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Critique de Colchik


Les passionnés de cinéma connaissent le scénariste Hanif Kureishi pour My Beautiful Laundrette, ou encore Sammy et Rosie s'envoient en l'air. Cependant, il est aussi l'auteur de romans plus ou moins autobiographiques évoquant ses origines anglo-pakistanaises et l'intégration des immigrés dans la société britannique.
Shahid a quitté sa famille, propriétaire d'une agence de voyages dans le Kent, pour mener des études dans une université londonienne de seconde zone. Alors que son père, ancien médecin contraint à l'émigration, s'est voué à la réussite financière de l'entreprise familiale et que son frère Chili mène une vie de plaisirs, Sahid aspire à une autre existence où l'écriture pourrait avoir la première place. Mais la solitude lui pèse dans son nouveau cadre de vie et la médiocrité intellectuelle de ses congénères le plonge dans le désarroi. Quand son voisin à la résidence universitaire, Riaz, le prend d'autorité sous son aile, le voici qui plonge soudain dans un autre univers, celui des étudiants islamistes partis en croisade contre une société qu'ils jugent injuste, discriminante et pervertie dans ses valeurs.
Kureishi manie l'humour et la dérision pour dépeindre la dérive fondamentaliste des compagnons de Shahid. Si le sujet est grave – le roman se déroule en 1989, au moment où Salman Rushdie fait l'objet d'une fatwa pour son livre Les Versets Sataniques – son traitement est teinté de fausse naïveté et d'ironie. Plus la tension monte dans le groupe d'étudiants intégristes, plus l'absurdité de leur argumentation éclate jusqu'à l'inévitable passage à la violence. En contrepoint, le lecteur se délecte des failles de Sahid qui, malgré sa bonne volonté, est une bien piètre recrue pour ses nouveaux amis. D'autant qu'il est amoureux de sa prof de littérature, l'anticonformiste Deedee Osgood, grande pourfendeuse d'hypocrisie.
Étrangement, ce roman n'a pas pris une ride, car les travers qu'il dénonce sont toujours à l'oeuvre aujourd'hui : pauvreté de la réflexion, aveuglement du raisonnement, compromission de certains politiques à des fins électorales et gauchisme buté d'universitaires en manque de causes.
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