Citations sur Olessia (11)
Je t’ai répété nombre de fois que l’homme peut ne pas croire, douter, se moquer même... Mais la femme... la femme doit être croyante sans raisonner. Je sens quelque chose de touchant, de féminin et de beau dans cette confiance simple et tendre avec laquelle elle s’abandonne à la protection « divine ».
Chapitre XI
La neige avait complètement disparu, sauf quelques restes boueux dans les creux du sol et les coins les plus ombragés de la forêt. La terre apparut nue, humide et, respirant le repos de l’hiver, pleine de sèves fraîches, ayant soif d’enfantements nouveaux. Une brume légère s’élevait sur les vastes champs noirs remplissant l’air de toutes les odeurs qui suivent le dégel, ces fortes senteurs printanières qui pénètrent et enivrent et restent si particulières même dans les villes. Il me semblait qu’avec ces arômes une tristesse était versée dans mon âme, cette tristesse du printemps, douce et tendre, grosse d’attentes inquiètes et de vagues pressentiments, tristesse qui enchante, fait paraître belles toutes les femmes et se nuance d’un sentiment indéfini de regret des printemps passés.
Chapitre IV
Je m’occupai ensuite de guérir les habitants du bourg. […] Malheureusement, il me fut le plus souvent impossible de formuler un diagnostic : je manquais de connaissances, et les symptômes de leurs maladies étaient toujours les mêmes chez mes clients : « j’ai mal au milieu », « je ne peux ni boire ni manger». […]
— Ne vous inquiétez donc pas, ils guériront eux-mêmes — me dit un jour le commis sous-officier. — Ça durcira… comme sur un chien…
Chapitre I
En Petite-Russie, enduire de goudron la porte de la maison qu’habite une jeune fille est un acte considéré comme déshonorant celle-ci à jamais.
Chapitre XII.
Le calme était profond, le silence d’une forêt, un jour d’hiver, sans vent. D’épaisses couches de neige faisaient ployer les branches donnant aux arbres un air enchanteur de fête. Par moment, un rameau tombait et j’entendais nettement, dans sa chute, le petit bruit sec avec lequel il heurtait les autres branches au passage. À l’ombre, la neige prenait des nuances roses et bleutées. Un doux ravissement s’empara de moi devant ce silence glacial et solennel... Je croyais sentir le temps qui s’écoulait lentement et sans bruit devant moi...
Chapitre III
Ces baisers des paysans me répugnaient profondément. (Il y avait même des moujiks qui se jetaient à mes pieds, luttant presque avec moi pour lécher mes bottes.) Ce n’était pas l’élan d’un cœur reconnaissant, mais une habitude rebutante née de siècles de servitude et d’oppression. Et je demeurais pétrifié en voyant avec quelle gravité imperturbable le commis sous-officier, et l’ouriadnik livraient leurs grosses mains rouges aux lèvres des paysans...
Chapitre I
J’avoue que le jour où l’on me proposa d’aller à la campagne, je ne pensais pas m’y ennuyer aussi intolérablement. Je partis même avec joie... « Poliessié... la solitude... l’intimité de la nature... des mœurs simples... des êtres primitifs », me disais-je en wagon, « un peuple qui m’est complètement inconnu, avec des coutumes étranges, une langue originale... et, certainement, une multitude de légendes poétiques, de traditions, de chants. »
Chapitre I
Je m'indignais parfois contre ma propre impuissance, contre la force de l'habitude qui m'entraînait tous les jours chez Olessia. Je ne soupçonnais pas moi-même les liens invisibles et puissants qui enchaînaient mon coeur à cette ravissante mais incompréhensible jeune fille. Sans songer encore à l'amour, je traversais déjà la période angoissante, pleine de sensations confuses, mélancoliques, qui en précède l'éclosion. Malgré mes efforts pour me distraire, l'image d'Olessia obsédait en tous lieux ma pensée ; tout mon être aspirait à elle ; au souvenir du plus insignifiant de ses gestes, de ses mots, de ses sourires, une exquise douleur me poignait.
- Oui, mon vieux, toute la vie humaine, de la naissance à la mort, consiste à se rencontrer et à se dire adieu les uns aux autres.
A l'ombre la neige se teintait de bleu, et de rose au soleil, je cédais peu à peu à l’enchantement de cette majestueuse et glaciale sérénité, je croyais sentir le temps passer devant moi à pas lents, silencieux…