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Hanif Kureishi
Tout écrivain, s'il est un authentique artiste, est forcément diabolique - au sens où il dit ce qu'on n'est pas censé dire. Interview Nouvel Obs. 12/01/2014 |
Le premier livre officiel des Beatles depuis Anthology, et sans doute le dernier Ultime célébration et testament sublime. Janvier 1969. Lorsque les Beatles se réunissent pour enregistrer leur nouvel album, Get Back, ils sont dans une période de transition et de doute : George Harrison rentre de New York où il a travaillé main dans la main avec Bob Dylan, Paul McCartney est dans son histoire d'amour naissante avec Linda Eastman, John Lennon est inséparable de Yoko Ono, sa partenaire à la ville comme à la scène. L'enregistrement de « L'Album blanc », en 1968, a divisé le groupe, et la disparition de leur mentor à tous, « M. Epstein », a laissé un grand vide. Pourtant, c'est dans cette atmosphère étrange, tandis qu'ils repartent à la source de leur art, que les Beatles vont composer quelques-unes des leurs plus belles chansons, cultes dès leur sortie. Pendant un mois, Michael Lindsay-Hogg enregistre les sessions studio des Beatles, de Twickenham à Savile Row, en vue d'une émission spéciale en mondovision et d'un live, qui sera le mythique concert sur le toit, au sommet de l'immeuble d'Apple Corps. le montage qui a été fait de ses prises de vues dans le documentaire Let it be, sorti après la scission du groupe en avril 1970, mettait volontairement l'accent sur l'aspect dépressif, chaotique, du processus créatif. Or, c'est justement ce que ce livre et le documentaire qui l'accompagne vient nuancer, sinon de contredire, comme l'écrit Peter Jackson dans sa préface : « La véritable essence des séances de Get Back est contenue dans ces pages : il suffit de compter le nombre de fois où la mention rires est indiquée entre parenthèses. » Hanif Kureishi, renchérit : « le résultat de toutes ces blagues, de ce travail incessant et de ces disputes, c'est un final fabuleux. La séance live sur le toit de l'immeuble qui se déroule à la fin du mois de janvier 1969, et en février de la même année, les Beatles qui se mettent allègrement à travailler à ce chef-d'oeuvre qui se révélera être Abbey Road. » Grâce à ces archives enfin restaurées et révélées au grand public, tous les fans des Fab Four ont le privilège d'entrer en studio pour assister aux premiers brouillons, aux erreurs, à la dérive de chacun et aux digressions de tous, à l'ennui, à l'excitation, au brouillage joyeux et aux percées soudaines D'assister au crépuscule superbe de leurs idoles.
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Hanif Kureishi
Tout écrivain, s'il est un authentique artiste, est forcément diabolique - au sens où il dit ce qu'on n'est pas censé dire. Interview Nouvel Obs. 12/01/2014 |
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Intimité de Hanif Kureishi
Après un certain âge, le sexe perd de sa banalité. Je ne pourrais plus demander aussi peu. Poser la main sur le corps d'autrui, - approcher sa bouche d'une autre bouche-- quel engagement ! Choisir quelqu'un, c'est découvrir toute une vie. Et c'est l'inviter à vous découvrir ! (p. 25)
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L'air de rien de Hanif Kureishi
– Si tu veux en savoir plus sur ses différentes qualités… – Je n’ai jamais été aussi impatient. – Eh bien, Eddie est connu pour être un cunnilinguiste extraordinaire. C’est le Jacques Cousteau du ramonage de berlingot. Il peut se tenir à la tâche pendant des heures sans reprendre son souffle. Mais il lui a donné quelques morpions en prime. – Quelle est sa technique avec les femmes ? – Il leur vend de l’avenir. De l’espoir. Il leur répète à quel point elles sont belles, intelligentes. Il leur dit qu’ils iront vivre à New York ou à Rio. Ils se lanceront dans les affaires. Ils se mitonneront des petits plats, se diront des petits mots doux et se feront des petits câlins jusqu’à la fin de leurs jours. – Les gens sont si faciles à berner ? – Ils fuient la vérité comme ils fuient Ebola. Je n’ai pas besoin de te le rappeler. |
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L'air de rien de Hanif Kureishi
J’ai aussi compris que la transgression elle-même définit les règles qu’elle cherche à contourner. Il n’y a rien qui renforce autant la norme que les conduites déviantes.
