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Critique de Fabinou7


Koltès dira de ce dialogue qu'il n'était initialement pas écrit pour la scène. Cela me rappelle le mot de Yourcenar, dont le théâtre n'est pas célèbre, qui prétendait que l'on ne choisissait pas nécessairement ce genre littéraire pour la scène mais pour la forme dialoguée, sans intermédiation, que permet le théâtre. La pièce, puissante, sera adaptée dans les années 90 par Patrice Chéreau avec Pascal Greggory.

La prose du dramaturge français Bernard-Marie Koltès est savoureuse mais difficile, la structure, très travaillée, cadenasse parfois le fond, il faut recourir à la lecture à haute voix pour déverrouiller l'intrigue, par-delà les répétitions qui cadencent le propos.

Le Client : “Et j'attendais de vous, et le goût de désirer et l'objet d'un désir, l'objet, le prix et la satisfaction.”

Sous nos yeux un vendeur et un acheteur prennent tous les risques. L'appel d'un impérieux désir, d'un besoin inavoué, sous les hospices de l'obscurité.

Le Dealer : “Le soir est le moment de l'oubli, de la confusion, du désir tant chauffé qu'il devient vapeur.”

L'obscurité parce que nous fermons les yeux sur ce commerce. La rencontre d'une offre et d'une demande clandestine. D'une économie parallèle qui ne peut se réfugier derrière la loi si la transaction se passe mal, de peur de se trahir.

Alors on avance à tâtons, le dealer refusant de dévoiler sa came, et le client son désir, chacun essayant de faire sortir l'autre de son manteau de nuit. Espoir de vendre, promesse d'acheter.

“Un désir se vole mais il ne s'invente pas”. S'ensuit, “dans l'étrangeté de l'heure et l'étrangeté du lieux”, une ronde loquace - où les postures se succèdent, où l'ascendant change de camp, où l'on « se lèche un peu pour reconnaître l'odeur », comme des bêtes - autour d'un désir à valeur marchande – lequel ? le saura-t-on ?

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