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Critique de Denis_76


Alain, Charles, Caliban et Ramon sont quatre compagnons qui se retrouvent au cocktail de D'Ardelo. Charles, qui organise le cocktail, veut monter un spectacle de marionnettes sur Staline, Khrouchtchev et ses acolytes du Politburo. Alain pense aux nombrils comme zone érogène, et à sa mère enceinte qui a raté son suicide : elle ne voulait pas d'enfant. Charles pense à sa mère qui est un ange, mais elle est très malade. Caliban, acteur raté, parle un faux pakistanais pour se donner un genre, et parce qu'il est paranoïaque. Ramon veut voir l'exposition Chagall, mais déteste faire la queue. 

Ce petit roman de 2013 est écrit comme le thème qu'il défend : insignifiant ! Je l'ai traversé à toute vitesse, car c'est bien écrit, mais sans m'apercevoir, de prime abord, de quoi ça parlait vraiment, en profondeur. Milan Kundera, à l'opposé des classiques français du XIX è siècle, ne contextualise pas ses personnages : cela peut se passer dans n'importe quel pays, à n'importe quelle époque après Staline.
J'ai été obligé de le reprendre pour savoir de quoi il s'agissait. Je pensais que nous avions affaire à un roman léger, insignifiant.
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Mais je m'aperçois qu'on peut classer ce livre dans les contes philosophiques, car, bien que faisant l'éloge de l'insignifiance, il aborde des thèmes profonds :
peut-on voir Staline comme un être futile ?
qu'en est-il des Droits de l'Homme ?
et de la drague ? 
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1) Staline, vu d'abord comme "le grand héros de la vérité", est présenté en chasseur, sous un jour léger et insignifiant, alors que c'est le plus grand meurtrier du XX è siècle. Et ceci, dit Kundera, au nom de la volonté, stigmatisée par Schaupenhauer pour ordonner le chaos des "représentations individuelles" du monde. 
2) La mère de Charles lui parle dans ses pensées. Kundera présente ici la télépathie. Elle lui pose surtout ces questions : choisit-on sa laideur ? son sexe ? son siècle ? son pays ? sa mère ? Non, " Les Droits que peut avoir un humain ne concernent que des futilités". 
3 ) Les " râteaux" que se prennent Caliban, Ramon et D'Ardelo, vantards qui exposent leur savoir en société, montrent que la futilité de Quaquelique est plus efficace pour avoir une femme dans son lit. 
4) Pour D'Ardelo, "la France du passé est toujours vivante". Mais que reste t-il des reines de France, sinon des statues au Jardin du Luxembourg ? Là; Milan Kundera reprend un thème qui lui est cher dans " L'insoutenable légèreté de l'être ", à savoir que les grands hommes et grandes femmes du passé ont laissé des traces insignifiantes sur Terre, et le commun des mortel est carrément tombé dans l'oubli. 

Ce petit livre m'apparaît donc, à mots couverts, comme un message philosophique : nous ne sommes que des poussières d'étoiles, il n'est nul besoin de se prendre la tête : c'est la fête de l'insignifiance : )
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