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Intimité de Hanif Kureishi
Maintenant, j'ai sans doute envie d'être loyal envers autre chose. Ou quelqu'un d'autre. Oui: envers moi-même. (p.47)
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L'air de rien de Hanif Kureishi
La sexualité, c’est comme l’art : si vous savez ce que vous faites, c’est que foncièrement, vous n’en savez rien.
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Intimité de Hanif Kureishi
J'ai besoin que chaque jour il se passe quelque chose qui représente une sorte de progrès ou d'accumulation. Je ne supporte pas que la vie ralentisse, que l'intensité décline. Mais j'accueillerais volontiers une période de calme. J'y aspire, dans un avenir lointain. (p. 139)
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Intimité de Hanif Kureishi
Nous commençons dans l'amour et nous sommes prêts à affronter de nombreux ennuis pour demeurer dans cette condition pendant le restant de nos jours. N'est-ce pas l'état dans lequel les hommes et les femmes ont le plus de chance de s'épanouir ? Alors les gens se surpassent: les sadiques deviennent plus doux, les banquiers plus généreux, les coroners jouissent de la vie, même les bookmakers deviennent sympathiques. Et là-bas, ce soir, dans cette ville merdeuse et vrombissante, il y a , j'en suis certain, quelqu'un qui m'aime. (p.110)
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Intimité de Hanif Kureishi
Je vais me jeter sur les autres, sans la moindre retenue. Je ne compte pas tergiverser à la lisière de l'existence. (p.82)
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Quelque chose à te dire de Hanif Kureishi
Je suis psychanalyste ; ou, pour le dire autrement, je suis un décrypteur d’esprits et de signes. Il arrive également qu’on m’appelle dépanneur, guérisseur, enquêteur, serrurier, fouille-merde ou, carrément, charlatan, voire imposteur. Tel un mécanicien allongé sous une voiture, je m’occupe de tout ce qui se trouve sous le capot, sous l’histoire officielle : fantasmes, souhaits, mensonges, rêves, cauchemars – le monde qui se cache sous le monde, le vrai sous le faux. Je prends donc au sérieux les trucs les plus bizarres, les plus insaisissables; je vais là où le langage n’a pas accès, là où il s’arrête, aux limites de l’«indicible» – et tôt le matin, qui plus est. Tout en mettant d’autres mots sur la souffrance, j’apprends comment le désir et la culpabilité perturbent et terrorisent les gens, je découvre les mystères qui consument l’esprit, déforment le corps ou, parfois, le mutilent, j’observe les blessures de l’expérience, rouvertes pour le bien d’une âme en pleine refonte. Au plus profond d’eux-mêmes, les gens sont plus fous qu’ils ne veulent bien le croire. Vous constatez qu’ils ont peur d’être dévorés et que leur propre envie de dévorer les autres les inquiète. Dans les cas les plus courants,ils imaginent aussi qu’ils vont exploser ou imploser, se dissoudre ou se faire posséder. Leur vie quotidienne est hantée par la peur que leur relation amoureuse puisse impliquer, entre autres choses, des échanges d’urine et d’excréments. Bien avant tout cela, j’adorais déjà les ragots – qualité indispensable pour ce genre d’activité. Aujourd’hui, j’en ai pour mon compte. C’est un fleuve d’immondices qui se déverse en moi, jour après jour, année après année. Comme beaucoup de modernistes, Freud s’intéressait tout particulièrement aux détritus : on pourrait dire qu’il est le premier artiste du «reste», dans la mesure où il trouvait du sens à ce qui est habituellement laissé de côté. Sale boulot que de plonger au cœur de l’humain. En ce moment, il y a quelque chose de nouveau dans ma vie. C’est une sorte d’inceste, mais qui aurait pu penser que cela arriverait un jour ? Ma grande sœur, Miriam, et mon meilleur ami, Henry, sont tombés fous amoureux. Et chacune de nos existences se trouve perturbée, bouleversée même, par cette invraisemblable liaison. + Lire la suite |
Quel est le sous-titre du roman ?