À l'heure où on parle de la violence faite aux femmes,
Olivia Koudrine a pris tout son monde à contre-pied. Puisqu'elle a fait le choix difficile de traiter de la maltraitance, surtout psychologique faite aux hommes.
*
Bien sûr le pourcentage est infime, mais il existe et est bien réel. J'ai rencontré cette « violence » même, qu'a subi un de mes proches.
Alors vous pensez bien que ce livre, très bien écrit, a eu une grande résonance en moi.
*
Je fus bouleversé par ce roman moderne, surprenant et unique où l'auteure s'est inspirée de faits réels pour écrire son livre.
Son écriture est sèche, nerveuse et addictive. de sa plume très grinçante, cynique et crue, Oliva Koudrine a bien su décrire, avec des mots d'adolescente parfois, les justes ressentiments de Justine, le personnage central du roman.
Une jeune fille qui va se retrouver très jeune, face à des situations inédites et très déstabilisantes pour elle.
Une jeune fille qui devra vivre avec cette image désastreuse, dégradante d'une mère toujours grimaçante et jamais satisfaite de son mari et d'un père tristounet et effacé, qui s'était réfugié dans un immense mutisme.
*
Justine qui durant son adolescente et même après à l'âge adulte, sera prise en tenaille par plusieurs sentiments différents et contraires, qui auront de graves conséquences sur son équilibre psychique.
Elle en perdra par périodes, ses repères.
La jeune fille sera oppressée constamment par de la tristesse et surtout par de la colère, de constater cette injustice, en voyant cette mère si agressive, si castratrice, si méprisante. Une mère, un monstre, une Gorgone, une mégère, qui ne cesse de déverser sur son mari, sa méchanceté, son fiel, ses amertumes, sa jalousie, ses rancoeurs.
*
Malgré ce désir de protéger parfois ce père si faible, c'est une fois de plus de la colère et de la honte qui s'empareront de Justine. Et elle n'aura pas assez de mots durs pour décrire son géniteur.
Un père qu'elle voit comme une mauviette, comme un poltron, comme un pauvre mec qui ne sait pas et ne veut pas se défendre face aux invectives de sa femme.
Un homme malmené, maltraité, qui a préféré abdiquer depuis longtemps en faisant le dos rond, qui a choisi le silence pour bouclier contre la rage et l'humiliation journalières de son épouse.
Un homme qui mourra d'un cancer, comme une délivrance.
*
C'est un roman qui questionne aussi sur les rapports malsains, très ambiguës parfois et pervers qui existent dans un couple. Un roman qui interroge sur les êtres, sur leur pouvoir et sur leur emprise, et sur la victimisation.