AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bouteyalamer


L'auteur de l'ILE qui avait fasciné ma génération écrivait La lenteur, son premier roman en français, en faisant preuve d'une connaissance intime de notre langue et de notre littérature. En témoigne son ouverture sur Point de lendemain (voir la nouvelle de Vivant Denon dans Babelio) : « Et je pense à cet autre voyage de Paris vers un château de campagne, qui a eu lieu il y a plus de 200 ans, le voyage de Mme de T. et du jeune chevalier qui l'accompagnait. C'est la première fois qu'ils sont si près l'un de l'autre, et l'indicible ambiance sensuelle qui les entoure nait justement de la lenteur de la cadence : balancés par le mouvement du carrosse, les deux corps se touchent, d'abord à leur insu, puis à leur su, et l'histoire se noue ».

La lenteur est-elle un roman ? On y trouve l'art aristocratique d'une conversation lente et secrète, très dix-huitiémiste, une théorie du danseur, ce séducteur d'un public politique ou intellectuel (Baudelaire parlait d'histrion), l'illusion d'être élu, et encore le concept d'Actualité Historique Planétaire avec sa variante Sublime. Mais au milieu du roman le narrateur renoue avec le réel quand sa femme l'avertit : « Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention ». L'avertissement ne l'empêche pas d'écarter l'élégance ancien régime et le masque du moraliste pour bifurquer vers l'obscénité drolatique, et d'aménager la rencontre d'un misérable acteur de la comédie contemporaine avec le Chevalier anonyme de Denon. La lenteur est un roman.
Commenter  J’apprécie          131



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}