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Citations sur Oeuvres complètes - Seuil (3)

LE RENARD ET L'ÉCUREUIL


Il ne se faut jamais moquer des misérables,

Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?

Le sage Ésope dans ses fables

Nous en donne un exemple ou deux ;

Je ne les cite point, et certaine chronique

M'en fournit un plus authentique.

Le Renard se moquait un jour de l'Écureuil

Qu'il voyait assailli d'une forte tempête :

Te voilà, disait-il, près d'entrer au cercueil

Et de ta queue en vain tu te couvres la tête.

Plus tu t'es approché du faîte,

Plus l'orage te trouve en butte à tous ses coups .

Tu cherchais les lieux hauts et voisins de la foudre :

Voilà ce qui t'en prend ; moi qui cherche des trous,

Je ris, en attendant que tu sois mis en poudre.

Tandis qu'ainsi le Renard se gabait,

Il prenait maint pauvre poulet

Au gobet ;

Lorsque l'ire du Ciel à l'Écureuil pardonne :

Il n'éclaire plus, ni ne tonne ;

L'orage cesse ; et le beau temps venu

Un chasseur ayant aperçu

Le train de ce Renard autour de sa tanière :

" Tu paieras, dit-il, mes poulets. "

Aussitôt nombre de bassets

Vous fait déloger le compère.

L'Écureuil l'aperçoit qui fuit

Devant la meute qui le suit.

Ce plaisir ne lui dure guère,

Car bientôt il le voit aux portes du trépas.

Il le voit ; mais il n'en rit pas,

Instruit par sa propre misère.
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La raison d'ordinaire n'habite pas longtemps chez les gens séquestrés.
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Le Songe d’un habitant du Mogol

Un certain Mogol vit en songe un Vizir
Aux champs Elysiens possesseur d’un plaisir
Aussi pur qu’infini, tant en prix qu’en durée;
Le même songeur vit en une autre contrée
Un Ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l’ordinaire:
Minos en ces deux morts semblait s’être mépris.
Le dormeur s’éveilla, tant il en fut surpris.
Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère,
Il se fit expliquer l’affaire.
L’interprète lui dit: Ne vous étonnez point;
Votre songe a du sens; et, si j’ai sur ce point
Acquis tant soit peu d’habitude,
C’est un avis des Dieux. Pendant l’humain séjour,
Ce Vizir quelquefois cherchait la solitude;
Cet Ermite aux Vizirs allait faire sa cour.
Si J’osais ajouter au mot de l’interprète,
J’inspirerais ici l’amour de la retraite:
Elle offre à ses amants des biens sans embarras,
Biens purs, présents du Ciel, qui naissent sous les pas.
Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais?
Oh! qui m’arrêtera sous vos sombres asiles!
Quand pourront les neuf Soeurs, loin des cours et des villes,
M’occuper tout entier, et m’apprendre des Cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes
Par qui sont nos destins et nos moeurs différentes!
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets!
Que je peigne en mes Vers quelque rive fleurie!
La Parque à filets d’or n’ourdira point ma vie;
Je ne dormirai point sous de riches lambris;
Mais voit-on que le somme en perde de son prix?
En est-il moins profond, et moins plein de délices?
Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices.
Quand le moment viendra d’aller trouver les morts,
J’aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords.
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