Les romans de
László Krasznahorkai sont, en premier lieu, la forme complexe, immensément longue et subtilement trouble, par laquelle une vision apocalyptique, donc métaphysique du monde s'exprime qui, bien qu'elle concerne l'avenir, ne peut que s'enter dans un présent contraint d'accomplir des sortes de gyres, ces figures chères à
William Butler Yeats, et donc intimement lié à plusieurs époques d'un passé dont il faut parvenir à déchiffrer l'histoire symbolique, à la manière de
Léon Bloy.
Cette histoire ne peut qu'être le théâtre d'un combat invisible qui, nous dépassant, n'en réclame pas moins le concours des hommes, ce qui rapproche l'écrivain hongrois d'auteurs tels qu'
Ernst Jünger (1), dont les plus grands romans évoquent d'invisibles forces qui s'opposent, même si, à la différence de l'auteur d'
Héliopolis ou des Falaises de marbre,
Krasznahorkai, tout comme Kafka, n'hésite pas à ancrer ses textes dans la réalité la plus commune, celle des simples d'esprit et des déclassés sociaux, jusqu'au plus humble d'entre eux, le benêt Korim, archiviste de son état par exemple, que nous montrent avec tant d'humanité les films de Béla Tarr.
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