La mort est une question vitale

... chaque patient vous enseigne quelque chose. Et ce quelque chose ne concerne pas seulement la mort et le mourir, mais la vie et le vivant.

En vérité, les enfants mourants sont, sur le plan symbolique, de vieilles âmes pleines de sagesse. Bien plus sages que les enfants en bonne santé, élevés dans une serre. C'est pourquoi nous disons toujours aux parents : "Ne protégez pas vos enfants ! Partagez votre angoisse et votre chagrin avec eux. Sinon, ils deviendront des handicapés affectifs. Car, tôt ou tard, les plantes finiront par sortir de la terre, et alors elles ne pourront résister au froid ni aux intempéries."

Les enfants de neuf ans en phase terminale sont comme de vieilles âmes, dotées d'une grande sagesse. Tous les enfants atteignent cette sagesse, du reste, lorsqu'ils ont souffert, lorsque leur quadrant physique s'est détérioré avant l'adolescence.

... ne l'oublions jamais, l'opinion que les autres ont de vous, c'est leur problème, et non le vôtre. D'accord ?

Si nous nous montrions plus sincère, nous autres adultes, et si au lieu de transformer la mort en un horrible cauchemar, nous pouvions transmettre aux enfants ce que nous prouvons vraiment ; si nous n'avions pas peur de partager nos larmes et d'exprimer notre colère et notre rage (quand du mins nous avon quelque chose à exprimer), et si nous ne tentons pas en vain de protéger notre progéniture contre les tempêtes de la vie, les enfants de la prochaine génération pourraient alors affronter directement la mort et l'agonie.

Si vous voulez qu'une enfant vous dise la vérité, la seule chose que vous ayez à faire c'est de vous tromper. Tôt ou tard, il sera si énervé par vos questions stupides qu'il finira effectivement par dire la vérité (rires).
Mais vous ne pouvez pas tricher - en aucune manière. Si, par exemple, j'avais compris de quoi il s'agissait tout en feignant l'ignorance, elle m'avait tout de suite percée à jour.

Je n'ai pas de cabinet de consultation - parce que cela angoisse les enfants. Ceux qui peuvent marcher, je les reçois dans ma cuisine. Pas dans la salle de séjour, mais dans la cuisine, car celle-ci a une cheminée. A Chicago, en effet, le thermomètre atteint parfois quarante degrés au-dessous de zéro et il vaut mieux dans ces conditions être assis au chaud.

Lorsque vous vous retrouvez face à des enfants dont le père ou la mère est en train de mourir - et que la famille vous demande comment les préparer à un tel événement -, demandez-leur simplement de dessiner quelque chose. Et ils vous révéleront très exactement ce qu'ils savent sur la mort imminente de leur père ou de leur mère.

Je dis toujours - en ne plaisantant qu'à moitié, car je suis sérieuse sur ce sujet - que les seuls êtres sincères de cette planète sont les psychotiques, les jeunes enfants et les moutons. Et si vous utilisez ces trois classes d'êtres humains - et j'emploie le verbe "utiliser" dans un sens positif -, si vous apprenez à les écouter, à les écouter vraiment, ils vous enseigneront ce que nous appelons le langage symbolique.

Une personne élevée naturellement - je ne dis pas "normalement", car ce serait antinaturel au possible - ne devrait pas avoir à lire des traités sur la mort et l'agonie pour travailler avec des mourants. Non, elle devrait pouvoir apprendre par elle-même ce qu'elle doit faire comme je l'ai appris au Manhattan State Hospital.