La dépression
J’ai l’impression d’être en enfer. Je me lève le matin avec la peur de voir venir quelqu’un m’annoncer la mort d’une autre personne. D’entendre l’explosion d’un enfant sur la place du marché. De devoir retirer les balles du corps d’une personne qui essayait simplement de survivre. J’ai toujours cette même boule au ventre. Celle qui compresse tellement mes boyaux que je n’arrive pas à me lever. Plus j’y pense, plus je me dis que ça ne s’arrêtera jamais.
Puis, tu n’es pas là. Personne ne m’aide à respirer comme tu le fais. Personne n’arrive à me donner la foi. A me faire croire que ce n’est pas fini. Qu’il y a encore de l’espoir. Que l’on peut s’en sortit. Tu étais le seul à pouvoir me faire relativiser. Ma lueur d’espoir dans un monde où l’espérance n’a plus sa place. Tu m’as aidée à nettoyer les traces matérielles de ces horreurs. Et tu m’as appris à vivre avec des cicatrices qui ne s’effaceront jamais.
Tu n’étais pas juste une héros, Austin. Tu étais le mien
Les hommes aiment les femmes comme ils aiment les bons gâteaux. Et tu sais comment sont les gâteaux, n’est-ce pas ? Délicieusement moelleux, riches en sucre et en bons ingrédients. En bref, ils sont bons parce qu’ils sont faits avec amour.
Si nous nous devons d’accompagner les associations humanitaires dans leur mission, la tâche devient de plus en plus difficile à réaliser. Les bénévoles sont souvent ingérables et cherchent à en faire le plus possible tout en se mettant en danger. Et ça bien sûr, sans notre autorisation. Ils nous défient dès qu’ils le peuvent. Ce sont des bombes à retardement. Ces gens-là n’ont pas la même connaissance du terrain que nous et n’ont pas la moindre idée des risques encourus dans cette zone. D’où le surnom que nous leur donnons : « les illuminés ».
Puis, tu n'es pas là. Personne ne m'aide à respirer comme tu le fais. Personne n'arrive à me redonner la foi. À me faire croire que ce n'est pas fini. Qu'il y a encore de l'espoir. Que l'on peut s'an sortir. Tu étais le seul à pouvoir me faire relativiser. Ma lueur d'espoir dans un monde où l'espérance n'a plus sa place. Tu m'as aidée à nettoyer les traces matérielles de ces horreurs. Et tu m'as appris à vivre avec des cicatrices qui ne s'effaceront jamais.
Aujourd'hui, je n'arrive plus à démêler le vrai du faux. C'est pour ça que je n'en parle jamais. Si tout ce que je racontais était faux? Si c'était simplement le fruit de mon imagination? Ou si, au contraire, c'était vrai? Certains détails m'ont marquée plus que d'autres. Mon esprit a suivi le même raisonnement que mes parents. Il s'est barricadé, protégé comme il a pu. Le traumatisme était trop gros. Alors il en a effacé certains morceaux.
Il ne me connaît pas. Personne ne me connaît. Je préfère qu'il me déteste. C'est plus facile quand les gens vous détestent. Ils ne cherchent pas à vous comprendre. Ils n'ont pas envie de vous parler et ils n'essaient surtout pas de vous aider.
Ne pas devenir le poids lourd de quelqu'un. Jamais.
Être vivant c’est accepter d’être anéanti. C’est tolérer la souffrance à l’extrême. Et j’avais besoin de ça. J’avais besoin d’être là et de regarder le corps de ce petit bonhomme pour comprendre. Laisser la douleur me submerger pour me rappeler que je suis bien là, que je suis bien vivante.
J’ai toujours détesté les faux-semblants. Les gens qui prétendent pouvoir vous aider en vous demandant continuellement si ça va. J’ai eu les doigts plantés dans un cadavre pendant des heures.
Contrairement à ce que vous pensez, les enfants ne pardonnent pas tout. Ils ne font pas toujours abstraction du mal que vous leur faites. Moi, je n’ai pas pardonné.