ? (p.89)

J’espère que vous ne pensez pas que j’ai exagéré, au moins ? (p.91)
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La dernière fois que je suis retournée à Birkenau, c'etait au printemps. Les champs se couvraient de fleurs ,l'herbe était verte,le ciel limpide,on pouvait entendre les oiseaux chanter .C'etait beau.
Comment puis-je employer un mot pareil? Et pourtant, je l'ai dit ce mot,je l'ai pensé : 《 C'est beau.》
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La première fois que je me suis réveillée à Birkenau, j'ai vu des tas de chiffons aux coins de la baraque.
C'étaient les mortes de la nuit.
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Je décide de me faire la plus petite, de ne jamais me révolter, de tout accepter.
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Si un jour j'ai un enfant et que ça recommence, je l'étrangle de mes propres mains.
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Jusqu'ici nous étions encore des êtres humains.
Nous ne sommes plus rien.
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Et quand mes parents croisaient des amis dans la rue, si par hasard ils en venaient à parler yiddish, nous leur mettions de grands coups dans les côtes : "Parlez français, parlez français !" Nous ne voulions surtout pas nous distinguer comme le font les gens maintenant, nous voulions nous assimiler.
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