Les fables où les hommes sont travestis en animaux mettent en relief les relations humaines au sein d'un monde où règne l'injustice, les conflits d'intérêts : la Cour du Roi, où chacun se prend d'ambition comme nous le dit La Fontaine dans « Le berger et le roi ». L'amitié se fait difficilement, lorsque l'orgueil, l'amour-propre, nuit à autrui. « Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose. Rien n'est plus commun que ce nom ; Rien n'est plus rare que la chose. ». La Fontaine, dans la fable XVII du livre IV, « Parole de Socrate » met en scène le philosophe antique et en fait le porte-parole de la sagesse, afin de nous mettre en garde contre les personnes qui se réclament être des amis, sans l'être. La Fontaine nous demande de ne pas nous fier aux apparences, de nous écarter des faux-semblants. Les courtisans, au sein de la Cour de Louis XIV, se présentent comme des amis, alors qu'ils n'agissent le plus souvent que par intérêt. Les amitiés sont souvent feintes ; par conséquent les relations se font et se défont, l'ami peut même devenir un ennemi. Il y a trahison lorsque la relation n'est pas sincère. En effet, l'amitié n'est qu'apparence dans la fable XXII tirée du livre VIII « Le chat et le rat » qui nous présente une relation semblable . La Fontaine, de manière ironique, aux vers 13 et 14 nous rappelle que le chat emprisonné dans les rets, est le « mortel ennemi » du rat. Le chat, pour se tirer d'affaire, appelle le rongeur à l'aide avec cette apostrophe : « Cher ami » ; le chat est au vers 41 qualifié d'hypocrite. La Fontaine insiste sur la perfidie de l'animal qui caresse le rongeur de ses propos afin de l'attirer à lui ; il serait d'ailleurs sans doute prêt à manger son bienfaiteur. Le rat lui apporte son aide, en vue des circonstances mais il s'éloigne cependant, et nous donne la morale de la fable : « S'assure-t-on sur l'alliance Qu'a faite la nécessité ? » L'amitié, l'amour, ne sont pas que des passions, des sentiments, puisque leur analyse permet d'accéder au domaine de la raison. L'amitié sert aussi une réflexion éthique ; puisqu'il s'agit comme nous le dit Aristote de trouver en quoi l'ami peut se rendre utile ; en quoi il sert à la fois d'agrément, tout en servant la vertu : ainsi décrit-il les différents stades de l'amitié dans l'Éthique à Nicomaque. Les Fables apparaissent comme diverses variations du rapport à l'autre. Il s'interroge sur le statut d'autrui, capable de susciter souffrances et jouissances. Il s'agit d'appeler à la défiance nécessaire à toute relation au sein de la cour ; il apporte aussi une réflexion éthique et politique à travers le cycle des amis et des amants puisqu'il nous propose dans certaines fables la vision d'une société idéale.
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Pour s'enrichir sur bien des plans...
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Chaque fable est un miracle.
Si vous apprenez une fable (c'est la moindre des choses) et que vous essayez de la réciter ou de vous la réciter, il arrive que vous remplaciez involontairement un mot par un autre... Et là vous cessez immédiatement de réciter. Vous réfléchissez, retrouvez le mot "juste" et là vous êtes ébloui; car un seul mot, un seul dont vous comprenez dès lors pourquoi il avait été élu, un seul convient.
Quoi ? La cigale et la fourmi ! Peut-être ! Mais si vous lisez le savetier et le financier, vous comprendrez pourquoi la fourmi devait mal dormir. Pourquoi, coûte que coûte, il faut chanter.
Les deux pigeons contiennent ces deux vers :
"Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau
toujours divers toujours nouveau"
Peut-on mieux parler d'aimer ?
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La cigale ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. Qui ne connait pas cet auteur et ses fables, sûrement étudiées dès le plus jeune âge, offrant une image a ceux qui font leurs devoirs.
Mine de rien, je m'en souvenais de quelques-unes malgré les 20 ans qui me sépare de ma première lecture, beaucoup d'entre elles m'étaient inconnues, souvent celles qui se comprennent mieux à l'âge adulte.
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C'est un livre qui a bercé mon enfance, chaque fable était comme un conte pour moi et je n'ai pas cessé de les relire.
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